Certains étaient déjà là sous la révolution ; ils se sont frayés un chemin sous Soglo puis au retour de Kérékou ; on les revoit étroitement associés au changement-émergence-refondation. Les voilà qui promettent d’être toujours là, même après Yayi. En d’autres termes, le seul dont le départ est assuré en 2016 c’est Yayi et Yayi seul. Le gros de sa propre troupe pense déjà à demeurer là, après lui. A défaut de parler de la succession du roi de son vivant, on peut évoquer, soi même, son avenir personnel.
Le combat ne porte donc pas sur une quelconque préservation des acquis du régime actuel, (si acquis il y a). D’ailleurs aucun des adulateurs actuels ne se préoccupe du bilan de la décennie en cours d’achèvement. Sûrs de leur agilité à changer de veste, ils semblent convaincus de trouver les moyens de rallier les nouveaux maitres dès le lendemain de la prestation de serment du 06 avril 2014. Les chroniqueurs parlementaires n’ont certainement pas oublié les mémorables pitreries d’un des appelés de la défunte Union du Bénin du futur (Ubf) ulcéré, en plein hémicycle, par les déclarations du gouvernement de l’émergence faisant état de l’état désastreux du trésor public au départ de Kérékou en 2006. Cela ne l’a pas empêché d’amorcer une spectaculaire reconversion, quelques mois plus tard, pour devenir l’un des chantres « indéboulonnables » de la refondation. Il s’appelle Barthélémy Kassa, ministre inamovible, meilleur distributeur de billets (faroteur attitré) à tous les meetings de remerciement.
Les Béninois se souviennent également de la conférence de presse « veste en main » d’un certain Gatien Houngbédji. Ce dernier expliquait, très ouvertement, devant un parterre de journaliste, qu’il avait sa veste accrochée et qu’il pouvait « la retourner à tout moment » ; ceci pour rappeler à Kérékou son impatience d’avoir été jeté aux oubliettes après un intermède au gouvernement. Lui aussi était donc là sous Kérékou ; il est là sous Yayi en tant que Haut commissaire à la solidarité nationale ; il envisage sans doute d’être là après avril 2016. Que dire de l’emblématique ministre d’Etat, François Abiola ? Il était aussi là sous Kérékou avec son Madep. Yayi en a fait son ministre d’Etat bien qu’il lui ait préféré le candidat Adrien Houngbédji en 2006 y compris contre le président de son propre parti, Idji Kolawolé lui aussi candidat. C’est dans ces menus détails qu’il faut chercher les motivations réelles de la nouvelle rhétorique en vogue : « nous sommes là et nous seront là après Yayi ». Il est déjà arrivé dans ce pays que le N°1 des flics, Directeur général de la police nationale, homme de confiance du président Soglo alors chef de l’Etat, Théophile Ndah, devienne ministre de l’Intérieur de son tombeur Mathieu Kérékou, du jour au lendemain, sans transition.
Ainsi va la politique à la béninoise où les courtisans sont comme des figurants prompts à prendre la couleur de celui qui les utilise et qui a le pouvoir. L’enjeu n’est même plus de s’embourber dans une improbable désignation d’un dauphin légitime ou pas. Ce qui est sûr, il est prévu un changement de locataire à la Marina en 2016. Quel qu’il soit, il ne pourrait rester insensible trop longtemps aux danses du ventre, meetings de remerciement, marches de soutien et autres techniques de courtisanerie. Ces éternels mouvanciers n’ont aucune gêne à continuer de manger à la soupe de la refondation tout en s’apprêtant à se convertir au slogan du prochain arrivant grâce aux manœuvres de couloirs. Leur mérite en la matière est de connaitre les secrets des allées de la Marina qu’ils pratiquent de régime en régime.
A Yayi de se projeter vers cet « après » que chantent dorénavant tous ses prétendus soutiens de meetings en meetings. Une manière de lui rappeler qu’au moment de passer le témoin qu’il ne s’étonne pas de ne plus les apercevoir dans son rétroviseur.
A bon entendeur…
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17 septembre 2014 par Judicaël ZOHOUN