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Le temps d’une course, les usagers du grand marché Dantokpa à Cotonou peuvent rentrer avec une tenue cousue sur place. A la découverte de la couture rapide…
A Dantopka, entre les étals de pagnes et les allées encombrées de la boutique ‘’Singbodji’’ non loin des berges du lac Nokoué, se trouve le secteur des couturiers. Ceux-ci transforment, le temps d’une course, un simple tissu en tenue complète. « Si le client est pressé, en une heure, il repart avec un bomba (tenue locale, Ndlr) cousu sur place », explique Raïmi, un maître-couturier assisté de trois apprentis dans un atelier où le bruit de la radio couvre à peine le martèlement des aiguilles de machines.
Dénise Danton, surnommée la fille aînée de Olowo, une maîtresse-couturière du secteur, reçoit également ce genre de commande. « Les gens viennent avec leur tissu ou l’achètent ici (marché Dantokpa, Ndlr). Ils attendent dans le marché, puis passent récupérer leur habit fini », explique-t-elle penchée sur un boubou dame à livrer dans 1h de temps. Elle coud également des tenues françaises en mode rapide livrables 2 à 3 h après la commande.
Albert Djotchou, président du secteur couturiers du Parc Auto 2, abonde dans ce sens. Il a vu passer des dizaines de clients par jour, certains venus d’Abidjan ou de Libreville, pour des commandes express massives.
Mais cette rapidité a un prix. Un supplément de 1 000 à 1 500 FCFA est souvent exigé pour une couture express. « Le client paie 2 500 FCFA pour un bomba lorsqu’il est pressé. Il peut débourser 4 000 à 5 000 FCFA pour la main-d’œuvre selon la tenue française commandée », révèle Noël Yegnon.
Le tarif ‘’express’’ n’est souvent pas appliqué aux anciens clients, dans le souci de fidéliser ceux-ci, nuance une couturière.
Une pression constante sur les épaules
Si une commande express arrive, le jeune couturier Noël Yegnon met tout en pause. « Je pose ce que je fais, je prends la commande urgente et je fonce si c’est bien payé ».
Cette course contre la montre n’est pas sans conséquences. « Quand on accepte une commande express, on laisse d’autres clients en attente. Certains se fâchent. Il faut jongler, s’excuser, rassurer… », confie Dénise.
Les artisans couturiers font également face à la crise économique. « Avant, des étrangers commandaient jusqu’à 30 complets d’un coup. Maintenant, c’est rare. Les clients étrangers se font rare. La crise est passée par là », se désole Albert Djoctchou. La multiplication d’intermédiaires dans le marché complique aussi la tâche. Ces « rabatteurs » détournent les clients des ateliers habituels. Un vrai casse-tête pour les artisans établis.
Malgré les difficultés, tous les artisans sont unanimes : le métier de couturier nourrit son homme.
Raïmi a pu subvenir aux besoins de sa famille, payer son loyer et même mettre un peu d’argnt de côté. Albert a construit sa maison grâce à son métier de couturier.
Marc MENSAH