mardi, 16 avril 2024 -

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Opinion

Religion et espace:Pour un débat serein et profond




Cette brève réflexion qui ne revendique être de facture politique, juridique, historique ou même théologique, est seulement inspirée par le bon sens commun, entendu comme « la chose du monde la plus partagée » (Descartes). Elle est suscitée par certaines affirmations, au regard de leurs gestions ou implications :
La laïcité de l’Etat (qui) s’entend comme une sorte de neutralité. L’Etat n’a pas de foi. L’Etat n’a pas de religion. L’Etat protège chaque citoyen à travers sa foi et sa religion. (…) Ce n’est pas parce que la foi est une affaire privée que l’Etat n’accompagne pas. L’Etat protège chaque citoyen. L’Etat protège chaque religion. (…)
Le gouvernement considère que nos rues, nos espaces publics ne peuvent plus être exposés à l’expression de la foi et de la religion, quelles que soient les confessions, musulmanes, chrétiennes, religions endogènes. L’expression de la foi ne doit plus consister en l’occupation de l’espace public.
Nous le faisons en application de la Constitution, nous le faisons parce que le Bénin, et notamment nos grandes villes ont vocation à être des villes modernes. Nous sommes un Etat modèle. (..)
Ce n’est pas non plus dit qu’il n’y aura pas d’espace pour exprimer sa foi. Il y a des espaces comme les stades ; il y a des espaces que le gouvernement lui-même (…) identifie pour permettre à celles et ceux, quelles que soient leurs religions, qu’ils puissent les exprimer. Mais sans occuper les espaces publics. (….) Ce n’est pas une interdiction de l’expression religieuse.
De cette déclaration, nous proposons ce petit commentaire pour ouvrir ou nourrir la réflexion. Le texte précité, présenté en style oral, n’est pas un acte administratif (ni arrêté, ni décret), même si son auteur est ministre (serviteur) de la justice. Celui-ci s’exprimait, à côté du ministre de l’intérieur, au nom du Gouvernement pour une tentative d’explication des motivations d’un arrêté préfectoral sur l’usage de l’espace public, relativement à une religion. En de pareilles occurrences, un texte non formellement écrit crée facilement amalgames et confusions, et même trahit la pensée ou des intentions secrètes.
De cette ‘’déclaration’’ apologétique, se dégagent divers concepts très délicats : laïcité, espaces publics, relation entre l’Etat et les religions. Notre analyse intègre toutes les religions, même si l’emploi du concept « laïcité », au regard de sa charge historique, fait référence à une religion bien déterminée. L’auteur de la déclaration n’y résiste pas non plus : des diverses « confessions, musulmanes, chrétiennes, religions endogènes » évoquées, seule cette religion a été interpelée pour l’une de ses manifestations religieuses donnée en exemple, le chemin de croix.

1- La laïcité, une notion complexe ou ambigüe
La laïcité de l’Etat (qui) s’entend comme une sorte de neutralité. L’Etat n’a pas de foi. L’Etat n’a pas de religion. L’Etat protège chaque citoyen à travers sa foi et sa religion.
Cette définition est magistrale et atteste la haute culture juridique de son auteur. Evoquant ainsi bien que « l’Etat laïque admet toutes les religions, mais n’en reconnaît aucune », elle renvoie aux sources du concept. La laïcité (concept non primordialement d’origine politique mais essentiellement chrétienne), comme relation entre l’Etat et les religions, a été surtout promue par la loi de 1905 en France (avec sa relative unité religieuse d’alors) qui opérait une séparation violente entre l’Eglise et l’Etat. Au regard des vicissitudes de cette séparation (sujet sensible toujours discuté), la laïcité s’y est déclinée selon les époques, avant de s’apaiser relativement, comme concept anti-religieux, anti-ecclésial, anti-clérical surtout à la faveur de l’accession au pouvoir de membres de sociétés aux théories opposées à l’Eglise (Franc-maçonnerie, Rose-Croix…). La modalité de la laïcité est bien particulière en France (notre allusion régulière à la France dans le développement se justifie simplement par le cadre de la laïcité qu’elle représente). Mais elle se déploie de façon bien différente d’un pays à un autre en Europe comme l’indique Jean Etevenaux :
Dans la plupart des pays, le pouvoir séculier a maintenu des liens avec les institutions religieuses. Tantôt, comme en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne, selon la formule de ‘’coopération’’. Tantôt, comme au Danemark, en Angleterre ou en Grèce, selon la forme de ‘’confessionnalité’’. Dans le premier cas, l’Etat établit des relations de partenariat (tendanciellement) égalitaire avec plusieurs confessions. Dans le second, qu’on trouve dans des pays homogènes religieusement, il privilégie une religion particulière, qu’il dote d’immunités et de responsabilités spécifiques. La France est, pour sa part, entrée dans la modernité de manière plus brutale, comme ont tenté de le faire aussi , mais sans succès durable, le Portugal des années 10 ou l’Espagne des années 30.
