Norbert Kindoho, 44 ans mis en détention le 21 mai 2007 pour tentative d’assassinat et détention de chanvre indien était attendu à la barre de la cour d’assises d’hier jeudi 12 juin, pour y répondre des faits mis à sa charge. A l’évocation de son nom par le président de la cour de céans, Saturnin Avognon, point de réponse. Bénéficiant d’une mesure de liberté provisoire depuis le 25 avril 2013, il n’a pas daigné se présenter à la barre. Il sera donc jugé par défaut et condamné aux travaux forcés à perpétuité par la cour de céans siégeant sans le concours des jurés et composée, outre le président, des assesseurs Héloïse Hessouh et Emmanuel Opita. La mémoire de l’audience est assurée par le greffier Théogène Zountchékon.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
Le ministère public, représenté par Julien Tiamou, au 11e dossier de la Cour d’assises de Cotonou en cours actuellement fait observer que toutes les diligences ont été faites, l’accusé traqué, mais qu’on n’a pu le prendre. Et requiert qu’il soit procédé par défaut contre lui. Me Alexandrine Saïzonou-Bédié, qui aurait bien voulu présenter excuses pour son client n’eut pas gain de cause, la cour n’ayant pas reçu lesdites excuses avant l’ouverture de l’audience. Elle procède donc à la présentation des faits pour lesquels l’accusé aurait dû comparaître. Ils laissent transparaître que prétextant de ce que son oncle paternel Gasséto Kindoho l’a envoûté et serait donc à l’origine de ses malheurs à cause des biens à lui laissés en héritage par son feu père, Norbert Kindoho a pris la résolution de l’assassiner le 9 mai 2007.
Dans cette perspective, il est parti de chez lui à Cocotomey avec un pistolet de fabrication artisanale chargé de deux balles de 06mm. Il fait escale à la plage de Jackot pour s’approvisionner en chanvre indien avant de poursuivre sa route à Ahloboè, dans l’arrondissement d’Avlékété, commune de Ouidah. Puis, une fois à destination, Norbert Kindoho s’en va directement trouver son oncle qui était en compagnie des sieurs Lucien Gbètin et Zakou Bandabar. Sans aucune forme d’explication, Norbert sort son arme de sa poche et tire à bout portant sur son oncle qui reçoit la décharge au bras alors qu’il s’enfuyait. Ce même coup blesse aux pieds le sieur Lucien Gbètin qui fuyait dans la même direction que son ami Gasseto Kindoho. Le second feu, tiré aussitôt après le premier, atteint pour sa part Zakou Bandabar au pouce de la main gauche et à l’avant-bras gauche. Interpellé, Norbert reconnaît les faits tant à l’enquête préliminaire que devant le juge d’instruction. Et pour justifier son crime, il explique que partout où il est passé, que ce soit chez les visionnaires ou chez les animistes, il lui a été dit que tant que cet oncle ne mourra pas, il n’aura pas la paix. Voilà pourquoi il a spontanément décidé de mettre un terme à sa vie.
Courage oui, courage non !
La lecture de pièces du dossier confirme que l’accusé, à l’enquête préliminaire a bien reconnu les faits, soutenant que son oncle était sorcier comme il lui a été révélé partout par des charlatans et visionnaires. Que d’après l’oracle, c’est cet oncle qui a tué ses quatre enfants et est à l’origine de tous ses malheurs. Aussi, n’ayant pas les pouvoirs de son oncle et pour s’en débarrasser, a-t-il formé le dessein d’abréger ses jours. Pour ce faire, il dit avoir pris, avant de passer à l’acte, un huitième d’eau de vie locale (sodabi) quoique l’oracle lui en ai interdit la consommation compte tenu de son tempérament. Mais il dit en avoir pris exceptionnellement pour se donner du courage. Le courage, il en aura manqué jeudi dernier au point de ne pas se présenter à la barre pour répondre de ses actes.
Courage, il n’en fallait pas vraiment à son oncle, qui a échappé à la mort, pour venir charger Norbert à la barre. 75 ans aujourd’hui, d’une voix de stentor, il se lance dans un long développement, présente littéralement l’accusé comme un être associal, et soutient n’avoir aucun différend avec lui. Surtout pas de différend relatif à la gestion des biens laissés par son feu frère, le père de Norbert ; ce dernier l’accusant de les brader et même d’avoir tué son frère Jean-Claude avant de s’en prendre à lui-même par ses forces occultes. Le vieil homme, qui déborde d’énergie à la barre, s’en défend, lève le bras droit en soutenant que celui-ci ne répond plus convenablement suite à la balle reçue dans l’avant bras, mais ne se constitue cependant pas partie civile même s’il dit avoir dépensé plus de cent mille FCFA en soins médicaux suite à sa blessure.Au nom de la société, Justin Tiamou représentant le ministère public, constate qu’il ressort du dossier que l’accusé a reconnu les faits à toutes les étapes de la procédure, et que la tentative d’assassinat n’a été suspendue que pour des raisons indépendantes de sa volonté, les appels au secours de son oncle ayant alerté le voisinage qui a accouru sur les lieux. Aussi requiert-il de le déclarer coupable des infractions retenues à son encontre et de le condamner par défaut à la peine de travaux forcés à perpétuité et de décerner mandat d’arrêt contre lui.
Ceci parce que la volonté politique et les convictions religieuses jurent avec la peine maximale normalement applicable en pareille circonstance : la peine de mort.Revenue de son délibéré, la cour a déclaré Norbert Kindoho coupable des faits de tentative d’assassinat sur son oncle et de détention de chanvre indien. Elle l’a condamné, en conséquence, par défaut à la peine des travaux forcés à perpétuité.
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15 juin 2014 par Judicaël ZOHOUN