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Monsieur le Représentant Résident du PAM au Bénin. Chaque 1er mars, on célèbre l’alimentation scolaire au niveau africain. Dites-nous quelle est la signification cette journée ?
Guy ADOUA : Le mois de mars est généralement reconnu comme le mois de la femme et qui dit femme, dit enfant et qui dit l’enfant, dit école et qui dit école, dit alimentation.
Il y a donc un lien entre tous ces événements. Je dirai que l’alimentation scolaire à tout son sens parce que s’il y a 4 ans, les chefs d’États d’Afrique ont décidé d’instituer le 1er mars , Journée de l’alimentation scolaire en Afrique, c’est surtout pour donner un sens à l’alimentation scolaire. C’est pour s’assurer que les enfants qui constituent notre futur ont tout ce qu’il faut dès leur jeune âge, dès l’instant qu’ils vont à l’école pour se ressourcer et être de véritables générations qui vont remplacer les générations actuelles. C’est dans ce sens qu’on a pensé que l’alimentation qui était l’un des éléments à prendre en compte pour s’assurer que les enfants seront en train de bien se préparer à leur futures responsabilités.
Quels sont les problèmes observés au niveau des écoles et qui ont conduit les dirigeants africains à instituer cette journée ?
Au moment des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), on n’a fait un petit état des lieux. Et la plupart des pays n’ont pas atteint le millénaire de développement en rapport avec l’éducation surtout l’éducation pour tous. Et l’une des raisons, c’était qu’on arrivait pas à maintenir les enfants à l’école. Et si on arrivait pas à maintenir les enfants à l’école, il y avait d’autres facteurs dont celui lié à l’alimentation. On peut dire ce mois-ci je n’ai pas d’habits à acheter je vais attendre le mois prochain. Mais se nourrir non. On ne peut pas dire je ne vais pas manger je vais attendre le mois prochain. Donc se nourrir, c’est comme un droit et une obligation et ça, il faut le faire tous les jours. Mais si on mange, ce n’est pas juste pour manger. C’est plutôt pour être capable de se concentrer et faire un certain nombre d’activités. Et ici, nous parlons de l’école et un enfant qui n’est pas concentré à l’école, un enfant qui n’a pas bien mangé, un enfant qui n’a pas pu mettre quelque chose sous la langue, ne fera que dormir à l’école car il n’aura pas tout ce qu’il faut pour se concentrer et donner des résultats. C’est donc fort de ce constat que les chefs d’États ont pensé qu’il fallait encourager les programmes d’alimentation scolaire pour assurer au moins aux enfants un repas à l’école, pour les tirer à l’école mais aussi pour qu’ils soient concentrés pour suivre le cours dans de meilleures conditions. Voilà les raisons qui sous-tendent cet engagement fort dont nous sommes à la 4ème édition cette journée.
Qu’est-ce qui a pu évoluer depuis la première édition ?
Vous allez remarquer que les thèmes sont restés autour de la production locale au fil des années. Ce qui a pu évoluer, c’est la prise de conscience. On observe de plus en plus des initiatives visant à renforcer la production agricole pour pouvoir financer les programmes de cantines scolaire aujourd’hui. Il y a des initiatives de jardins autour des écoles y compris la pisciculture pour apporter les protéines animales afin d’essayer de varier ce que le PAM apporte. Car le PAM a un panier composé de céréales, de légumineuses, de l’huile, de sel mais il faut aussi de temps en temps des protéines animales. C’est d’ailleurs ces initiatives et expériences qui ont permis à l’école primaire publique d’Agbodjèdo, dans les Aguégués d’être récompensée lors des festivités officielles de la 4ème édition de la JAAS à Toffo, jeudi dernier. Il y a également des initiatives allant même à développer des petits programmes d’élevage de volailles, de production des œufs autour des écoles. Aussi, a-t-on vu à l’extérieur des écoles, des initiatives de grands champs communautaires pour appuyer le programme. Ce sont entre autres les évolutions qu’on a pu observer. Il y a 4, 5 ou 10 ans, on en parlait pas. Les vivres étaient achetés. Quelque fois, ils venaient de l’extérieur. Mais de plus en plus, on est en train d’encourager la production agricole locale, et en faisant de cette manière, on essaie d’entraîner aussi dans le programme la communauté, les paysans et les producteurs pour faire de ce programme un véritable programme intégré, c’est à dire joindre et associer les autres couches. L’évolution qui a été notée aussi est que hier était juste une histoire d’école, des enseignants, du PAM et ça se limitait là. Mais aujourd’hui, c’est toute la communauté entière. Les parents d’élèves et les associations aussi s’investissent désormais pour produire et alimenter les programmes. Cela voudrait dire qu’il y a une prise de conscience avec comme impact un niveau de contribution de la communauté qui devient de plus en plus considérable.
Le jeudi 7 mars 2019, à l’occasion de la cérémonie officielle de la célébration de l’édition 2019 de la JAAS, le Pam a procédé à une remise officielle de motos aux agents de suivi programme sur le terrain. Quel en est le but visé ?
