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Peut-être faudra-t-il une seconde marche pour le chef de l’Etat au titre de son second mandat pour réaffirmer aux Béninois et surtout aux fonctionnaires dont ses collaborateurs directs, que la lutte contre la corruption est un combat républicain, permanent et individuel. Car, au regard de la proportion que prend la corruption dans notre société et surtout dans l’administration publique, on est tenté de croire que le Mal conserve une longueur d’avance sur le Bien.
En dépit des sueurs versées, la sensibilisation, les réformes engagées et les armes brandies par le président Boni Yayi, la corruption sévit de plus belle au Bénin. Inutile de se référer aux rapports des organismes internationaux tels Transparency International, pour s’en convaincre : les faits abondent et foisonnent. L’actualité du Béninois moyen est agitée actuellement par un certain nombre de dossiers relatifs à des faits de corruption qui mettent en scène la Justice, l’Assemblée nationale, le gouvernement et bien d’autres institutions de l’Etat.
Chantier, concours…
Gros scandale qui fait actuellement des vagues au pays de Boni Yayi ; le dossier sur le blocage du chantier du nouveau siège du parlement révèle, comme plusieurs autres dossiers antérieurs, une corruption endogène et multiforme. Si pour l’heure plusieurs personnes soupçonnées dans cette affaire séjournent à la maison d’arrêt de Cotonou en attendant le jugement définitif, il faut reconnaitre qu’une confusion et un déficit d’informations en ce qui concerne les anciens collaborateurs du chef de l’Etat cités dans ledit dossier entretiennent le flou. François Noudégbèssi et Soulé Mana Lawani parce qu’anciens ministres devront plutôt comparaitre devant la Haute Cour de Justice si l’Assemblée nationale en décidait ainsi. L’institution présidée par le professeur Théodore Holo vient de voir ajoutées à son fichier clients de nouvelles personnalités dont le sort reste à connaitre.
Ailleurs, et à la fonction publique, ce n’est pas la grande transparence, du moins en ce qui concerne les derniers recrutements. Les résultats du dernier concours de recrutement des agents permanents de l’Etat font bouder les syndicalistes, notamment le syndicat des travailleurs du secteur des finances qui en exige l’annulation. A raison est-on tenté de dire. En effet, par communiqué n°49/MTFP/DC/SGM /DGFP/DRAE/ STCD/SA du 31 décembre 2012, le Ministre du travail et de la fonction publique a publié les résultats des concours de recrutement d’agents permanents de l’Etat au profit du Ministère de l’économie et des finances, lors des sessions des 28 Juillet et 25 Août 2012. Mais il se fait que des plaintes enregistrées au cabinet du médiateur de la république dans le cadre dudit concours se sont avérées pertinentes. Les pages 2 et 6 du communiqué signé du ministre de la Fonction publique Mêmouna Kora Zaki Léadi aurait été substituées d’où la disparition de plusieurs noms dont celui de la candidate Idjouola Agbékê Yemagnissè Lydie que le ministre a promis réhabiliter.
En attendant les sanctions administratives et les conclusions de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption qui s’est saisie du dossier, la Fesyntra menace déjà de paralyser le secteur si le concours n’est pas repris puisque dans la correspondance V/Lettre n°028/MR/DC/SG/DR/SA du 8 janvier 2013 adressée au médiateur de la république, le ministre de la fonction publique a bien reconnu les faits de magouille et en rend responsables deux de ses directeurs.
Un cumul
En vérité, le régime Yayi qui avait pourtant pour leitmotiv d’éradiquer la corruption au Bénin n’a pu combler les attentes. Du moins il s’est fait un lot de dossiers de corruption dont le listing ne fera que rajouter à la dose de désolation des Béninois. Mais les plus graves et les plus récents tels l’affaire Icc-services qui ont fait des vagues jusqu’au palais de la Marina, l’affaire Port sec de Tori-Bossito, restent encore présents dans les esprits. Curieusement, ces dossiers ne parviennent jamais à être vidés définitivement ni administrativement, ni judiciairement.
Coq-à-l’âne
Au-delà de l’accumulation des dossiers de corruption sous le régime Yayi, il y a bien un fait qui inquiète plus d’un. Le dire serait un crime de lèse majesté, pourtant il est d’une vérité remarquable. Les dossiers de corruption les plus célèbres sous le régime Yayi touchent ses collaborateurs directs dont certains furent ses amis, collègues ou coreligionnaires : Soulé Mana Lawani, Armand Zinzindohoué, François Noudégbèssi, Joseph Ahanhanzo.
Ajoutée à la perte des valeurs de notre société, la forte politisation de l’administration publique et le clientélisme dans les services sont bien des facteurs qui induisent cet état de choses dans notre pays. L’agence nationale de lutte contre la corruption, l’observatoire de lutte contre la corruption, la justice, le gouvernement et les autres organisations qui s’investissent dans le domaine doivent changer de fusil d’épaule. Sans quoi, le chemin de croix de Boni Yayi sur la route de la lutte contre la corruption ne fait que commencer.
Vitali Boton
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