mercredi, 17 avril 2024 -

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Affaire assassinat du juge Coovi : L’accusé principal nie toujours les faits




Les circonstances, les mobiles encore moins les auteurs de l’homicide sur le juge Sévérin Coovi ne sont toujours pas connus avec certitude, après trois jours de procès. Toutefois, l’horizon s’éclaircit peu à peu en ce qui concerne l’implication ou non des inculpés Raïmi Moussé et Ramane Amadou cités dans cette affaire de crime de sang. Quant au principal accusé, Clément Adétona, il est resté fidèle à sa logique de dénégation systématique depuis le début de l’audience. Néanmoins, une nouvelle piste semble se dégager pour faire la lumière sur ce dossier, à en croire les avocats de la défense et de la partie civile.



Par Claude Urbain PLAGBETO


Clément Adétona, principal accusé dans l’affaire assassinat du juge Sévérin Coovi en novembre 2005, n’est toujours pas décidé à lever le voile sur le mystère qui plane encore sur ce dossier. « Je ne sais pas. Je ne savais plus ce que je faisais après avoir pris la noix magique que m’a donné Raïmi Moussé. Je ne me rappelle plus de rien », ce sont les réponses que le redoutable dénégateur continue de servir à la barre, se permettant même de distraire régulièrement la Cour. Pourtant, à l’entame du procès mercredi dernier, il disait avoir tout vu cette nuit du dimanche 6 novembre 2005 où le premier président de la Cour d’appel de Parakou a été sauvagement assassiné. Aussi, continue-t-il de nier en bloc ses propres déclarations à l’enquête préliminaire suite à la découverte du cadavre du magistrat dans son véhicule de fonction à Zongo II à Parakou le lundi 7 novembre 2005, et devant le juge d’instruction.
En ce qui concerne ses co-accusés Raïmi Moussé et Ramane Amadou qu’il a cités, il est resté constant et ferme quant à leur implication éventuelle dans le dossier. Clément Adétona maintient que le dimanche 6 novembre, il s’est rendu au domicile du sieur Raïmi Moussé alors qu’Hervé Wassa (absent à l’audience parce qu’ayant rejoint entretemps le Togo, sa patrie), boutiquier au domicile de ce dernier, Peggy Gandaho Moussé, l’épouse de l’accusé et l’inculpé lui-même soutiennent depuis l’enquête préliminaire jusque devant la Cour d’assises en passant par l’instruction chez le juge qu’il était passé plutôt le samedi 5 novembre 2005, soit la veille du crime. Interpellé par rapport à la tenue ‘’bomba’’ relativement neuve qu’il portait, il a déclaré que c’est un co-détenu du nom de Mohamed qui le lui a offerte. Ce dernier convoqué à la barre a reconnu avoir donné le complet bomba à Clément qui l’avait sollicité. Alors qu’il était libéré pour rejoindre l’enceinte carcérale, Clément Adétona demande que Mohamed reste et confirme à la Cour ce que l’accusé, Ramane Amadou, lui aurait dit qu’il ne reconnaîtrait pas Raïmi Moussé lors du procès. « Faux ! », rétorque Mohamed qui dit qu’il ne s’est jamais entretenu avec Ramane Amadou à ce propos.

Sacré Clément Adétona ! 


