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Bénin : Patrice Talon, itinéraire d’un ambitieux devenu paria




Longtemps, Patrice Talon a été proche du chef de l’État béninois, Boni Yayi. Mais c’était avant qu’il soit accusé d’avoir voulu l’empoisonner. Portrait d’un homme dont les appétits ont précipité la chute.

On n’est jamais trop prudent. L’homme nous reçoit dans un salon de l’hôtel George-V et non à son domicile parisien. Allure élégante, débit rapide, regard direct, caractère affable, Patrice Talon, 55 ans, se dit « serein », mais a pris quelques mesures pour « assurer sa sécurité ». « J’ai quitté Cotonou au mois de septembre par la brousse, j’étais menacé », affirme le businessman béninois que l’on a ensuite signalé aux Seychelles, en Allemagne... et puis donc à Bruxelles, le 17 octobre, lors du voyage officiel de Boni Yayi. Selon la justice de son pays, il aurait tenté d’empoisonner le chef de l’État en voulant remplacer son traitement antidouleur par des produits toxiques.

« En effet, j’étais en Belgique et j’ai croisé des membres de la délégation présidentielle », reconnaît le fugitif, qui retient la thèse du « piège ». Sur les trois personnes arrêtées à Cotonou le 22 octobre et toujours détenues pour complicité (une nièce du président, son médecin personnel et un ancien ministre), il a bien rencontré la première d’entre elles. « Elle était le lien familial entre Boni Yayi et moi », précise Patrice Talon. Ce sera le seul aveu. Car pour le reste, à chacune des charges lancées depuis Cotonou, l’accusé, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, répond du tac au tac. Tentative d’empoisonnement avec des pilules radioactives : « un canular » ; acquisition de drones pour attaquer l’avion présidentiel et recrutement de commandos : « grotesque » ; vol dans les caisses des douanes de 12 milliards de F CFA (environ 18 millions d’euros) : « n’importe quoi ». Ces derniers jours, dans les bureaux du palais de la Marina, on l’accuse même de tremper dans le trafic de drogue et d’avoir fait de la prison : « calomnie », rétorque-t-il. La contre-attaque sera judiciaire. « Si j’obtiens des garanties, je suis prêt à répondre aux questions d’un juge béninois, mais je n’exclus pas de porter plainte pour diffamation. » En attendant cette éventualité, la contre-offensive est aussi médiatique et politique. Elle offre également un saisissant flash-back au coeur du marigot béninois.

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Bravache

Natif de Ouidah (Sud), Patrice Talon a bâti un empire cotonnier à partir du milieu des années 1980, avec seulement un deug de mathématiques en poche. En 2005, un an avant l’élection présidentielle, il rencontre Boni Yayi, alors à la tête de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). « Les candidats Soglo, Houngbédji et Amoussou étaient des amis, mais je l’ai soutenu, lui, car j’ai cru au changement et à la rupture », reconnaît celui qui a selon toute vraisemblance ouvert son carnet de chèques. Plusieurs témoins de cette période avancent le chiffre de 4 milliards de F CFA. Le généreux mécène refuse de confirmer, mais ne dément pas son « soutien ». Est-ce pour ce coup de main qu’il a récupéré en 2008 la division du coton de la Société nationale de promotion agricole (Sonapra) avec ses usines d’égrenage ? « L’appel d’offres pour la privatisation a été lancé au début des années 2000, et j’étais déjà le seul candidat retenu. Après plusieurs annulations de la procédure et une brouille en début de mandat avec Boni Yayi, j’ai finalement gagné », résume Talon. Un rien bravache, il ajoute : « Je suis assez puissant pour ne pas avoir besoin de faveurs, je n’ai rien demandé. »

Et de rappeler son parcours, « ses succès dans les affaires », que ce soit sous la présidence de Nicéphore Soglo ou sous celle de Mathieu Kérékou, et ses positions en Côte d’Ivoire dans l’importation d’intrants cotonniers. À ceci près que la séquence de la présidentielle de 2011 offre un scénario quasi analogue. Le pouvoir veut moderniser la gestion du port de Cotonou et optimiser les recettes douanières qui ont la triste habitude de se perdre dans les sables. Le Programme de vérification des importations (PVI) est à prendre. L’appel d’offres est lancé juste avant le scrutin. Talon l’emporte juste après.