Les Etats-Unis constituent aussi un pays laïc et pourtant, leur président à l’investiture jure sur la Bible.
Par la colonisation, ces diverses modalités de relation ont été déportées en Afrique. Pour ses colonies, la France a souvent tenté de redéfinir un laboratoire d’entente entre pouvoir séculier et pouvoir religieux, même si les conflits n’ont pas manqué au regard de la facture des acteurs en jeu. La rédaction des diverses constitutions africaines a intégré la laïcité, sans peut-être une réflexion organique préalable d’application du principe. La laïcité s’est alors généralement vécue, avec une mutuelle « compromission » entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel, en dehors des tentatives sans lendemain de persécution de la religion par les idéologies marxistes ou léninistes (dont certains acteurs dans notre pays se sont convertis plus tard). D’ailleurs, religion et politique entretiennent un rapport théorique d’analogie contrastée. Sous le rapport statique, elles partagent diverses similitudes qui s’expriment au niveau matériel comme identification par appartenance, rassemblement, délimitation autour d’un centre et au niveau intentionnel comme intégration d’une attitude de l’esprit. Les dissimilitudes ne sont pas non plus petites : la religion évoque l’universel et la politique le particulier ; la politique est historique, la religion tout en s’incarnant dans l’histoire est métahistorique. Sous l’aspect sériel, religion et politique se disputent la préséance en termes de limites et d’origine. Dans les mythes fondateurs, cosmogenèse (vision du monde en termes religieux) et polygenèse (naissance des cités) s’influencent.
L’application de la laïcité en Afrique, ontologiquement religieuse malgré des poches d’agnosticisme ou d’athéisme passif non négligeables, ne peut être que particulière par rapport aux pays européens en sécularisation idéologique croissante. Les sociétés africaines sont encore fermement portées par une vision cosmothéandrique. Dans les sociétés traditionnelles, les pouvoirs temporels et religieux n’étaient jamais si loin l’un de l’autre, quand ils ne sont pas exercés par la même personne comme le père de famille ou le roi. « Même si la distinction prêtre (homme du culte) – chef politique apparaît assez tôt dans bien des régions, le pouvoir ne se comprend pas dans la séparation complète du politique et du religieux ». Il y avait une intégration du religieux et du politique, gage de la stabilité socio-culturelle. De nos jours, sans rien enlever au sens de Dieu qui cohère la vie en Afrique, la paix dans nos sociétés pluralistes exige un processus effectif de dualité entre la sphère politique et la sphère religieuse.
La relation entre l’Etat et les religions ne peut être ni la promotion de l’areligion ni la diffusion de l’irreligion comme l’exprimait en 1963 un grand poète et homme de lettres, ancien président sénégalais, académicien français, de confession chrétienne à l’inauguration de la grande mosquée de Touba :
la laïcité, pour nous, n’est ni l’athéisme, ni la propagande antireligieuse (…). La religion est un aspect essentiel de la culture. Elle représente l’effort le plus noble pour lier l’Homme à l’univers dans un double effort de socialisation et de totalisation.
Mais par ailleurs, la relation ne peut non plus être basée sur le tout-religieux : ce dernier, tel un explosif, est tout aussi dangereux. Il y a donc un véritable défi de la laïcité, au regard d’une pratique consciente ou inconsciente d’enchâssement du politique et du religieux, de tentatives d’instrumentalisation, de diverses quêtes de privilège ou recherche de faveur.
