vendredi, 19 avril 2024 -

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POUR UN AUTRE REGARD SUR L’AFRIQUE ! RESPECT, PRAGMATISME, CONFIANCE MUTUELLE ET PARTENARIAT

André Flahaut – Ministre d’État




Nos partenaires, nos amis, nos sœurs et frères d’Afrique en ont assez… Assez d’être traités avec condescendance ! Assez des relents de paternalisme, voire, osons le mot, de néocolonialisme ! Assez de devoir sans cesse rendre des comptes et courber l’échine ! Assez des deux poids, deux mesures ! Assez des éternels donneurs de leçons ! Assez de se voir appliquer la sempiternelle méthode de la carotte et du bâton !

L’Afrique appartient à ceux qui y vivent

Ils en ont assez de cette vielle Europe nostalgique de son passé colonial : ce temps béni chanté par d’aucuns où une poignée de chefs d’État pouvaient, depuis Berlin, Londres ou Paris, se partager l’Afrique et en tracer les frontières au cordeau. Cet esprit, nourri par un racisme qui ne dit pas son nom, continue d’habiter nombre d’élites européennes désireuses de garder la main sur l’Afrique et ses peuples ; sur ses ressources aussi bien sûr.
Or, qu’ils viennent du Nord ou des Grands Lacs, du Sahel, du Sud ou de l’Ouest, de partout ailleurs, les Africains ne sont pas des enfants qu’il faudrait éduquer et guider sur le chemin de la civilisation. Nous n’avons pas à leur imposer notre conception du monde et de la vie bonne ; nos façons d’être, de faire et de penser. En somme, l’avenir de l’Afrique n’appartient qu’à celles et ceux qui y vivent, y travaillent, y élèvent leurs enfants, y créent et y rêvent. Et à personne d’autre !

Les modèles ne sont pas transposables !

L’Europe des Commissaires – celle qui se façonne à Bruxelles dans les bureaux climatisés et les salons feutrés du Berlaymont comme du Juste Lipse… ou un peu plus loin à « La Lanterne » – croit devoir exporter son « mode de vie ». Mais qui sommes-nous pour dire au monde et aux autres, surtout en Afrique, comment il faut ou comment l’on doit vivre ? Mon propos n’est bien sûr pas de nier que certaines valeurs ou certaines aspirations sont universelles, ni que chaque être humain doit pouvoir s’émanciper par l’éducation et se voir respecté dans son corps et dans ses droits. Mais de la promotion d’un « mode de vie » à la transposition d’un modèle, il n’y a qu’un pas. Un pas qui empêche d’avancer suivant son propre rythme, son propre calendrier et conformément au contexte qui est le sien !
En effet, force est d’admettre que celles et ceux sur qui le modèle s’abat se voient privés de leur identité comme de leur Histoire – comme si cette Histoire valait moins que celle des détenteurs du modèle imposé. Pour le dire concrètement, aujourd’hui comme hier, nous, Européens, attendons de retrouver en Afrique ce que nous connaissons chez nous. Par ethnocentrisme, nous voulons des organisations politiques et sociales, des modes de scrutin, des règles et des codes… semblables aux nôtres ; capables de satisfaire nos étiquettes et les cases de nos formulaires.

Temporalités et réalités africaines

Nous avons tendance à regarder l’Afrique depuis notre vécu et nos dispositifs culturels sans faire l’effort de comprendre, dans sa variété, le quotidien des femmes et des hommes de ce continent. Partant, nous faisons fi des réalités locales et des aspérités du terrain.
Nous négligeons le droit coutumier, car nous voulons une justice en bonne et due forme. Nous méprisons les traditions orales, car nous attendons des mots écrits noir sur blanc. Nous distribuons du matériel informatique ou médical de haute technologie, tout en ignorant la fragilité du réseau électrique, et sans prévoir de panneaux solaires. Nous demandons aux citoyens, aux entreprises et aux administrations de remplir puis de renvoyer des documents en ligne sans mesurer l’instabilité et la lenteur de certains accès internet. Nous refusons de voir qu’un pays sept fois plus grand que l’Allemagne et quatre-vingts fois plus grand que la Belgique, à savoir la République démocratique du Congo, doit pouvoir inventer des temporalités et des formes politiques adaptées à ses réalités sociales, économiques, culturelles, religieuses, géographiques.