L’homme élude encore, précise que ce PVI a été initié avec la Banque mondiale et renvoie au contrat qui ne prévoyait pas une gestion des recettes douanières, mais seulement un prix forfaitaire sur les opérations de certification des marchandises importées. Il n’empêche, le PVI a été suspendu unilatéralement par les autorités en mai dernier. « Ce contrat était léonin, et Talon s’est retrouvé en situation de monopole après avoir manigancé le départ de la Société générale de surveillance (SGS), avec laquelle il avait gagné l’appel d’offres. Il mettait ainsi la main sur 2 milliards de dollars par an », explique-t-on dans l’entourage du chef de l’État.

Combine

Talon estime, lui, être victime d’une « vengeance ». « Le président m’a demandé d’activer des députés pour réformer la Constitution afin de lui permettre de se représenter en 2016 », assure-t-il, relatant son dernier entretien en tête à tête avec Boni Yayi, en décembre 2011. Le scénario présidentiel aurait été le suivant : modifier le texte sans toucher à la limitation du nombre de mandats pour ne pas alerter la société civile, mais la manoeuvre aurait donné naissance à une nouvelle République et remis les compteurs à zéro. « J’ai refusé de tremper dans cette combine. Il m’a alors menacé de m’anéantir en évoquant l’exemple de Mikhaïl Khodorkovski [ancien magnat russe du pétrole, autrefois proche du Kremlin et tombé en disgrâce, NDLR]. Nous y sommes, il veut m’éliminer », poursuit Talon, persuadé d’être la cible d’un complot pour avoir osé dire non.

De fait, depuis cet entretien, il a perdu le PVI, s’est vu retirer plusieurs usines d’égrenage et a été débarqué du marché des intrants. « Dans trois ans, je pars. Je jure de respecter la Constitution. Je ne veux pas prolonger mon règne, je l’ai dit au pape, à Nicolas Sarkozy et à François Hollande », répète invariablement Boni Yayi. « Je veux le croire », estime un diplomate en poste à Cotonou. Ses ministres prennent sa défense, rappellent que la justice tranchera sur l’affaire de l’empoisonnement et soulignent les très bons chiffres de l’actuelle campagne cotonnière sans Talon. De fait, la production devrait dépasser les 450 000 tonnes, un record absolu. « On peut se demander si les chiffres n’étaient pas délibérément sous-évalués du temps de Talon », lâche un expert de la filière coton.

« Boni Yayi doit partir sans tarder, il ne dirige plus rien », ose, depuis Paris, l’ancien sponsor devenu paria. « Tout pouvoir est une conspiration permanente », écrivait Honoré de Balzac dans son roman Sur Catherine de Médicis. Le Bénin, comme d’autres avant lui, est en train d’en faire l’expérience. Triste retour en arrière pour un pays qui pouvait se targuer, il y a quelques années encore, d’être un bon élève en matière de gouvernance et de démocratie, et qui est désormais le théâtre d’une affaire d’État abracadabrantesque.

Par Philippe Perdrix

Source : Jeuneafrique.com :

Boni Yayi, touché mais pas coulé

« Il a vraiment eu peur pour sa vie », explique un proche du président béninois. « Il s’est passé quelque chose », ajoute un diplomate européen. Selon plusieurs témoignages dans l’entourage du chef de l’État, « le patron fait très attention à ce qu’il mange ». Paranoïa délirante ? Au regard des accusations lancées contre Talon (drones, trafic de drogue...), on pourrait le penser. En revanche, sur le dossier spécifique de l’empoi­sonnement, l’enquête offre de nouveaux éléments. Un garde du corps de Boni Yayi a été arrêté le 6 novembre. Il est accusé d’avoir été soudoyé par Talon. Des experts béninois chargés d’évaluer le niveau de radioactivité des supposés faux médicaments se sont récusés. Ils préconisent la saisie de laboratoires internationaux. Il reste tout de même une question. Si d’aventure l’hypothèse du poison devait se confirmer, il resterait à prouver l’identité du commanditaire.

Ph.P.

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