Me Raphiou Paraïzo, un des avocats de Raïmi Moussé, fait observer que Clément Adétona est coutumier des faits et qu’il a l’habitude d’impliquer ’’à tort des innocents dans ses propres affaires. En effet, dans le dossier de vol de traverses de rails en 1996, le multirécidiviste Clément Adétona avait cité son propre oncle dit ‘’Atagan’’ qui l’aurait aidé à transporter les morceaux de fer volés, avant de se rétracter après plusieurs confrontations et grâce aux témoignages de la famille. Plusieurs témoins défilent à la barre Appelée à décliner l’agenda de son mari ce week-end du début du mois de novembre, la femme de l’accusé Raïmi Moussé déclare être revenue de l’hôpital avec son mari et leur jeune enfant malade ce samedi 5 novembre 2005 quand le sieur Clément Adétona s’est introduit à leur domicile. « Il est venu avec un sachet de noix de coco que mon mari a remis à son chauffeur avant de lui donner 1000 francs CFA, après qu’il ait demandé de lui trouver quelque chose », se souvient l’épouse. Le couple serait monté ensuite en chambre au premier étage de l’immeuble dont le rez-de-chaussée abrite la société « A.Z. » (des initiales du nom de l’entreprise).
Le dimanche, Clément Adétona n’est pas venu au domicile du couple, et son mari n’est pas descendu jusqu’au lendemain, ajoute Peggy Gandaho Moussé. « Nous avons même suivi dans la nuit du dimanche 6 novembre 2005 un film jusqu’à 23 heures avant d’aller au lit ensemble », ajoute-t-elle. Ses propos seront corroborés par les dépositions des deux gardiens de nuit de la société A.Z. Après les difficultés d’interprète qui font suspendre l’audience pendant quelques minutes, Robert Dachibou Tambéré et N’Ouémou Kombetto, ont confié qu’ils n’ont pas vu le propriétaire de la maison, Raïmi Moussé, sortir ce dimanche nuit. Rappelons qu’au lendemain du meurtre, les deux gardiens avaient été menottés et amenés manu militari à la gendarmerie où ils ont été écoutés. L’un d’eux, N’Ouémou Kombetto en l’occurrence, qui a encore en mémoire « l’humiliation » subie (pour un Bariba), s’est même enflammé à la barre suite aux nombreuses questions de la Cour.
Il demande qu’on le laisse « tranquille » avec cette histoire, qu’il « n’aime pas ça ». Le président de céans, Huguette Théodora Balley-Falana, lui demandera de partir après ces mots. Entretemps, la sœur aînée de Raïmi Moussé, Ahamatou Moussé, a déposé à la barre. Elle devrait expliquer les vertus des amulettes faites de cadenas et de clé, de poudres à laper et autres objets spirituels retrouvés sur son frère Raïmi Moussé en détention. « Oui c’est moi qui lui ai remis à Natitingou ces objets que j’utilisais pour sécuriser mes affaires et me protéger... Au nom de Dieu, ce que je lui ai remis, c’est pour sa protection parce qu’il pleurait tout le temps et se sentait menacé même en prison parce que ses déboires ont commencé dans la ville où il a été transféré après son arrestation à Parakou », déclare-t-elle.

