Un fait social s’observe chez les jeunes d’aujourd’hui. C’est leur désamour pour la musique locale. Quelques personnes rencontrées dans la journée du mardi 12 août 2014 à Calavi, ont expliqué les raisons de cette situation.
La musique béninoise actuelle n’est pas du goût de la couche juvénile. Elle préfère écouter les morceaux venus d’ailleurs pour leur divertissement. Pascal Agbidi, un élève en classe de 1ère, rencontré à Calavi explique : « je n’apprécie pas la musique de chez nous pour le simple fait que le produit n’est pas attirant. Que ça soit le beat ou le texte je n’y vois rien de séduisant. Si j’adore la musique du Nigéria ou par exemple le rap français, c’est à cause du texte et du rythme ». Même si la compréhension du message véhiculé par ces morceaux est difficile pour la plupart, l’essentiel est de passer un agréable moment avec. Les propos de Rodrigue C, Disc Jocker ( Dj) de l’un des bars à Calavi, semblent prouver cette situation : « nous jouons les morceaux selon la volonté des clients. A vrai dire, les morceaux importés distraient plus que les nôtres. Je ne dénigre pas nos artistes d’ici ; mais c’est une vérité. Il reste beaucoup à faire pour la musique béninoise ». En effet, on remarque que la plupart des artistes béninois manquent de professionnalisme et d’inspiration. Mais Filibert Djonon, arrangeur de son, rencontré dans son studio à Womey trouve les vrais problèmes ailleurs. Selon lui, ‘’si la jeunesse ne consomme pas les morceaux locaux, la faute n’est pas aux artistes’’. Il estime que le manque de moyens matériels, financiers, d’écoles professionnelles et de motivation sont à la base de cette déchéance. Pour lui, comparativement au Nigéria, la Côte d’Ivoire ou encore la Rdc, la musique béninoise ne pourra pas se mettre au même pied d’égalité avec ces Nations, s’il n’y a pas une vraie politique d’accompagnement des acteurs de ce domaine. Quand bien même, cette situation est due au déficit de moyens, Habib A., un fonctionnaire à la retraite, résidant à Togoudo, trouve que la jeunesse fait preuve d’une aliénation et que les artistes d’aujourd’hui n’ont plus de repère. Il déclare : « sincèrement, les artistes appartenant aux générations passées n’ont pas eu de soutien avant de produire de très intéressants morceaux. Ce que je vois aujourd’hui, c’est de l’amateurisme encore très médiocre. La plupart des gens qui se lancent dans ce domaine aujourd’hui ne font pas preuve du vrai art. De l’écriture du texte jusqu’à la production du morceau, c’est rien que la médiocrité. Quant à la jeunesse, je vois que c’est la mode acculturée. Si non, pourquoi ne pas faire revivre les morceaux des temps passés ? Je fais allusion à ceux de Gg Vickey, Poly Rythmo, Gnonnas Pedro et autres. Que ça soit la jeunesse ou les artistes, tous doivent revoir leur copie. »
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18 août 2014 par Judicaël ZOHOUN