A l’allure où vont les choses, on tend vers l’utilisation obligatoire d’une liste ad’hoc pour l’organisation des prochaines élections, car la liste électorale permanente informatisée (Lépi), tant souhaitée par toutes chapelles politiques, est dans l’impasse. Cette solution alternative qui se profile à l’horizon, ne restera pas sans conséquences préjudiciables pour la démocratie béninoise.
« Quand on n’a pas les moyens de sa politique, on fait la politique de ses moyens… », a dit le Professeur Albert Tévoédjrè, au lendemain de la conférence des forces vives de la Nation de février 1990. Il expliquait qu’il faut faire avec ce qu’on a, quand on n’a pas ce que l’on désire. Cette assertion vient à l’esprit en raison des difficultés que connaît l’établissement de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) que le peuple béninois attend avec ferveur pour la crédibilité des élections. Les problèmes pour sa confection sont multiples et multiformes.
Le coût élevé des travaux donne de l’insomnie au Gouvernement. Le Conseil d’orientation et de supervision (Cos/Lépi), après avoir encaissé près de 9 milliards de francs Cfa, réclame encore 08 milliards Cfa au grand étonnement du Gouvernement. L’Honorable Sacca Lafia et son équipe conditionnent l’achèvement de la correction de la Lépi au déblocage dans les meilleurs délais de cette bagatelle somme d’argent. Or, par le passé, il a fallu les dénonciations et cris d’alarme du président du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji et d’autres acteurs politiques nationaux pour faire plier le Chef de l’Etat.
Aujourd’hui, est-ce que le régime du Président Boni Yayi peut débloquer les 08 milliards restants ? En plus de cela, techniquement, on est loin d’une Lépi fiable. La visite du centre national de traitement par le ministre chargé des Relations avec les institutions, la semaine écoulée, a permis de constater que tous les citoyens, ayant été enregistrés lors de l’audit participatif, n’ont pas retrouvé leurs noms dans la Lépi en cours de confection. Ce qui donnera lieu à des réclamations et contestations de toutes sortes.
A cette allure, la probabilité est faible pour qu’on ait une Lépi pour organiser les prochaines élections. Si pour les communales, municipales et locales, il n’y a pas assez d’inquiétudes à cause de la prorogation du mandat des maires, il y aura de l’étincelle dans l’air avec le report des élections législatives surtout constitutionnelles, car il est écrit dans la Constitution béninoise que les députés ont un mandat de 04 ans. C’est dire qu’il n’est pas possible de proroger le mandat des représentants du peuple sans opérer un coup constitutionnel. Alors, à défaut d’une Lépi, on ne peut qu’avoir une liste ad’hoc pour sauver les meubles.
Là, on revient à la liste manuelle, car quand on ne sait pas là où on va, on sait d’où l’on vient. C’est cela qui se profile à l’horizon comme l’avait souhaité le Prd pour sortir la démocratie béninoise de l’impasse. Pour y arriver, l’Assemblée nationale doit prendre ses responsabilités pour abroger la loi portant obligation d’utilisation de la Lépi aux élections. Il faut que toutes les tendances politiques à l’Assemblée nationale, éprises de paix, réfléchissent à la liste ad’hoc qui se révèle de plus en plus obligatoire. Comme quoi, la démocratie béninoise est menacée, si rien n’est fait pour organiser les élections.
Paul Tonon
www.24haubenin.info ; L’information en temps réel
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel
22 octobre 2014 par Judicaël ZOHOUN