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Selon le ministre des finances, Komi Koutché, le Bénin et les Pays-Bas continuent de coopérer. « La coopération n’est pas encore suspendue », a-t-il déclaré hier face à la presse. Lire un extrait de son propos.
« Il a été relayé la probable suspension par les Pays-Bas de leur aide au Bénin au motif que dans le cadre du Programme pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et à l’assainissement géré par le ministère de l’Economie et des finances, en ce qui concerne la composante Eau en milieu rural, a fait l’objet de quelques malversations. Je voudrais d’abord vous dire que la coopération n’est pas encore suspendue. Les Pays-Bas ont certainement tiré la sonnette d’alarme après ce que nous appelons audit régulier annuel. En effet, dans le cadre de la coopération avec les Pays-Bas sur ces différents projets, contractuellement chaque année, il doit y avoir un audit par un cabinet recruté de commun accord par le gouvernement béninois et les Pays-Bas. Il s’est fait que pour cet audit au titre de l’année 2014, en ce qui concerne la composante Eau en milieu rural, des défauts de gouvernance ont été relevés.
Le premier des constats qu’il faut faire, c’est que dans le cadre des audits normaux que nos différents partenaires ont l’habitude de faire, lorsque le rapport est fait, il y a un processus de validation. Et quand il y a des écarts, les deux parties se retrouvent pour s’entendre avant d’aller de l’avant. Ce même processus a été suivi avec nos collaborateurs. Mais l’étape à laquelle, les hautes autorités des deux parties se retrouvent pour apprécier le contenu du rapport n’a pas été cette fois-ci de mise. Et ce matin, lors d’une audience avec le président de la République, l’ambassadeur des Pays-Bas a dit que selon la partie néerlandaise, les situations étaient telles qu’il fallait immédiatement informer sa base. Nous avons déploré le fait parce que dans la convention avec les Pays-Bas, il était clairement dit qu’avant toute dénonciation, le ministre de l’Economie et des finances que je suis et le ministre compétent de la partie néerlandaise devraient s’accorder. Je voudrais vous dire que ce rapport met la main sur deux formes de défauts.
Le premier, c’est ce qu’on pourrait appeler détournement d’objets de crédits. Il a été constaté selon ce rapport dont nous n’avons pas encore le contenu que des opérations ont été menées sans qu’elles ne soient expressément inscrites au niveau du Plan de travail annuel. Dans le jargon vulgaire, ça s’appelle détournement d’objets de crédits. Cela ne veut pas dire que les intéressés, a priori, ont mis de l’argent dans leurs poches. Mais il y a certainement de fausses notes dans la gouvernance parce que lorsque vous vous entendez avec un bailleur avant de changer toute forme d’activité, il faut d’abord avoir son avis. La deuxième forme de défaut révélée par ce rapport, c’est que la partie néerlandaise pense qu’au regard de ce rapport, certaines opérations de marché public n’ont pas été régulières.
On n’a pas encore ce rapport pour pouvoir en apprécier la pertinence. Au regard de tout ça après un compte-rendu que l’ambassadeur des Pays-Bas a eu à faire à sa hiérarchie, ladite hiérarchie a pris des mesures allant dans le sens de l’avertissement du Bénin de la suspension probable de la coopération si des mesures ne sont pas prises. Face à cette situation qui a fait l’objet d’une actualité abondante, le Chef de l’Etat qui tout comme moi-même, n’a été informé de la situation qu’hier (mercredi 06 mai 2015, Ndlr) grâce à une lettre que notre ambassadeur à Bruxelles nous a envoyée, a convoqué une réunion express ce matin pour pouvoir apprécier la situation. Je dois rappeler que par le passé, nous avions connu une situation du genre avec les Pays-Bas par rapport à la Soneb dans le cadre d’un projet. Mais sur cette question, nous avons eu le rapport sur lequel les deux parties ont travaillé.
La partie béninoise a apporté les clarifications qu’il fallait et nous nous sommes entendus. Cette position a été confortée par la suite par la Banque européenne d’investissement qui était également impliquée dans ledit projet. Sur ce cas, il n’y avait plus de problèmes. Mais pour ce qui concerne la composante Eau en milieu rural de Ppea, le processus n’a pas été le même parce que le gouvernement béninois n’a pas connu du contenu du rapport pour apporter ses observations éventuelles. L’ambassadeur nous a dit ce matin que les cadres impliqués dans le projet ont suivi le processus de validation du rapport. Je dois préciser que j’interviens en tant que ministre de l’Economie et des finances parce que le ministère reste la porte d’entrée des financements extérieurs…L’avertissement donnée par la partie néerlandaise demandait entre autres au gouvernement béninois de prendre des mesures pouvant lui permettre de se rendre compte que des dispositions seront prises pour pouvoir prévenir cela dans le futur.
Ce matin quand le Chef de l’Etat a convoqué la réunion, la première des mesures prises en attendant que le gouvernement prenne des dispositions qu’il faut, c’était de demander à tous les techniciens qui travaillaient sur ce projet-là d’aller faire une confrontation la Brigade économique et financière. Pourquoi une confrontation ? Les cadres du ministère de l’Energie qui travaillaient sur le projet ont dit qu’ils ont eu des éléments de réponse qu’ils devraient transmettre au cabinet d’audit mais le cabinet n’a pas cru devoir les prendre avant de fournir son rapport. Le cabinet disait également qu’il avait donné un délai dans lequel il fallait fournir ces éléments.
Ça veut dire que le ministère chargé de l’Eau n’a pas fait les diligences nécessaires. Selon le ministère, ces diligences ont été faites mais dans un agenda qui n’était pas celui du cabinet. Le Chef de l’Etat a alors dit que pour des mesures conservatoires, il fallait que le cabinet et les techniciens du ministère de l’Energie et de l’eau puissent se retrouver devant un arbitre constitué de l’Inspection générale des finances et de la Brigade économique et financière pour faire le rapprochement. Mais la mesure forte qui est attendue de la part des Pays-Bas, c’est le recrutement d’un cabinet international pour faire un audit indépendant…"
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