Dans son rêve d’une Afrique nouvelle (Afrique révélée), K. N’Krumah intégrait la religion comme levier de changement mais aussi comme problématique à contenir à cause de la violence qui pourrait en découler :
notre société n’est pas l’ancienne société mais une nouvelle société élargie par les influences eurochrétiennes et islamiques. Une nouvelle idéologie est donc nécessaire, une idéologie qui puisse s’affirmer dans une définition philosophique, mais qui soit en même temps une idéologie qui n’abandonne pas les principes humains et originaux de l’Afrique (…) une idéologie dont les buts seront d’englober l’expérience africaine de la présence islamique et eurochrétienne, ainsi que l’expérience de la société africaine traditionnelle.
Le rapport entre religion et politique, mal géré, conduit à divers traumatismes et à des crises dans l’espace public. Au lieu de la laïcité combattive (en référence à ses origines françaises et à son déploiement en milieu sécularisé), le concept de non-confessionnalité de l’Etat est de plus en plus promue pour souligner la neutralité et l’impartialité de l’Etat dans les questions religieuses. La non-confessionnalité, attentive au fait religieux contrairement à la mentalité laïciste, fait éviter toute relation fusionnelle.
Distincte du laïcisme irréligieux, la non-confessionnalité a ce sens précis que l’Etat ne professe, au nom de la communauté nationale, aucune foi, n’adhère à aucune religion, ne donne investiture à aucune Eglise, ne professe pas non plus l’irréligion, reste en somme ‘’en-deçà’’ de l’opinion religieuse. Une telle non-confessionnalité ne signifie donc nullement que l’Etat ignore l’existence des Eglises et des cultes ni celle du fait religieux ; elle n’exclut pas les relations ni les négociations entre l’Etat et les autorités religieuses. Dans l’Etat non-confessionnel (…), la religion n’est pas nécessairement affaire purement individuelle, elle est affaire du droit privé et non du droit public, ce qui est différent.
Cette non-confessionnalité de l’Etat est aussi exprimée en cet extrait commenté :
Ce n’est pas parce que la foi est une affaire privée que l’Etat n’accompagne pas. L’Etat protège chaque citoyen. L’Etat protège chaque religion.
Cette déclaration reconnaît que l’Etat n’interdit pas ou ne prohibe pas l’expression religieuse. L’Etat ne peut interdire l’expression religieuse. L’Etat est de l’ordre empirique. L’Etat n’est pas le tout de la vie humaine. Les religions lui rappellent la transcendance et aussi son caractère provisoire et contingent, bien que nécessaire :
il y a (..) dans la non-confessionnalité de l’Etat plusieurs affirmations solidaires, d’une part l’indication que l’ordre temporel a sa subsistance propre, d’autre part que l’Etat n’est pas juge du spirituel dans son domaine propre, ce qui veut dire qu’il n’est pas l’organe de l’expression de la communauté nationale sur ce plan. Enfin, les citoyens ne sont pas comptables devant César sur le plan de leur option spirituelle.
Croyants ou non, nous savons qu’il y a des attentes, d’ailleurs les plus essentielles de la vie de l’homme, que l’Etat ne peut régler et qu’assurent les religions. La religion, par ses différentes étymologies, consiste à relier (ri-legare), à relire (re-legere), re-élire (re-eligere). Elle est un bienfait pour l’Etat : elle devrait lui offrir de bons citoyens. Elle crée et favorise un lien social très fort qui touche l’être en ce qu’il y a de plus intime et qui le meut le plus. Qu’ils étaient bien plus modernes ceux qui ont choisi la devise de notre ex-université nationale : Mens agnitat molem ! C’est l’Esprit qui meut la matière. Au regard du lien et du lieu où l’homme est touché par la religion, il faut toujours s’avancer sur les questions religieuses avec prudence et précaution, au risque de casser le lien social que crée et favorise la religion non pervertie.

Les religions et l’espace public
Le gouvernement considère que nos rues, nos espaces publics ne peuvent plus être exposés à l’expression de la foi et de la religion, quelles que soient les confessions, musulmanes, chrétiennes, religions endogènes, l’expression de la foi ne doit plus consister en l’occupation de l’espace public.
Cet extrait se présente comme une conséquence logique, sans connexion raffinée, du principe de la laïcité. La laïcité, comme principe, promeut la liberté de conscience, la neutralité et l’impartialité de l’Etat, l’égalité de tous, notions (surtout celles de liberté religieuse ou neutralité religieuse) aux contours difficiles à cerner comme le montre Stéphane Guérard dans « La liberté religieuse dans les lieux publics ». Les débats relatifs à la laïcité interpellent l’usage de l’espace public dont la définition n’est pas aussi non plus simple.
