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Accusé de meurtre et de tentative de trafic d’ossements humains

Innocent Ahouanougan condamné aux travaux forcés à perpétuité




La radio Ahémé FM de Possotomé a fait une annonce de perte priant quiconque retrouverait un enfant errant de l’y conduire. L’accusé Innocent Dodji Ahouanougan, conducteur de taxi moto à Kpomassè a pris sur sa moto, un enfant errant qu’il a porté vers ladite radio. Mais les animateurs ont estimé que l’enfant n’était pas celui indiqué. Le petit confié ensuite au chef d’arrondissement (CA) d’Aganmalomè pour être remis à ses parents sera tué par Innocent Dodji Ahouanougan qui a déclaré avoir accompli cette diabolique besogne avec le CA. Innocent Dodji Ahouanougan était donc à la barre pour répondre de ces faits.



Par Didier Pascal DOGUE


A la lumière des débats et après avoir requalifié le meurtre en assassinat, la cour a déclaré Innocent Dodji Ahouanougan coupable d’avoir volontairement commis un homicide sur une personne à identité inconnue, homicide commis avec préméditation et d’avoir tenté de participer au prélèvement et à la vente interrompus suite à des circonstances indépendantes de sa volonté. Sur cette base, il a été condamné à des travaux forcés à perpétuité. Que s’est-il passé pour qu’on en arrive là ?Les faits remontent à avril 2004. En ce moment, à Aganmalomè dans la commune de Kpomassè, Innocent Dodji Ahouanougan, conducteur de taxi moto rencontra un jeune homme niais, sans identité connue, âgé d’environ 15 ans, et errant dans la rue. Dans le dessein de récupérer ses ossements après son décès, il lui ligota les quatre membres avec une corde et rattacha le tout à son cou. L’accusé Innocent Dodji Ahouanougan le laissa dans un champ aux environs de 17 heures.
Très tôt, le lendemain matin, il se rendit dans le champ et constata son décès. Il l’enterra, après avoir creusé un trou peu profond et recouvrit l’endroit de paille. Quelques jours plus tard, il se confia à certaines personnes pour qu’elles l’aident à trouver de potentiels acquéreurs d’ossements humains. Le mercredi 21 avril, le corps du jeune homme fut retrouvé dans le champ de l’accusé. Interpellé et arrêté, il passa aux aveux tant à l’enquête préliminaire que devant le juge d’instruction. En outre, au cours de la perquisition faite chez lui par la brigade de Kpomassè, des ossements humains y ont été retrouvés. Le rapport d’expertise médico-psychiatrique et psychologique concernant l’accusé ne signale aucun trouble mental dont ce dernier souffrirait au moment des faits. Quoique condamné une fois pour vol, son casier judiciaire ne fait trace d’aucune condamnation antérieure. L’enquête de moralité lui est favorable.
Innocent Dodji Ahouanougan a varié
Au cours de l’instruction à la barre, Innocent Dodji Ahouanougan a varié en reconnaissant avoir ligoté l’enfant avec une corde qui a été fournie par Obayomi Ishola, le chef d’arrondissement d’Aganmalomè. Ce dernier et lui auraient conjugé leurs efforts pour ligoter la victime. Interrogé donc sur les raisons de ses variations par rapport à ses déclarations antérieures devant les gendarmes et le juge d’instruction, il explique que le chef d’arrondissement lui a interdit de le dénoncer. En compensation de cette interdiction, il a promis le tirer d’affaires, en entreprenant des démarches en sa faveur, le juge d’instruction étant son ami. Et que s’il s’entêtait à le dénoncer, il mourrait.Lorsqu’on lui a demandé si le CA lui a rendu visite, il a répondu par la négative en précisant qu’il ne l’a pas vu avant que ce dernier n’ait lui-même été emprisonné pour une autre raison. Maître Gilbert Atindéhou a fait part à la cour de son désir de voir le CA comparaître, car cela permettrait, selon lui, de faire jaillir la vérité. Une demande à laquelle la cour n’a pas accédé. Parmi les témoins qui ont déposé, certains ont reconnu que le CA est un guérisseur qui peut guérir les fous et qu’il s’adonnait également à des pratiques sataniques sur ses enfants dont l’un décédé n’aurait jamais été revu et l’autre dont le sexe aurait été brûlé.
Par rapport à ce qu’ils ont décidé de faire de l’enfant en quittant la maison du CA, Innocent Dodji Ahouanougan a déclaré qu’ils avaient retenu de le tuer.Julien Tiamou, l’avocat général représentant les intérêts de la société prenant ses réquisitions, a déclaré que les faits dont la cour est saisie remontent au mardi 20 avril 2004. Les investigations menées, selon lui, ont permis d’appréhender Innocent Dodji Ahouanougan sur qui pesaient des soupçons. Le représentant du ministère public a rappelé les faits en montrant comment l’accusé a commis un meurtre sur la personne de cet enfant. Pour lui, les faits qu’on reproche à l’accusé tombent sous le coup des articles 295, 304 al 3 du Code pénal avec la particularité qu’il y a eu circonstance aggravante du fait de la préméditation.
 De plus, Julien Tiamou relève à l’encontre de l’accusé, la tentative de trafic d’ossements humains qui est prévue par l’article 2 du Code pénal et la loi 87-011 du 21 septembre 1964. Par rapport à l’assassinat, Julien Tiamou soutient qu’il est prévu par les articles 296, 297 et 301 al1 du Code pénal. Tout meurtre commis avec préméditation est qualifié d’assassinat. Et l’assassinat, relève-t-il, comprend trois éléments constitutifs : l’existence d’une vie humaine protégée, l’acte matériel tendant à supprimer cette vie et la préméditation. Le représentant du ministère public s’est appuyé sur la doctrine et la jurisprudence pour établir et retenir le crime d’assassinat à l’encontre d’Innocent Dodji Ahouanougan. La tentative de trafic d’ossements humains est également retenue contre l’accusé. Julien Tiamou a alors conclu que les deux infractions sont établies à son égard. Pour lui, la non présentation des objets mis sous scellés ne dédouane pas l’accusé.


