Les « siens » contre les autres. Les premiers s’essayent à rendre audible leur vœu d’un 3ème mandat présidentiel pour leur champion ; les seconds, en embuscade, envisagent d’y faire échec. Le tabou n’est plus qu’une chimère mis en lambeaux depuis qu’une apprentie « sorcière » a décidé de ruer publiquement dans les brancards. Aidé en cela par un autre amuseur public d’une sénilité traumatique avérée. Tous relayés par des journalistes que mon éminent confrère Dônklam Abalo n’hésite à prendre en pitié (charité bien ordonnée…). En face, on ne met plus de gants. Le président de l’Union nationale des magistrats (Unamab), Michel Adjaka proclame d’ailleurs solennellement que l’enjeu désormais c’est la lutte contre le 3ème mandat à Yayi Boni. Le décor est donc planté pour un sprint final mouvementé. A défaut de faire l’unanimité des 10 millions de citoyens, chacun revendique son peuple.
Chaque camp compte et recompte ses soutiens, bien que tous jurent au nom du peuple. Lors des mobilisations hebdomadaires en soutien aux grandes réalisations du régime, les orateurs ne font plus mystère de leurs intentions réelles. Une sorte de répétition générale en vue de la grande offensive vers la réclame du fameux 3ème mandat. Ce n’est certainement pas pour de simples glorioles honorifiques que, chaque week-end, des courtisans enchainent les meetings laudateurs à l’endroit du leader « éternel » à travers villages, arrondissements et communes avec force détails sur les « échangeurs » de Cotonou, les micro-finances aux plus pauvres, la gratuité de la césarienne, le Régime d’assurance maladie universel (Ramu), les chantiers en cours et surtout la nécessité de poursuivre la « mission ». Le discours du 3ème mandat se met donc en place peu à peu. L’invasion des rues du pays profond pour un ultime forcing ne serait qu’une question de timing. Parole au peuple du oui !
A l’opposé, on se doute bien que les gars n’auraient pas pris la rue pour protester contre la répression sanglante de décembre 2013 à la bourse du travail ; contre la loi sur le retrait du droit de grève aux magistrats ou contre la répression des motocyclistes contrevenant au port de casque, et imaginer que rien ne bougerait à l’amorce de la procédure de modification de la constitution pour un 3ème mandat. Ainsi, le peuple du non se verrait donc dans l’obligation de s’opposer à son homologue du nom ; probablement sur le même terrain, avec les mêmes méthodes et la même détermination. Le peuple du non contre le peuple du oui, dans les rues, au parlement, dans les médias, dans les chancelleries internationales, au sien du pays réel… Impossible de concilier les positions. D’un côté le (ou les) mandat supplémentaire, de l’autre, la fin de l’aventure dès le 06 avril 2016 tel que prévu par la constitution actuellement en vigueur. Une solution médiane tentée, en vain, par le président Mamadou Tandja, en 2009-2010, à savoir le « Tazarché » c’est-à-dire une prorogation de mandat de 3 ans juste pour parachever les chantiers en cours. Initiative qui lui a valu d’être brutalement débarqué à l’issue d’un putsch militaire.
Encore un an et demi de tourbillon dans le paysage politico-institutionnel du Bénin. En effet, les partisans du 3ème mandat savent qu’ils ne peuvent pas faire l’économie d’une bataille parlementaire compliquée. A plusieurs reprises déjà le projet de loi portant révision de la constitution a été bloquée à l’étape de la commission des lois et n’a même pas eu l’opportunité de venir en débat à la plénière. Les gesticulations de rues et les provocations médiatiques des amuseurs publics ne suffiraient donc pas. Un éventuel référendum parait également hypothétique du fait de l’indisponibilité d’une liste électorale fiable.
Au nom des peuples du non et du oui !!!
Par Arimi Choubadé
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6 août 2014 par Judicaël ZOHOUN