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La mendicité : une nouvelle forme d’escroquerie





Depuis plusieurs années, la mendicité bat son plein à Cotonou et environs et le marché international de Dantokpa constitue le nid de ce phénomène. Pour parvenir à gagner facilement de l’argent, les mendiants usent de toutes les manœuvres et s’enrichissent parfois sur le dos des généreux donateurs.

Il est 11 heures. Le soleil est ardent à Dantokpa. Dans un brouhaha qui ne dit pas son nom, des personnes normales, des aveugles et estropiés animent leur marché. Alignés au bord de l’artère principale, les mains tendues, ils font ‘’leurs affaires’’. Ils sollicitent les débonnaires afin de trouver le pain quotidien. Les estropiés sont assis sur des roulettes ou des chaises roulantes. Aux aveugles, ils sont tenus de la main par des guides. Ceux-ci encaissent les sous quand les usagers font des dons à leur égard. Tout usager qui entre dans leur rayon doit s’attendre à des propos du genre « Ayez pitié ! Que Dieu vous bénisse ! Donnez et Dieu vous le rendra abondamment ! », tout ceci accompagné de versets bibliques et coraniques.
Aux feux tricolores de St. Michel, Camp Guézo, carrefour Marina, c’est le même scénario. Toutes les fois que les feux passent au rouge, l’occasion se présente pour les mendiants, aussi bien les autochtones que les étrangers, d’aller à l’assaut du gagne-pain, quoique cela coûte. Ils se faufilent entre les motos et voitures, demandant de l’aide. Pour camoufler cet acte, certains préfèrent essuyer les pare-brise des véhicules afin de bénéficier de la gentillesse des propriétaires de ces véhicules. Les mères de jumeaux ne manquent pas à ces lieux.
Pour Geoffroy, un tireur de pousse-pousse à Dantokpa, nombreux sont les mendiants qui cherchent leur gagne-pain dans le marché, dans les feux tricolores, devant les institutions financières et sur les parcs d’automobiles. « C’est les lieux où je les vois le plus souvent ». dit-il. Ces personnes, estime Akim, commerçant à Dantokpa, ont des donateurs fidèles. Tôt le matin, les mendiants se pointent à des endroits stratégiques du marché, devant les boutiques de ces donateurs fidèles pour : ‘’l’entrée en matière’’. « Ils reçoivent tantôt des nourritures, tantôt de l’argent », explique-t-il.

Vie précaire…


Pour le Professeur Dodji Amouzouvi, la mendicité est l’une des pratiques qui résultent de la dégradation critique du niveau de vie des individus. « Le Béninois moyen n’arrive plus à assurer les trois repas par jour. Et puisque la faim chasse le loup de sa tanière, les hommes et les femmes sont obligés de sortir pour mendier afin de trouver à manger ». Du coup, ces mendiants, accablés par leur niveau de vie précaire ne discernent plus l’honneur et la honte. Ils n’ont plus froid aux yeux et considèrent que mendier vaut mieux que voler. Ce que partage le Professeur qui trouve d’ailleurs comme tout autre que le vol est un délit. Or la mendicité est une situation sociale où un pauvre demande de l’aide.
De plus, il y a une pensée de récompense divine qui se développe dans le rang des donateurs. Selon le Professeur Dodji Amouzouvi, beaucoup aiment donner, car ils estiment que, selon les prescriptions de Dieu, le riche doit venir en aide au pauvre. D’autres donnent dans l’espérance de gagner plus. « Ainsi, vous verrez les donateurs nombreux, qui n’hésitent pas à donner aux mendiants. Certains en ont fait un geste quotidien », explique-t-il. Cet état de choses, poursuit-il, encourage la mendicité à Cotonou et environs, car il y a plus d’offre que de demande. 
L’autre facteur important, c’est le relâchement social. Pour le Professeur, l’Etat a démissionné devant la question sociale de son peuple. « Les autorités n’arrivent pas à mettre en place une politique de prise en charge des personnes handicapées et ceux dont le train de vie est assez critique », dit-il.

Source d’enrichissement


Les mendiants sont toujours au rendez-vous à la recherche de leur gain quotidien
La mendicité dans le marché Dantokpa constitue une véritable source d’enrichissement. Dans ce marché, les mendiants sont tous les jours au rendez-vous. Ils ne retournent jamais sans avoir gagné un peu de sous. Raïmi, un mendiant, affirme qu’il gagne environ 15.000 Fcfa par semaine. Plus loin, Zouhéirou, un autre mendiant, la soixantaine estime gagner parfois 45.000 Fcfa ou plus. 
A en croire Corneille Ahouansè, commerçant au marché Dantokpa, cela n’étonne pas que certains mendiants aient déjà construit des maisons. « Depuis plus de 10 ans que je suis ici, je rencontre toujours les mêmes mendiants qui se pointent aux mêmes endroits. Même si les Agents de sécurité les déguerpissent, ils reviennent toujours à la charge ».

Des escrocs déguisés


« Une dame a été victime d’un lynchage, il y a quelques mois à l’arrêt-bus du campus d’Abomey-Calavi. Il sonnait 13 heures, et une dame, l’air essoufflé, portait dans ses bras un garçon d’environ 2 ans, tout le corps portant des traces de mercurochrome. Lorsqu’elle se rapproche d’un groupe d’étudiants, elle raconte sa mésaventure. Selon ses propos, un incendie a ravagé toute sa maison, et l’enfant qu’elle porte dans ses bras a été brûlé. Elle sollicite alors de l’aide pour assurer les soins de son enfant. Certains étaient compatissants, mais d’autres ont émis des réserves. Après maintes questions, ils se sont rendus à l’évidence que la dame a utilisé son enfant pour les escroquer », raconte Serge Agnidozan, étudiant en 3ème année de droit. A l’image de cette dame, plusieurs mendiants escroquent les populations. Le Professeur Dodji Amouzouvi, qualifiant l’acte de roublardise, trouve que cette forme de mendicité se répand de plus en plus dans la ville de Cotonou. « C’est l’autre face cachée du vol, de l’escroquerie et de l’arnaque ». Et lorsqu’on y prête attention, on retrouve ces mendiants à plusieurs endroits, ils sont capables de vous approcher deux fois dans la même journée. « C’est des gens qui disposent de toutes les facultés psychiques et physiques pour travailler, mais ils préfèrent le chemin le plus facile, parce que les généreux donateurs courent les rues », s’indigne-t-il. 
Le degré de pauvreté étant sans cesse grandissant, tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent. Des personnes normales, simulent un handicap pour bénéficier de la générosité des populations. Le plein étant fait pour cette journée, on se régale. Rendez-vous pour le lendemain !

 Patrice SOKEGBE/ Fraternite


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