Le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des travaux publics (Syntra-Tp) Jacques Ayadji, sur l’émission “Ma part de vérité” de ce dimanche a déploré les conditions d’attribution des marchés de construction des infrastructures routières. Selon lui, le secteur dans lequel le régime Yayi a le plus échoué est le secteur des infrastructures routières.
Des propos impitoyables proférés avec un calme olympien. L’ingénieur des travaux publics Jacques Ayadji, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des travaux publics n’a, une fois de plus, pas fait dans la demi-mesure. Invité de “Ma part de vérité” ce matin sur Golf télévision pour s’entretenir sur les marchés publics pour ce qui concerne le réseau routier, l’ingénieur des travaux publics s’est exprimé sur la gestion des projets de construction d’infrastructures routières par le pouvoir en place. Selon lui, le régime Yayi est le régime qui a battu le record des scandales de 1960 à nos jours.
Tout en regrettant les agitations autour des projets, Jacques Ayadji a exprimé toute sa deception pour le tapage autour du lancement de la construction du pont de Womè alors que l’Union européenne venait tout simplement de donner son accord de principe. Lequel accord néccessite des préalables qui pourraient ne pas aboutir. Le pouvoir masque la réalité par des actes de propagandes.
Pour la fameuse Bretelle de Bopa, le secrétaire général du Syntra-Tp s’est interrogé sur le retard observé dans la livraison de ce chantier de 1,2km confié à l’entreprise Ofmax pour un coût global de 2 milliards 200 millions de francs Cfa depuis 2009. L’entreprise aurait abandonné les travaux après un taux d’exécution physique de plus de 50%. Ne comprenant pas ce qui justifierait ce retard, l’invité de “Ma part de vérité” a estimé que l’entreprise ne veut pas réaliser les travaux.
Parakou-Djougou Lot 1 un peu moins élaboré
Le chantier Parakou-Djougou est selon Jacques Ayadji, l’un des plus grands scandales sous le régime Yayi avec pour chef d’orchestre, la Banque ouest africaine de développement (Boad). Le gouvernement, avec la complicité de la Boad, souligne t-il, a tout mis en oeuvre pour que le chantier soit confié à Ebomaf en violation flagrante des procédures d’appel d’offre. “Je n’ai jamais vu un scandale aussi bien planifié”, a t-il déclaré. Avant de lancer l’appel d’offre, il a été décidé que le marché doit être octroyé à Ebomaf si bien que toutes les manoeuvres ont été déployées pour favoriser ladite entreprise au détriment de Satom-Sogea et Sorobat. Pour voiler la mascarade explique M. Ayadji, Sorobat a été retenue pour Parakou-Djougou lot 2. Mais dans la foulée, poursuit le cadre du ministère des Travaux publics, la Boad a donné des injonctions pour disqualifier cette entreprise pour fausses déclarations. Toutes les démarches de Sorobat pour avoir justice ont été vaines. Le marché a été finalement octroyé à Satom-Sogea.
Les mêmes ayant les mêmes effets, les mêmes artilleries ont été déployées dans le cadre de l’attribution du chantier Comè-Lokossa-Dogbo selon le secrétaire général du Syntra-Tp. Tout a été mis en oeuvre pour écarter les entreprises béninoises ou de droit béninois alors que c’est un prêt que le Bénin va rembourser avec un taux d’intérêt de plus de 7%. Sur ce dossier, Jacques Ayadji a estimé que les textes ont été allègrement violés et des échanges de courriers entre le ministère en charge des travaux publics et la Boad ont été transformés en avenant. “Il ne revient pas à la Boad de sélectionner les entreprises”. Un vrai scandale. Pareil pour tous les autres projets.
Axe Godomey-Pahou un chantier d’éternité
Le chantier Godomey-Pahou a également interessé l’invité de “Ma part de vérité”. A fait savoir que ce chantier a été attribué à une entreprise chinoise nonobstant les coups de sirène du Syntra-Tp . Les travaux devraient être livrés depuis avril 2013. Malgré la rallonge de six mois accordée à l’entreprise, les travaux n’ont toujours pas pris fin. L’entreprise déplore M. Ayadji est dans une organisation inouie.
Akassato-Bohicon l’autre face cachée de la refondation
Pour le secrétaire général du Syntra-Tp, l’autre gros scandale sous le pouvoir actuel est incontestablement le projet de construction de la voie Akassato-Bohicon. Selon lui, c’est l’arrivée au pouvoir en 2006 de Boni Yayi qui a fait que la route est encore dans cet état. Le projet initié sous le mandat de Mathieu Kérékou avait prévu deux fois deux voies. Mais voulant mieux faire, le président Boni Yayi a projeté la réalisation de deux fois une voie. Dans la foulée, 40km ont été réalisés et il restait 60km. Les Chinois ont accepté la réalisation des 60km mais ont refusé tout cofinancement. Ils ont repris les études de faisabilité à 6 milliards 90 millions de francs Cfa contre moins de 300 millions. Ceci, pour un coût global de réalisation de 107 milliards de francs Cfa contre 52 initialement prévu pour la réalisation du projet. Tout en écartant l’idée d’un bureau de contrôle. Mais d’exigences en exigences affirme M. Ayadji, il a été décidé de la mise sur pied d’un bureau de contrôle avec le soutien de l’Union européenne. Alors que la procédure a été lancée et le choix du bureau fait du financement de l’Union européenne, l’ambassadeur de Chine près le Bénin est revenu sur sa décision. Carte blanche lui a été donnée pour choisir et désigner un bureau de contrôle de son choix, et le même qui a fait de la surfacturation dans l’actualisation des études de faisabilité du projet a été retenu pour le contrôle du chantier. “L’ambassadeur de Chine est en même temps jugé et partie”, regrette Jacques Ayadji.
Odi I. AÏTCHEDJI
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14 septembre 2014 par Judicaël ZOHOUN