J’ai toujours dit et mes collègues peuvent peut-être confirmer que notre travail ce n’est pas ici au bureau. Au bureau, c’est juste mettre en place des stratégies qu’il faut aller appliquer sur le terrain. Nous avons besoin d’être beaucoup plus proches des écoles pour nous assurer que le Programme fonctionne bien. Qu’il y a tout ce qu’il faut, les vivres sont là en bon état, dans de bonnes conditions ; que les gens qui préparent sont là, qu’il y a des fiches qui sont là et qui sont suivies au jour le jour. Alors le sens de ces motos, c’est pour s’assurer de la présence de tous les acteurs sur le terrain, d’être plus proches et plus mobiles des écoles. Être en mesure d’aller discuter avec les communautés, discuter avec les parents, discuter avec les élèves, discuter avec les enseignants, discuter avec les transporteurs pour s’assurer que tout se passe bien. C’est ça qui est l’objectif. L’objectif ce n’est pas tout ce que nous faisons ici au bureau. C’est le travail sur le terrain. Quand le travail sur le terrain fonctionne bien, on a toute les garanties que le Programme va aller plus loin. Avec une moto, on peut visiter facilement 5, 10,15 écoles, dans la journée et s’assurer que tout se passe bien. Donc les motos dont l’échantillon a été présenté jeudi dernier, c’est juste pour dire que nous passons de plus de 1500 écoles à plus de 3000 et bientôt 4000 écoles. Il faut donc réfléchir sur comment mettre les moyens en place pour être présent sur le terrain. Car, plus le nombre d’écoles est croissant, plus on doit réfléchir pour ne pas laisser une seule école de côté. Donc, nous avons acheté ces motos. Nous allons aussi doter ces motos à certaines structures qui nous accompagnent dans le suivi programme sur le terrain.
Avez-vous des projets innovants dans le cadre du programme national alimentaire scolaire intégré ?
Oui beaucoup. Actuellement, nous sommes en train de développer un mécanisme de gestion de plaintes. C’est à dire qu’on va arriver à obtenir un numéro vert gratuit qui devrait permettre aux bénéficiaires, à tout le monde,
à tout citoyen là où il se trouve s’il remarque quelque chose en rapport avec le fonctionnement des cantines scolaires, il appelle et nous dit le problème et nous, on intervient. En un mot, nous voulons avoir un système de communication qui fonctionne pour que chaque fois qu’il y a un problème, nous intervenons. Maintenant, quand vous parlez d’innovation, il y en aura beaucoup. Je pense que le fait d’associer dans les tout prochains mois, les groupements des femmes dans la production agricole et les vivres dans les écoles vont être achetés auprès de ces fermiers ou de ces femmes serait quelque chose de très bien et d’innovant. C’est à dire au lieu d’acheter directement auprès des commerçants, on donne aussi la possibilité, l’opportunité à d’autres couches vulnérables et on va les encadrer à ce que leurs produits soient aussi compétitifs du point de vue qualité et quantité et ça veut dire que le Programme ira au-delà de l’éducation. Il va donc trouver d’autres couches et de façon un peu indirecte les pas du programme seront beaucoup plus grands.
On va aussi utiliser du cash, c’est-à-dire que ces femmes qui vendent aux écoles vont recevoir du cash (de l’argent en espèce) et ça va leur permettre de développer d’autres activités. Mais là où je veux vraiment parler de l’innovation, c’est que le PAM ait des mécanismes de suivi qui doivent permettre à tout citoyen qui dispose d’une application qui renseignerait sur le programme sur sa tablette, d’ avoir accès à toutes les informations relatives aux cantines scolaires. Par exemple, si vous avez l’ application sur votre tablette, vous rentrez dedans si vous voulez savoir combien d’écoles ont reçu de vivres à la date d’aujourd’hui et vous pouvez avoir accès à ces informations là. Avoir des petits programmes dans les écoles et autour des écoles, élevage de volaille, élevage de cabri, production d’œufs sont aussi des innovations. Réfléchir sur comment motiver les écoles dont les communautés ne fonctionnent pas assez bien, proposer des prix et faire en sorte que les écoles qui fonctionnent bien avec beaucoup d’initiatives partagent leurs expériences avec les autres. Organiser des mini-ateliers d’échanges d’expériences en utilisant uniquement les écoles qui font bien pour qu’ils expliquent aux autres comment ils font. Faire des visites de terrain pour aller voir là où ça se passe très bien pour les entraîner à mieux faire aussi. Ce sont autant d’innovations que nous comptons faire. Déjà, le fait d’utiliser les motos fait partie de ces innovations. Il y en aura plusieurs d’autres. Et l’avantage que nous avons ici est que le gouvernement du Bénin est pleinement impliqué et ça c’est une particularité. Le fait que le gouvernement est engagé, est pour nous une force parce que, pour toute initiative que nous aurons à apprendre, nous aurons son appui pourvu que ces initiatives nous amènent vers des résultats visibles et palpables.
Lors de la cérémonie commémorative de la 4ème édition de la JAAS, nous avons vu le personnel féminin du PAM offrir des kits de cuisine aux femmes cuisinières des cantines dans le cadre du 8 mars. Avez vous un mot à leur endroit et qu’elle est votre appréciation ?
Je suis très content. J’ai été émerveillé par cet acte posé par mes collègues. J’avoue que je n’étais vraiment pas impliqué , j’apprécie beaucoup cette initiative. Le message voudrait dire que le Programme d’alimentation scolaire ne devrait pas concerner que le gouvernement ni les écoles, c’est une affaire de tout le monde y compris les hommes et femmes de la presse. Ils ont aussi un grand rôle à jouer pour que ce programme soit un succès. Tout ce que nous pouvons faire pour que ça marche serait une très bonne idée. Les femmes, les mamans, c’est votre préoccupation que nous les enfants nous mangions bien. Ça veut dire que les femmes ont toujours un rôle à jouer. L’acte que mes collègues ont posé voudrait dire qu’elles aussi, en dehors de faire partie du PAM, ont aussi une contribution à apporter, à leur manière, pour le succès de ce programme
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