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Du 17 au 19 juin 2014, il a été organisé la Table ronde de Paris dans la capitale française par le Gouvernement du Président Boni Yayi. Des centaines de milliards de francs Cfa, même en Euro et en dollars, ont été annoncées par les autorités béninoises en termes d’investissements directs à eux promis par les partenaires au développement. Mais, un an après cet événement qui a donné espoir à tout le peuple béninois, on assiste à un fiasco total sur le terrain avec à la clé, des promesses devenues lettres mortes.
« L’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé… », disent les Ivoiriens. Une expression généralement utilisée dans leur pays pour exprimer le désarroi, après l’annonce de nombreuses promesses devenues vaines. C’est ce constat que l’on fait au Bénin, un an après la Table ronde de Paris organisée par le Chef de l’Etat et son Gouvernement, du 17 au 19 juin 2014 en France. C’était dans la période de la crise politico-juridique opposant l’Etat béninois à l’homme d’affaires, Patrice Talon. Qu’est-ce qui n’a pas été dit au retour au pays des autorités béninoises ? « C’est une réussite totale. Les hommes d’affaires européens, américains, asiatiques et consorts ont promis d’investir au Bénin. Nous avons mobilisé des centaines de milliards pour le développement du pays dans tous les domaines…. », voilà ce qu’ils disaient au retour de cette assise.
Des marches de soutien ont été même organisées par les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) pour saluer la performance du régime en place à Paris sur toute l’étendue du territoire national. Dans l’espoir de la réalisation des promesses de Paris, on tombe dans la désillusion totale. Un an après, rien de concret n’a été réalisé. Aucun investisseur étranger n’est venu s’installer au Bénin.
Constat amer
Que sont devenus les milliards annoncés ? Rien. En lieu et place du développement économique, ce sont les scandales qui naissent comme des champignons. Le dernier en date est la polémique autour de la gestion des 8 milliards mobilisés pour le remboursement des spoliés de Icc services. Les dettes de l’Etat envers les opérateurs économiques s’accumulent. En conséquence, la morosité économique s’intensifie avec à la clé la mévente dans les marchés et les difficultés quotidiennes des populations à subvenir à leurs besoins. L’électricité et l’eau potable se raréfient, malgré les nombreux efforts du Gouvernement pour juguler la crise. Au total, rien ne marche actuellement au Bénin. « Le pays va mal ! », crient les populations.
Explications
Qu’est-ce qui explique ce fiasco, malgré la tenue de la Table ronde de Paris ? Tout d’abord, la crise socio-politique au Bénin en est la première cause. Le Gouvernement a créé et entretenu la psychose autour de l’organisation des élections, laissant planer sur le pays des menaces sur la démocratie. Le Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos/Lépi) a pendant longtemps quémandé les fonds pour exécuter sa tâche. Il a fallu les dénonciations des acteurs politiques de l’opposition et menaces de blocage des investissements au Bénin par les partenaires techniques et financiers pour décanter la crise. Un opérateur économique étranger, dans une atmosphère sulfureuse, ne prendra pas le risque de venir investir dans un pays où il y a des menaces sur la paix et la démocratie. Le comble ici est que la télévision nationale ne fait que montrer des marches de soutien au Président de la République pendant la période. Consciemment ou inconsciemment, on donne une mauvaise image du pays à l’extérieur. C’est-à-dire qu’au-delà du Bénin, on peut penser qu’il y a une grave crise dans le pays ou un danger s’annonce à l’horizon. Dès lors, la psychose est allée au-delà des frontières nationales. Personne ne peut prendre des risques de venir investir dans un tel pays. En dehors des problèmes politiques, les crises cycliques dans l’appareil judiciaire sont à la base de l’hésitation des investisseurs à s’installer au Bénin.
Le Gouvernement est toujours en conflit avec les opérateurs économiques nationaux. Patrice Talon, Sébastien Adjavon, Samuel Dossou, Francis Zinsou, Issa Salifou et consorts sont en difficulté avec le Pouvoir en place. Plus grave, les autorités béninoises sont régulièrement en conflit avec la justice. Ceci se caractérise par des mouvements cycliques de grèves dans les tribunaux.
Les investisseurs étrangers ne peuvent pas s’installer dans un pays d’insécurité judiciaire. De même, la crise énergétique, la dépendance à outrance du Bénin envers le Nigéria, la lourdeur administrative et surtout la corruption repoussent les partenaires au développement. Au total, il fallait d’abord assainir l’environnement socio-économique et politique national, avant d’aller à la recherche des investisseurs étrangers. Sans ce préalable, la Table ronde de Paris ne sera jamais traduite en acte concret au Bénin. Il appartient au Gouvernement du Président Boni Yayi d’en tirer les conséquences qui s’imposent.
Jean Togan
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