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Le régionalisme est l’ennemi numéro un de l’unité nationale, de la paix et du développement du Bénin. Ce fléau est le plus dangereux des facteurs de déstabilisation de l’unité nationale. Le Bénin de nos jours est plus divisé que jamais. La gangrène évolue à tel enseigne que même les enfants utilisent la résonnance de leurs noms pour avoir une chance aux différents concours d’Etat. Les risques de violences et de soulèvement populaire sont fort à craindre depuis un certain temps.
Le phénomène du régionalisme prend de l’ampleur au Bénin et se remarque fort bien par la nomination de cadres incompétents voire médiocres à des postes de fonctions et de responsabilités, la promotion des cadres basée sur l’appartenance ethnique. Un sujet presque tabou pour certains béninois qui se discute dans des lieux ou milieux hostiles aux espaces de promotion de la Démocratie. Cette situation créée à dessein est exploitée
pour approfondir les clivages entre les Béninois. Les sectarismes rétrogrades qui feraient dévier les Béninois des objectifs de développement de leur pays.
A-t-on besoin aujourd’hui d’approfondir des divergences en leur sein ?
Telle est la question que chacun devrait se poser face à ceux qui attisent la haine. L’objectif visé par ceux-là est d’en profiter pour qu’en 2016 un candidat puisse profiter du sentiment régionaliste. Mais, ils oublient trop vite ce qui a engendré la guerre civile en Côte d’Ivoire. Ils n’ont pas vu nos frères venus de Bangui témoigner sur les atrocités commises au nom du régionalisme et de la religion. Ceux qui ont attisé ces haines ont eu le temps de fuir les feux qu’ils ont allumé. Pendant ce temps, les pauvres s’entretuent.
Autant de conséquences dramatiques des idéologies sectaires qui ont brûlé
certains pays, sans conscientiser ceux qui veulent les importer au Bénin. L’unité nationale n’est pas un choix :
c’est un devoir. Tous ceux qui professent le régionalisme en s’appuyant sur les errements d’aujourd’hui ne sont que des complices hypocrites. Ils font semblant d’être des patriotes alors qu’au fond, ils auraient fait pire une fois aux suivre tout acteur public
responsable soucieux de sauvegarder l’essentiel dans un contexte de crise. En réalité, ce n’est pas aujourd’hui que des intellectuels de ce pays ont estimé est impératif de porter le débat sur les dangers du régionalisme sur la place publique. Parmi eux, Guy HAZOUME, de regretté mémoire. Son livre
« Idéologies tribalistes et nations en Afrique : le cas du Dahomey » aborde le problème dès la fin des années 1960 et début 1970, alors que le pays était
cyclique confronté à des troubles et agitations sociopolitiques débouchant toujours sur des coups d’Etat militaires. Pour l’auteur, la cause de cette situation doit être cherchée dans la manière insidieuse dont les acteurs de la vie politique font appel à des sentiments d’appartenance tribale pour se positionner auprès des électeurs. Quelques mois avant sa mort en 2012, il a attiré l’attention du peuple béninois sur les développements inquiétants du phénomène sous le régime Yayi.
Il est vrai que le régionalisme trouve ses racines dans l’histoire politique du Bénin déjà vers les années 1945 avec la fracture Nord sud suite à l’avènement du Groupement ethnique du Nord Dahomey. Les dérapages
remontent bien loin mais il faut remarquer qu’on observe une évolution dramatique de nos jours. Ce n’est que la conséquence des actes des gouvernements ayant succédé dans le temps. C’est l’absence d’idéologies politiques des partis politiques qui amènent les ‘‘entrepreneurs ou ingénieurs politiques’’ à jouer sur les réflexes identitaires des populations surtout à l’approche des élections. Même si l’on doit reconnaitre certaines vertus au régionalisme, à la régionalisation dans le développement, il ne faut le confondre avec l’intolérance, le sectarisme et le rejet de l’autre.
Il existe de nombreux risques de s’accommoder du régionalisme. En effet, le sentiment d’exclusion peut être source de conflits, un frein pour le développement, un Etat scindé en deux blocs antagonistes constitués des inclus et des exclus. La répartition des ressources politiques, économiques à savoir l’implantation des infrastructures, sociales comme l’accès à la santé, à l’eau, à l’éducation est vécue comme une distribution des inégalités au Bénin. Le sentiment de régionalisme est en nette progression à la lueur de certains faits et comportements et doit inquiéter au plutôt plus d’un béninois. Les ingénieurs politiques du Bénin utilisent la population comme instrument politique ; elle constitue un électorat captif voire un bétail électoral pour capturer le pouvoir.
Ces comportements qui visent à faire valoir son appartenance à une communauté sociolinguistique spécifique ne sont pas d’ores et déjà, des sentiments à incriminer mais témoignent de la richesse culturelle et identitaire d’un pays a-t-il rappelé. Le régionalisme exacerbé au Bénin fait le lit à l’exclusion sociale et à la division, moteur des conflits sociaux et politiques observés dans certaines régions de l’Afrique. Il faut faire de notre diversité culturelle ethnique, une fierté pour le développement du pays. Les béninois doivent rester tous solidaires et éveillés afin de ne pas faire l’objet d’une instrumentalisation accrue par les hommes politiques.
Pour lui, il faut accepter les différences identitaires, les disparités source de richesses, mettre l’accent sur l’éducation, sur les valeurs communes, l’intérêt général de la nation, s’accepter soi même pour accepter l’autre et surtout procéder à la révision de la charte des partis politiques en revoyant le principe du multipartisme au Bénin. Il faut que le marché politique soit rendu parfait et qu’on surveille la communication des hommes politiques qui ont des stratégies pour activer les instincts grégaires des paisibles populations. Il faut un développement équilibré des régions du Bénin en faisant la croissance inclusive ce qui éviterait à coups sûr les frustrations. Nos gouvernants doivent préconiser la culture du nationalisme, de la cause politique, de l’intérêt général et le perfectionnement de la cohésion sociale.
Madou Gabin HOUNSA/Le Grand Matin
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