Une Europe tétanisée et aveugle

Et si d’aventure nous jugeons que nos attentes, standards et planifications ne sont pas rencontrés, alors nous sermonnons, pointons du doigt, stigmatisons, sanctionnons, demandons des comptes… Cette attitude de l’Europe et de ses dirigeants est inacceptable. Elle est surtout stérile. Au reste, obnubilée, et même tétanisée par la question migratoire, l’Europe est devenue incapable de répondre aux enjeux du continent africain et, qui plus est, risque d’assombrir l’avenir de ce dernier autant que le sien propre.
Pour faire bref : l’actuelle Commission von der Leyen a défini une nouvelle stratégie migratoire qui consiste à sélectionner, parmi les migrants disponibles, ceux qui répondent le mieux aux besoins des États membres. Cette stratégie – où l’on se comporte tels des clients sur un marché – est dangereuse en ce qu’elle vient priver les pays d’origine, en Afrique et ailleurs, de leurs forces vives et de leurs travailleurs les plus compétents… ceci avec d’inévitables conséquences en termes de prospérité pour les uns, et d’ordre international pour tous. Le bon sens aurait voulu que l’Europe œuvre dans une dynamique de partenariat afin de renforcer la formation professionnelle d’une jeunesse numériquement considérable qu’il s’avère funeste de laisser désœuvrée.

La nature a horreur du vide

Dominée par ses vieux démons et démesurément frileuse dans l’action, l’Europe a largement perdu sa crédibilité sur la scène internationale. Nos partenaires africains n’hésitent d’ailleurs pas à l’affirmer sans complexe : les lourdeurs administratives, le principe de conditionnalité et les éternelles arrière-pensées moralisatrices ont très sérieusement abimé l’axe naturel de solidarité Europe-Afrique dans lequel ils fondaient pourtant tant d’espoirs. La nature ayant horreur du vide, si l’Europe n’est pas là, d’autres prennent sa place. Et, soyons honnêtes, impossible de blâmer les États qui, de plus en plus nombreux, choisissent de se tourner vers la Chine ou vers l’Inde pour construire une route ou une centrale électrique en un temps record... plutôt que d’attendre cinq ans et plus avant d’avoir pu cocher toutes les cases imposées par Bruxelles.
La critique est aussi sévère qu’elle est réaliste, pragmatique. La stratégie européenne en Afrique est devenue une coquille vide que certains États membres, ex-puissances coloniales, se plaisent d’ailleurs à contourner voire à ridiculiser pour mieux servir leurs intérêts propres et leurs petits calculs. Mais, sur place, les populations et les gouvernements n’en sont pas dupes et – ce qui est nouveau – rejettent avec une virulence et une colère croissantes les manœuvres d’ingérence ou d’occupation.

Accompagner des processus

Voici pourquoi, pour éviter de détruire complètement la confiance que nos voisins d’Afrique portent encore à l’Europe, je suis convaincu qu’il faut promouvoir une approche de partenariat fondée sur le respect des Histoires, singularités et réalités africaines, sans chercher à imposer nos modèles, agendas et modes d’existence. Sachant que les « grosses machines » administratives sont souvent impraticables, il convient de partir de la base et d’encourager des actions à la fois locales, ciblées et concrètes. La base, ce sont les communes, les écoles, les groupes citoyens (de femmes, par exemple), les associations de la société civile, les mutuelles, ou encore les assemblées parlementaires – lesquelles, par leurs groupes d’amitié, constituent des ressources précieuses qui mériteraient d’être mieux utilisées.
Le but est avant tout de tisser des liens entre les personnes, de favoriser les contacts humains et de faciliter l’invention de techniques et d’outils vraiment adaptés au quotidien des gens. À cet égard, le remarquable travail d’accompagnement des processus que mène depuis deux ans l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sous l’impulsion de sa Secrétaire générale, Mme Louise Mushikiwabo, doit être salué. Somme toute, et sans se limiter à la Francophonie, c’est dans cette direction, en tant que facilitateurs, qu’il nous faut œuvrer dans des domaines porteurs d’avenir, de paix, de sécurité commune et de prospérité partagée.

Nous devons proposer, et non pas imposer ! Nous devons accompagner, et non pas remplacer ! Nous devons respecter, et non pas rejeter ! Nous devons surtout être à l’écoute ! IL EN VA DU FUTUR DE L’AFRIQUE, COMME DU NÔTRE…
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