Visiblement, le chef de l’Etat veut régler ses comptes, avant de s’en aller en 2016. Pour avoir eu le courage politique de dire la vérité au président de la République, afin de le ramener sur le droit chemin, les députés, Claudine Prudencio, Hélène Aholou Kèkè, Nicaise Fagnon, Mathurin Nago, et d’autres comme Valentin Houdé, Bani Samari, figurent sur la liste noire du président de la République.
Par Brice Ogoubiyi
Sous la pression conjuguée de l’opposition, de la société civile, on tend progressivement vers la tenue des élections à bonne date. Et tout porte à croire que les législatives auront lieu en Avril 2015. Ne pas être d’accord avec Boni Yayi sur les principes et règles démocratiques est considérée comme un acte de rébellion dans la mouvance présidentielle. Nombre de députés pro-Yayi en font aujourd’hui les frais. Sauf revirement de la situation, les députés cités plus haut auront toutes les difficultés à se faire réélire pendant les prochaines législatives de mars-avril 2015. Yayi, érodé par dix années de pouvoir sans partage, aurait juré leur perte, en considérant que même si c’est le dernier combat à mener avant son départ du pouvoir, il le ferait avec toute l’énergie qu’on lui connaît. Pour Yayi en effet, les parlementaires, dont les noms sont évoqués, lui doivent leur ascension politique sous le Changement et la Refondation. En conséquence, tous actes d’émancipation politique, posés pendant qu’ils constituaient, encore la majorité présidentielle, sont considérés par le chef de l’Etat comme un affront à sa personne.
Yayi en maître absolu
On reproche à la parlementaire Claudine Prudencio, de beaucoup trop insister sur le rétablissement de Samuel Dossou dans ses droits. Celui-ci, on se souvient, dans le projet Epine dorsale, avait été évincé par le pouvoir au profit du groupe Bolloré. A Azannaï, c’est sa loyauté vis-à-vis de Patrice Talon, considéré par le pouvoir, comme l’ennemi public numéro un au Bénin, qui lui vaut d’être voué aux gémonies. Hélène Aholou Kèkè paye le prix de son refus de cautionner une révision opportuniste de la Constitution, son franc-parler et son ralliement au mouvement « Sursaut patriotique » de Mathurin Nago. Nicaise Fagnon serait considéré comme un renégat dans l’entourage de Yayi. Le chef de l’Etat, qui affirmait que son ancien chargé de mission à la BOAD, lui doit tout, n’apprécie guère son indépendance d’esprit, pendant les heures de crises politiques que traverse son gouvernement.
Un dénominateur commun
Selon le camp présidentiel, l’ancien ministre Fagnon, aujourd’hui député, a rejoint le camp ennemi, et donc, devra payer pour sa forfaiture. C’est pourquoi, il ne sera plus positionné sur la liste des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) pour briguer un nouveau siège de député à l’Assemblée nationale. Le président de l’Assemblée nationale, lui, aurait eu le tort de jouer son rôle de contre pouvoir, et de préparer son propre avenir politique. Mieux, on reproche à Mathurin Nago d’avoir initié le mouvement « Sursaut patriotique » pour éviter à ses compatriotes, de continuer à « subir et à gémir ». Tous ces parlementaires, issus de la mouvance présidentielle, ont un dénominateur commun : avoir Yayi à dos. Pour cela, ils doivent s’attendre à subir sa foudre, et sa vengeance, pendant les législatives prochaines. Le chef de l’Etat, pour rien au monde, n’accepterait de les mettre sur sa liste. Prenant conscience de cette menace, qui plane sur leur tête, ces députés devraient travailler et penser à entrer dans de nouvelles alliances, et surtout changer de stratégie de campagne. S’il est vrai que Yayi ne pourrait réduire tout le monde à néant, il faut néanmoins redouter sa forte capacité de nuisance. On cite aussi dans son collimateur d’autres députés, comme Djibril Débourou, Saka Lafia, Valentin Houdé, Bani Samari, voire Chabi Sika. L’éviction de ce dernier de la liste, répondrait beaucoup plus à un souci de renouvellement de la classe politique à Tchaourou. En somme, les élections intermédiaires avant la présidentielle, sont riches en suspense, et il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, nous apprend l’adage.
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21 novembre 2014 par Judicaël ZOHOUN