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Une première dans son histoire. Le Syndicat national des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (Syntra-Ttp) s’est prononcé publiquement, hier mercredi, sur la situation de malaise qui prévaut dans le secteur. Il s’agit des agissements des entreprises chinoises des travaux publics au Bénin. Ce fut une occasion pour le Syndicat, de demander au gouvernement de prendre ses responsabilités pour sauver l’économie nationale. « Notre action vise à attirer l’attention de l’opinion publique pour qu’en son temps, on ne dise pas : où étiez-vous quand de telles situations se passaient ». C’est en ces termes que Marcel Kindoho lançait la conférence de presse, à la faveur de laquelle le Syntra-Ttp dénonçait des pratiques qui s’installent dans le secteur des travaux publics au Bénin, depuis six ans. Pour les responsables de ce syndicat, il faut agir maintenant pour sauver l’entreprise au Bénin. Sinon, elle court à sa déchéance, et avec elle, le tissu économique national.
Dans son exposé, Jacques Ayadji, premier secrétaire général adjoint du syndicat, indique qu’il y a une floraison d’entreprises publiques chinoises intervenant dans les bâtiments et travaux publics qui s’installent au Bénin grâce à la coopération bilatérale. Ce partenariat entre la Chine et le Bénin, au lieu de contribuer au développement, risque d’avoir un effet contraire.
L’impérialisme chinois tend ses tentacules dans ce secteur, au détriment des entreprises locales et autres multinationales installées au Bénin A ce propos, M. Ayadji dira que quand c’est des ressources provenant de la Chine, qui servent à financer un projet, ce sont des entreprises chinoises qui sont désignées d’office, pour exécuter les travaux d’études et de réalisation. Toutes choses, qui selon le premier secrétaire général adjoint du Syntra-Ttp, violent le code d’éthique et des marchés publics national. En effet, il s’interroge sur la fiabilité des études et des travaux, quand ces entreprises refusent tout contrôle de chantier par des tiers. Mieux, il affirme que les coûts des travaux sont souvent surévalués lorsqu’il s’agit de fonds chinois. Ces entreprises sur place, importent tout de la Chine, même les produits de consommation des ouvriers sont presque tous chinois.
Les règles de passation des marchés mises entre parenthèses
Il dénonce aussi le fait que ces importations massives sont exonérées de tous taxes et impôts. Dès lors, souligne M. Ayadji, les importations sont aussi surestimées et permettent la constitution de stocks. Ainsi, poursuit –il, les surplus risquent de se retrouver sur le marché et défient en matière de concurrence, les entreprises locales. Par ce fait, le Syndicat des transports et des travaux publics tire la sonnette d’alarme sur le risque que courent les entreprises béninoises, qui sont dans ce cas moins compétitives, donc moins sollicitées. Le syndicat dénonce aussi les soumissions de ces entreprises pour des appels d’offre, de ressources obtenues auprès d’autres partenaires techniques et financiers.
Dans ce cas, le syndicat note curieusement que ces mêmes entreprises deviennent moins disantes. « L’écart entre elles et les autres est très grand, pour qu’on ne juge plus la qualité des offres », a-t-il fait remarquer. Il dira que les règles de passation des marchés publics sont parfois mises entre parenthèses pour leur permettre de gagner des marchés. Toutes choses qui ne sécurisent pas les emplois actuellement auprès des entreprises concurrentes. Dès lors pour remédier à ce problème, le syndicat demande au gouvernement de veiller à ce que les travaux soient estimés à leur juste valeur. Pour cela, le syndicat conseille à l’État de prendre ses responsabilités en conduisant lui-même les études pour évaluer le vrai coût des travaux qui devraient être confiés à des cabinets non chinois. Mieux, il voudrait l’instauration d’un contrôle systématique de la qualité des travaux, quitte au gouvernement d’aller rechercher les ressources parallèles pour le financement. Pour finir, le syndicat a saisi cette occasion pour fustiger les agissements des employés de certaines entreprises chinoises, qui font subir des sévices corporelles à des ouvriers et parfois à des hommes en mission.
Judicaël ZOHOUN
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