Une personne en détention, donc qui n’est pas dehors, a-t-elle besoin de tout cela, surtout si on sait qu’un cadenas ici au Bénin, c’est pour empêcher quelque chose de se réaliser, demande le ministère public représenté par Pascal Dakin ? A cette question, la réaction des avocats aussi bien de la défense que de la partie civile, a été vive. « Si ce n’est pas un procès d’intention, que le procureur dise alors ce que le cadenas devrait alors empêcher », réplique l’ancien bâtonnier Alfred Pognon, l’un des conseils de la partie civile. « Chacun est libre de se protéger comme il l’entend et selon sa foi », poursuit Me Alfred Pognon, en sortant un chapelet de sa poche. L’assistance acquiesce par des ovations nourries avant d’être rappelée aussitôt à l’ordre par le président de la Cour qui a menacé de vider la salle.La veuve Anastasie Adjovi Coovi également convoquée à la barre, vendredi dernier, devrait éclairer sur le genre de rapports que son feu mari et l’accusé Raïmi Moussé entretenaient. « Raïmi Moussé a connu mon feu mari par le biais d’Akibou…
Les deux entretenaient de bons rapports ; il n’y avait pas conflit entre eux », indique-t-elle. « Nous avons été reçus une fois chez lui. Il était venu une fois aussi avec sa famille chez nous quand j’étais venue à Parakou… », se rappelle Mme Coovi, confirmant ainsi par ailleurs des déclarations faites un peu plus tôt par l’épouse de Raïmi Moussé. « Un chantage », dixit Ramane Amadou, le troisième accusé Le son de cloche du troisième accusé attendu depuis le début du procès, est enfin entendu ce vendredi. L’opérateur-géomètre Ramane Amadou, 49 ans, raconte comment il a eu des démêlés avec quelqu’un et cela l’a conduit à la prison civile de Lokossa courant août 2007 au sujet d’une parcelle. Dans cette affaire, il a remboursé la somme due et fut condamné à une peine assortie de sursis en novembre 2007. « Quelques jours après mon arrivée en prison, relate-t-il, un certain Clément Adétona qui était là avant moi, s’est rapproché de moi et a demandé la somme de 200 F que je lui ai donnée ». Clément Adétona en a profité pour lui dire qu’il était le cuisinier de feu Séverin Coovi et lui a cité ses co-inculpés.
Des noms qu’il a cités, Ramane Amadou dit avoir connu le sieur Raïmi Moussé quand il était en poste à Parakou, soit de septembre 1993 à janvier 1997, avant d’être affecté à Abomey. « Raïmi Moussé faisait entretenir sa voiture dans le même garage que moi ; mais je l’avais perdu de vue depuis mon départ de Parakou », poursuit Ramane Amadou. Quelques jours plus tard, Clément Adétona se serait rapproché de lui à nouveau pour solliciter la somme de 2000 F et il lui a dit qu’il n’en avait pas. « Il est revenu plus tard me demander encore de l’argent et cette fois-ci, en chantant qu’il sait que j’ai reçu de l’argent et que si je ne le satisfais pas, il va m’impliquer dans son dossier comme étant un complice du sieur Raïmi Moussé.
Je lui ai répondu que je ne cèderai pas à son chantage, et que j’ai quitté Parakou il y a plus de dix ans », raconte Ramane Amadou. C’est ainsi que le 14 septembre 2007, le juge d’instruction est venu de Parakou lui notifier sa mise sous mandat de dépôt pour assassinat. « J’ai écrit partout, mais en vain », se lâche tout triste l’accusé Ramane Amadou. En son temps, il avait même saisi à plusieurs reprises la Cour constitutionnelle pour dénoncer « une détention arbitraire » à la prison civile de Lokossa et solliciter sa mise en liberté provisoire, en faisant observer qu’il n’est pas normal d’inculper quelqu’un à partir de « propos mensongers » d’un homme de moralité douteuse sans foi ni loi, sans aucune enquête au préalable.
A la barre, Ramane Amadou dit avoir été victime d’un excès de confiance en celui qu’il appelle « son protecteur » du nom de S. A., l’imam en prison (sorti après 23 ans de détention), à qui il aurait confié à quelques jours de sa comparution dans le procès de parcelle qu’il vient de recevoir de l’argent (700.000 F CFA en coupure de 5.000 F CFA) pour payer celui avec qui il avait des démêlés, pour sortir de prison. « C’est suite à cela, par une fuite du portier qui leur aurait confié que j’ai reçu une importante somme d’argent, que le coup a été monté…Ils m’avaient même demandé 100.000 F CFA pour voir des gens et faire taire l’affaire et j’ai refusé », affirme Ramane Amadou. 
La vérité se fait toujours désirer 
Après son transfert à la prison de Parakou l’année dernière, Ramane Amadou dit qu’il se rend compte que ce n’est même pas le sieur Raïmi Moussé qui était son ami à Parakou et qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, le sieur Raïmi qui est arrêté depuis 2005 dans l’affaire d’assassinat du magistrat Sévérin Coovi. Il a fait venir le mécanicien Emile Wotto du garage où lui et son ami Raïmi Moussé faisaient entretenir leur véhicule. Emile Wotto dit qu’il connaissait Raïmi en question et serait même allé au Burkina Faso avec lui une fois, mais qu’il ne connaissait pas son nom de famille. Le président de la Cour fait venir l’accusé Raïmi Moussé entretemps retourné dans le box. Devant l’assistance, le mécanicien dit que ce n’est pas celui avec qui il avait effectué le voyage, qu’il n’avait jamais vu auparavant celui qui est à la barre. Y a-t-il donc plusieurs Raïmi Moussé ? Copies des cartes d’identité à l’appui qu’il exhibe à la Cour, Me Igor Cécil Sacramento, un des conseils de Raïmi Moussé dans la présente affaire d’assassinat, soutient qu’il est sollicité pour défendre les intérêts d’un monsieur qui porte aussi le même nom : Raïmi Moussé dans une toute autre affaire, et qui n’est pas du tout celui qui est présent dans ce dossier.
Il conclut alors à l’existence de plusieurs Raïmi Moussé. Au regard de tout cela, pour Me Hugues Pognon, « On s’écarte du contexte dans lequel le juge Coovi a été assassiné ». Mais lui et les autres avocats de la partie civile et ceux de la défense ont foi que la vérité jaillira dans les jours à venir car une autre piste se dégage désormais pour la manifestation de la vérité.
Pour ce faire, Me Alfred Pognon demande que la Cour convoque à la barre le ministère de la Justice, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, la mairie de Parakou, qui étaient censés prendre les dispositions pour assurer la protection du premier président de la Cour d’appel de Parakou dans la mission régalienne de rendre la justice à lui confiée par l’Etat. En effet, rappelle l’avocat, le juge assassiné s’en était référé à sa hiérarchie pour faire part des menaces de mort dont il faisait objet ; des tracts avaient circulé dans le temps, notamment après une décision rendue au sujet d’une affaire relative au marché Arzèkè de Parakou et dans laquelle la mairie de Parakou et la société de gestion du marché étaient parties prenantes.
Non seulement, ce haut fonctionnaire de l’Etat a été tué par manque de protection, pis sa famille est délaissée et oubliée depuis neuf ans et réduite à la misère, se désole l’avocat de la partie civile, Alfred Pognon.Les débats se poursuivent dès ce lundi avec les dépositions d’autres témoins cités et les confrontations entre les trois accusés présents dans cette affaire.

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7 juillet 2014 par Judicaël ZOHOUN




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