L’imputabilité des faits ne souffre d’aucun doute
Ainsi, il a prévenu la cour de ne pas tenir compte de l’autre son de cloche, celui que la défense lui servira. La responsabilité de l’acte et l’imputabilité des faits ne souffrant d’aucun doute, selon lui. Sur cette base, c’est la peine de mort qui est requise mais comme le Bénin est partie à la Convention portant abolition de la peine de mort et en raison de ses convictions religieuses, Julien Tiamou a requis les travaux forcés à perpétuité. Ce qui a réveillé Me Gilbert Atindéhou commis pour la défense de l’accusé. « J’ai le cœur lourd en prenant la parole à l’occasion de ce dossier repoussant pour un avocat … », déclare-t-il, faisant observer qu’il a mis assez de temps pour aller rendre visite à l’accusé. Après avoir lu le dossier, je m’interroge et je cherche à comprendre, pour en savoir davantage, poursuit-il. « Je m’adresse au cœur de chacun de vous », déclare-t-il à l’endroit des membres de la cour. Pour Me Gilbert Atindéhou, son client et lui veulent un verdict de pardon et d’oubli, car en réalité, souligne-t-il, il s’agit du procès de nos valeurs endogènes, du procès de pratiques cultuelles et culturelles. Il s’est agi, rappelle-t-il, d’ossements humains, de mort d’homme et de trafic d’ossements humains. « C’est triste, mais nous sommes obligés d’en parler et de chercher à comprendre », déplore-t-il. Il a indiqué que la pratique ignoble de trafic d’ossements humains a cours dans le milieu des guérisseurs traditionnels. Me Gilbert Atindéhou s’est appuyé sur l’histoire et les ouvrages pour déclarer que Kpomassè est à 10km de Ouidah, berceau de la culture vaudou. Et la défense ajoute qu’il n’y a pas longtemps, il a été retrouvé chez des citoyens, des crânes humains sur lesquels des fétiches ont été édifiés. « C’est inquiétant ; nous sommes en face de nos réalités endogènes. Il faut l’éducation par la religion pour freiner l’ampleur du phénomène », suggère-t-il. « Il ne reste qu’à implorer votre indulgence », déclare-t-il avant de s’interroger : « l’accusé Innocent Dodji Ahouanougan est-il coupable ou responsable ? ». « J’ai suivi le ministère public qui a présenté des réquisitions préparées avant de revenir sur les éléments du dossier », a retenu Me Gilbert Atindéhou. Pour lui, son client a été manipulé par une force extérieure. Selon lui, les faits sont clairs et contrairement à ce que le représentant du ministère public a avancé, son client a eu peur lorsque la décision a été prise d’aller tuer l’enfant alors qu’il était allé le remettre à l’autorité. Il n’avait, selon lui, aucune pensée d’homicide volontaire sur la personne de ce jeune homme et brutalement, on lui propose un marché. Avec à la clé, l’ingurgitation d’une potion magique accompagnée d’incantations. 
Contraint par une force irrésistible
« Nous reconnaissons que nous avons contribué, mais comment nous y a-t-on amené ? », s’interroge la défense avant de déclarer expressément plaider les dispositions de l’article 64 du Code pénal. Pour lui, selon cet article, il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au moment des faits ou lorsqu’il y a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister. « Il est ressorti des débats et c’est constant que le CA n’est pas n’importe qui dans la commune de Kpomassè. On l’appelle roi. Nous savons tous comment nos rois sont vénérés. N’est pas roi qui veut et ils sont influents dans leurs royaumes », souligne Me Gilbert Atindéhou. Il a essayé de sensibiliser les jurés sur les pouvoirs et la puissance dont les personnes de la trempe du CA d’Aganmalomè sont nanties. Il leur rappelera que notre justice doit tenir compte de nos réalités. Sur cette base, il a plaidé au principal, le pardon pour donner une nouvelle chance à l’accusé, sollicitant un verdict de pardon, réconfortant et réconciliateur. Au subsidiaire, il plaide la condamnation au temps de détention préventive de l’accusé. Pour lui, son client est un homme fini pour avoir déjà passé 3650 jours et 96600 heures en prison et il évoque de larges circonstances atténuantes à son profit. « Je demande pardon et les autorités n’ont qu’à voir mon cas », étaient les derniers mots d’Innocent Dodji Ahouanougan avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Au retour du délibéré, la cour a déclaré Innocent Dodji Ahouanougan coupable d’avoir à Aganmalomè volontairement commis un homicide sur une personne à identité inconnue, un homicide commis avec préméditation, et d’avoir tenté de participer à un prélèvement d’organe interrompu suite à des circonstances indépendantes de sa volonté et l’a condamné aux travaux forcés à temps. La cour qui a connu de ce dossier était présidée par Thérèse Kossou avec comme assesseurs, Michel Romaric Azalou et Marie Adjouavi Soudé. Les jurés ont noms Grégoire Akpamoli, Raymond Agossou, Blanche Amoussouvi et Athanase Léon da Matha. La mémoire de l’audience était tenue par Angelo Kèdémè.

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