Les lieux publics sont des lieux fermés ou édifices pour personnes publiques, des lieux ouverts au public ou recevant du public, des lieux d’appropriation publique, des lieux où s’exerce le service public. A ces lieux, est exigée la neutralité non seulement religieuse, mais politique et philosophique pour permettre la liberté d’opinion et la liberté de conscience. On ne s’attendrait donc pas alors d’un homme public, en un lieu public, en une cérémonie d’Etat par exemple, des déclarations comme « quand l’homme a créé Dieu, (excusez-moi le terme), quand l’homme a créé l’être Dieu ». La neutralité du service public est une garantie administrative ; elle se justifie par la non-discrimination religieuse et le principe d’égalité. Si cette neutralité est exigée des agents du service public, la liberté religieuse est requise pour les usagers. Et par ailleurs, mêmes les agents peuvent avoir des espaces au cœur du service public pour vivre leur foi, certes pas aux heures de service. L’obligation de la neutralité est plus stricte dans l’école publique, aussi bien pour les agents que pour les usagers (élèves). Il apparaît alors que, même en France où se tiendrait une ligne radicale en termes de laïcité (toujours en débat), l’application du principe se déploie selon les circonstances, avec intelligence et à travers diverses accommodations. L’application de la laïcité ne peut être un principe mécanique, livré et abandonné à une seule composante de la société. Il s’agit de la gestion humaine.
Il est encore plus surprenant et édifiant qu’en France que nous retenons à tort ou à raison comme modèle de compétences, en rapport à la neutralité du domaine public, les manifestations religieuses sur la voie publique, comme les processions, expriment bien la liberté religieuse.
Il n’est pas contraire à l’esprit de la loi (de 1905) qu’un culte possédant des lieux de culte ajoute, aux cérémonies célébrées à l’intérieur de ces lieux, d’autres cérémonies accessoires qui se déroulent sur la voie publique ou qui, du moins, s’extériorisent d’une façon ou d’une autre.
Ces manifestations et cérémonies, en l’occurrence les processions, sont même exemptées de permission préalable « si elles sont conformes aux usages locaux » et toute mesure de police les contrariant est nulle. Les processions ne mettent donc aucunement en cause la laïcité de l’Etat. Elles pourraient, tout au plus donner quelque souci à la sécurité publique : au cas échéant, l’Etat protège ses citoyens en les encadrant par les forces de sécurité. La procession signifie marche, cortège, voyage, escorte… Elle n’a aucun sens d’occupation. Pour une application méthodique de la laïcité, il y a lieu alors de bien distinguer ce qui relève d’un passage temporaire ou d’une occupation permanente. C’est donc même au nom du principe de la laïcité qu’on ne pourrait pas réduire les processions en des stades, comme l’indique la déclaration :
Ce n’est pas non plus dit qu’il n’y aura pas d’espace pour exprimer sa foi. Il y a des espaces comme les stades ; il y a des espaces que le gouvernement lui-même (…) identifie pour permettre à celles et ceux, quelles que soient leurs religions, qu’ils puissent les exprimer.
Cette mesure vaudrait bien pour des besoins d’occupation permanente. La laïcité implique la liberté de religion, exprimée par l’article 8 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, juin 1981 :
La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion, sont garanties. Sous réserve de l’ordre public, nul ne peut être l’objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation de ces libertés.
Même dans l’espace public, il y a des modalités d’expression de la foi comme les célébrations (expressions religieuses) à la télévision ou à la radio, l’apport des religions à la vie politique en moments de crise, le point de vue des religions dans des conseils consultatifs par exemple. L’Etat laïc ne peut être indifférent à la question religieuse. De plus, certains lieux publics sont affectés aux cultes comme les cimetières, les aumôneries. La France, avec sa légendaire laïcité toujours en débat possède même une aumônerie militaire. La laïcité ne peut contrarier la liberté religieuse, droit fondamental de la personne humaine.

Ne plus exposer sa foi sur les espaces publics : au nom de quel motif ?
Nous le faisons en application de la Constitution, nous le faisons parce que le Bénin, et notamment nos grandes villes ont vocation à être des villes modernes. Nous sommes un Etat modèle.
