Le grand amphithéâtre de la Flash est devenu trop exigu ce jour-là pour contenir un monde d’intellectuels venus apporter leur soutien à l’illustre candidat aspirant au grade de Docteur ès Lettres de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Anciens élèves du candidat, collègues enseignants du secondaire, membres de l’association des professeurs de Français, cadres à divers niveaux, professeurs d’universités et étudiants, en particulier, du département des Lettres Modernes ont répondu à l’appel de l’Ecole Doctorale Pluridisciplinaire de la Flash.

Résistance identitaire et repli identitaire, littérature-monde, identité-altérité, hybridité culturelle, littérature et immigration, littérature et marché, sont les notions qui, entre autres thématiques, sont revenues à plusieurs reprises sur les lèvres du candidat Roger KOUDOADINOU dont la défense de la thèse a duré de 13 heures trente à 18 heures trente minutes. Le candidat attire l’attention des scientifiques sur le roman qu’écrivent les jeunes auteurs négro-africains qui ont émigré de l’Afrique à la faveur de la crise multidimensionnelle qui frappa l’Afrique dans les années 1990.

 « Cette immigration est une gageure et non un gage de réussite » a expliqué le candidat lors de la phase des questions réponses. A ses dires, lesdits écrivains optent pour une esthétique d’extranéité c’est-à-dire « une littérature voyageuse vouée à l’ « Autre » et à l’ « Ailleurs » que recommandent Michel Le Bris & Jean Rouaud, promoteurs de la ‘’littérature-monde’’ ( in Je est un autre. Pour une identité-monde, Paris, Gallimard, 2010, p.13). M. Roger KOUDOADINOU a  montré combien ces écrivains africains dits « enfants de la postcolonie » ( nés en majorité après 1960, vivant en majorité en Occident), sont enclins -pour faire couler leurs œuvres sur le marché occidental ou résoudre un malaise identitaire dans une démarche cathartique ?- à gommer l’Afrique de leur création.

Prenant au prime abord la parole en qualité de Directeur de la thèse, M. Guy Ossito MIDIOHOUAN, Professeur Titulaire de littérature africaine, partant des vingt-deux ans de collaboration qui le lient à son ‘’Assistant’’ dont il a suivi de bout en bout le parcours, rayonnait de joie : « je l’ai expérimenté avec bonheur » dira-t-il de l’impétrant dont « la thèse fait la fierté de notre département ». Pour lui, la thèse du candidat « est d’un excellent niveau scientifique ». Ayant suivi les infortunes de diverses natures que le candidat a endurées, et observé l’endurance avec laquelle il les a surmontées, le professeur Guy Ossito MIDIOHOUAN n’a pas hésité à proclamer son immense bonheur et sa grande fierté de consacrer « un homme que la vie a fait mûrir ». Il a dit tout le bien qu’il pense de son dauphin en rappelant volontiers le brillantissime parcours de son poulain : major de sa promotion en lettres modernes de 1991 à 1995, maîtrise (mention Très Bien en 1997), premier au plan national au concours d’entrée dans la fonction publique en 1999, major de promotion au CAPES en 2002, nommé Conseiller Pédagogique dans le Zou-Collines depuis 2004, DEA mention Bien en 2008…

Quant à M. Mahougnon KAKPO, Maître de Conférences de littérature africaine, Co-Directeur de la thèse et actuel Chef du Département des Lettres Modernes (dont l’émérite aîné et membre du Jury Nouréini Tidjani-Serpos a souligné l’humilité et la dextérité à ‘’diriger’’ le Département), il a dit toute sa fierté de voir ladite thèse aboutir dans un délai normal. « Le sujet est original et doublement passionnant » a-t-il déclaré en démontrant le grand intérêt de la démarche de l’impétrant. D’après M. Mahougnon KAKPO, l’étude du candidat se place à mi-chemin entre «  la criticologie et la critique littéraire » et aide la communauté universitaire à comprendre d’importants aspects du fonctionnement et de l’évolution de la création romanesque négro-africaine d’expression française des années 1990 à 2010. En témoigne le corpus bibliographique de cette production romanesque que M. Roger KOUDOADINOU a eu le mérite de réunir et de faire figurer dans la thèse. Un autre éminent membre du Juy, M. Simon AMÈGBLÉAME, professeur titulaire de littérature africaine (Université de Lomé ( Togo)  a abondé dans la même veine en mettant l’accent sur l’apport significatif et sérieusement édifiant de l’étude. « le thème explore une dimension nouvelle des études. Le candidat est allé en profondeur dans son analyse des éléments » s’est-il exclamé.

Toute œuvre scientifique restant toujours à approfondir, le président du jury M. Messan Komla NUBUKPO, professeur titulaire de l’Université de Lomé (Togo) a estimé que, même s’il y a d’ autres pistes à approfondir, « cela n’enlève rien à l’originalité et à l’intérêt scientifique » de la thèse soumise au jury international qu’il préside. Pour les uns, « le candidat mérite d’être encouragé ». Pour d’autres, « il a du potentiel et pourra être une précieuse acquisition pour la recherche universitaire, s’il était engagé pour le compte de l’enseignement supérieur ». En somme,  « Le candidat a fait un travail extraordinaire » a reconnu leprésident du jury M. Messan Komla NUBUKPO qui, avant délibération, a noté que : « Si tant est que chaque soutenance est une célébration de l’excellence, l’assistance a eu droit à une belle soutenance ».

L’aboutissement heureux de cette soutenance de thèse de Doctorat Unique en Lettres Modernes (Spécialité Littérature Africaine), thèse de 465 pages, élève M. Roger KOUDOADINOU au grade de Docteur ès Lettres de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) selon le verdict des membres du jury l’ayant plébiscité à l’ « UNANIMITẺ » d’une « Mention très honorable avec FÉLICITATIONS DU JURY ».