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Les élections qui auront lieu en 2015 au Bénin et la présidentielle de 2016, donnent la fièvre à certains candidats et aux partis et alliances politiques auxquels ils appartiennent. Ils ont entrepris partout sur le territoire national, une campagne électorale précoce, illégale. Les actes que posent certains acteurs politiques en violation de la loi, méritent des sanctions ou tout au moins un rappel à l’ordre. Malheureusement, les institutions chargées des élections se taisent en dépit des dénonciations des citoyens.
Pouvoir en place, opposition et bien d’autres acteurs politiques, sont tous en campagne électorale pour les législatives et même la présidentielle alors que la campagne proprement dite n’est pas encore officiellement lancée. Mais, la particularité pour ces élections, c’est que les moyens de l’Etat sont utilisés pour aller sensibiliser et convaincre de futurs électeurs, des dons et des libéralités et autres gestes de bienveillance sont faits à l’endroit des populations à qui les auteurs demandent publiquement de voter en faveur de leur parti ou Alliance politique. Face à ces actes qui violent la loi, on ne comprend pas l’attitude surprenante des institutions en charge des élections qui font preuve d’un mutisme qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour le processus électoral avec des risques de fraudes, de contestations et des crises que le Bénin aura du mal à gérer.
Les expériences passées ont montré que le Bénin est un pays de paix qui a su toujours organiser ses élections sans incidents majeurs. Mais, ce n’est pas une raison pour que cette fois-ci, les institutions de la République, notamment celles en charge des élections se taisent comme si elles cautionnaient les actes d’irrégularité et la violation constante de la loi qu’on observe depuis quelques mois et dont le gouvernement et bien d’autres acteurs politiques en sont les auteurs. La preuve est là aujourd’hui que non seulement pouvoir et opposition se sont lancés dans une campagne électorale précoce avec des injures, des menaces et de l’intoxication pour diviser les populations mais ils offrent également de l’argent, des vivres et d’autres biens et matériels aux futurs électeurs qu’ils veulent rallier à leur cause. Tout cela se passe en violation de la loi qui interdit cette pratique qui consiste à faire des dons ainsi que les libéralités, six mois avant le scrutin ou lors des opérations de vote.
L’article 56 du code électoral dispose : « Les pratiques publicitaires à caractère commercial, l’offre de tissus, de tee-shirts, de stylos, de porte-clés, de calendriers et autres objets utilitaires à l’effigie des candidats ou symbole des partis ainsi que leur port et leur utilisation, les dons et libéralités ou les faveurs administratives faits à un individu, à une commune ou à une collectivité quelconque de citoyens à des fins de propagande pouvant influencer ou tenter d’influencer le vote sont et restent interdits, six (06) mois avant tout scrutin et jusqu’à son terme, sous peine des sanctions prévues à l’article 329- alinéa 1er du Code électoral.
L’article 57 dispose : « L’utilisation des attributs, biens et moyens de l’Etat, d’une personne morale publique, des institutions ou organismes publics aux mêmes fins est et reste interdite six (06) mois avant tout scrutin et jusqu’à son terme, notamment ceux des sociétés, offices, projets d’Etat et d’institutions internationales sous peine des sanctions prévues à l’article 329-alinéa1er du code électoral.
Au sujet des sanctions prévues, on peut retenir, entre autres, un emprisonnement de 1 à 2 ans et des amendes de 500 000 à 1 million. En réalité, cela ne fait peur à personne aujourd’hui et surtout pas ceux qui violent actuellement la loi à travers leur campagne électorale tapageuse et illégale que cautionnent les institutions en charge des élections. Face aux risques que fait courir au Bénin, cette curieuse attitude de certaines institutions qui fuient leur responsabilité ou ont d’autres motivations, les Béninois doivent non seulement donner l’alerte, mais ils doivent également le plus tôt se mobiliser en vue d’engager des actions concertées contre une situation qui commence par trop durer et qui est une menace pour le processus électoral. Les réactions observées jusque-là contre cette violation flagrante de la loi, sont timides ou sans effets. Néanmoins, on peut toujours réfléchir à d’autres solutions car mieux vaut tard que jamais, il y va de l’avenir du Bénin et surtout sa démocratie menacée.
Euloge R. GANDAHO/Le Grand Matin