Le projet d’une telle mesure se revendique être une application de la Constitution (2 décembre 1990) dont l’article 2 stipulait : « La République du Bénin est une et indivisible, laïque et démocratique ». Nous avons précédemment indiqué certains contours de la laïcité. Le recours à ce motif, bien qu’indiscutable, apparaît comme un subterfuge ou un prétexte. Le motif principal de ne plus exposer l’expression de sa foi sur les espaces publics semble bien ailleurs comme le révélait la déclaration un peu plus loin :
nous le faisons parce que le Bénin, et notamment nos grandes villes ont vocation à être des villes modernes. Nous sommes un Etat modèle.
L’expression de la foi ne rend pas moins moderne. Etre croyant offre plutôt la beauté intérieure sans laquelle les beautés extérieures, nécessaires, sont sans âme. Etre croyant ne signifie pas être du passé ou être dépassé. La foi n’est pas de l’archaïsme. Notre pays sait ce qu’il doit aux religions en termes de modernité comme développement et paix sociale. Cette déclaration à l’adresse des confessions, musulmanes, chrétiennes, religions endogènes, évoque ces paroles qui résumaient l’expérience du passage de la dictature à la démocratie :
Notre pays était voué à la mort et je disais : ‘’Nous pouvons comparer cet événement à la traversée de la Mer Rouge’’... Le Bénin n’a jamais autant prié qu’à ce moment-là : les musulmans, les protestants, les animistes. Dieu a entendu nos cris et Il nous a sauvés !.
Les confessions, musulmanes, chrétiennes, religions endogènes ont participé à l’avènement de la démocratie. Et qui aurait oublié, en ces lieux publics du PLM du 19 au 28 février 1990, ces nombreuses invocations à Dieu par les divers membres, par le Président de la Conférence, par le Président qui jadis, plus tôt, par une idéologie marxiste avait combattu les expressions religieuses ? L’Afrique (et le Bénin) est plutôt de tradition religieuse. Elle est façonnée par le fait religieux où s’exprime la compénétration du visible et de l’invisible et non par une spiritualité déterminée. Sociologues et anthropologues africains, à travers divers colloques scientifiques, sont passés de l’usage du pluriel de « Religions africaines » au singulier « Religion africaine », mais pour la vérité culturelle, ils sont retournés à l’expression au pluriel « Religions africaines ».
 
La déclaration dont nous achevons cet essai de commentaire constitue une provocation à la pensée sur la relation entre l’Etat et les religions et donc interpellent les acteurs du pouvoir politique et du pouvoir religieux. Le changement, idéologie ou réalité (qui a encore tout son pesant d’or de nos jours) invitait, en forme d’exhortations les hommes politiques et religieux à la nécessité de la délimitation de leurs relations en rapport à la nature des sphères respectives et à sortir de la confusion, par la réflexion, le dialogue et le respect mutuel.
Les diverses religions sont interpelées, chaque confession en son sein et toutes les confessions ensemble, au sens de responsabilité quant à la figure de Dieu qu’elles reflètent (expression religieuse), à leur devoir de témoignage de la transcendance, à l’efficience de leur défense de l’homme (surtout du pauvre humilié), à leur rapport au pouvoir politique (postures mendicitaires, livraison des lieux de culte pour des exhibitions politiques), à certaines pratiques qui semblent présenter la religion comme vulgaires cérémonies, à leur porosité à l’instrumentalisation de la religion, etc.
La laïcité est une question grave, au sens latin du terme. Elle ne peut être réglée à la légère (par des émotions, des susceptibilités ou la menace de spectres), mais par une approche participative, rationnelle historique et culturelle. Elle ne peut être réglée à coups de promesses. Elle ne peut être réglée par des pourboires. Elle ne peut être achetée ou vendue par des compromissions. Toutes les religions sont prioritairement interpelées. La contribution des hommes de culture et de science, sans prostitution de la vérité aux idéologies du pouvoir ou de l’avoir, est attendue. Toute vision unique, même la plus judicieuse, en matière politique, philosophique ou religieuse, détruit la laïcité, c’est-à-dire la neutralité de l’Etat : elle porte tôt ou tard à des attitudes iniques. Ouvrons les débats dans l’élégance et participons-y dans la vérité. C’est donc non seulement la question de Dieu qui est en jeu, mais aussi et par conséquence, l’avenir de l’homme, l’avenir du Bénin.

Père Rodrigue GBEDJINOU
Prêtre du diocèse de Cotonou
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