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Le ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané a lancé ce vendredi 05 octobre 2018 à l’hôtel Golden Tulip de Cotonou, le Salon africain de la garantie (Saga). « Enjeux d’une plate-forme d’échanges entre garants, banques et PME », c’est le thème autour duquel les participants ont échangé au cours des travaux.
L’organisation de ce salon permettra à l’Association professionnelle des institutions de garantie d’Afrique (Apiga), conformément à ses missions, de créer une tribune internationale pour mettre en œuvre un cadre de concertation et de dialogue en vue d’améliorer ses outils et mode d’intervention.
A en croire la présidente de l’Apiga, Mme Naka Gnassingbé de Souza, ce salon vise à normaliser sa profession, d’harmoniser ses règles prudentielles, de promouvoir une meilleure compréhension du métier de la garantie et d’accroître la visibilité ainsi que la notoriété de l’Apiga au plan international. Il permettra également aux banques et autres institutions de financement qui y participeront, de bénéficier d’une retombée positive à partir de cette tribune où se rencontreront tous les acteurs de la chaine de financement des économies.
Mme Naka Gnassingbé de Souza, a fait savoir que la place et le rôle du financement de l’accès au crédit dans la croissance économique des pays africains n’est plus à démontrer. A cet égard, elle a précisé que les institutions de garantie ont la responsabilité de proposer des approches et mécanismes innovants pour sécuriser les financements en vue de rassurer les institutions financières, notamment les banques et établissements financiers qui manifestent des fois, une certaine frilosité dans l’accompagnement des entreprises, notamment les Pme Pmi.
La directrice générale du Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace), Mme Minafou Coulibaly-Koné, pour sa part, a souligné que le Saga répond à la nécessité pour les acteurs d’impulser les synergies indispensables à l’amélioration de leurs efficacités au profit des économies des différents pays. Après avoir rappelé que le marché financier africain est en pleine mutation, elle a précisé que le modèle de financement du développement des pays doit être repensé et réorganisé. Citant le cas de la zone Uemoa (Union économique et monétaire Ouest-africaine), elle dit avoir assisté à la mise en place et à la mise en œuvre de nouvelles mesures prudentielles avec un impact conséquent sur les différentes approches, puis un nouveau mécanisme de financement qui est piloté par la banque centrale à l’endroit des Pme. Outre ces dispositions, poursuit Mme Minafou Coulibaly-Koné, les banques et garants rencontrent des difficultés réelles, et les chiffres concernant le niveau de dégradation et de taux d’approvisionnement enregistrés d’année en année constituent des preuves. Conformément au rapport annuel de la commission bancaire, elle a montré que le taux de dégradation brute des banques de l’Uemoa au cours de ces dernières années a varié autour de 15,1% et 13,5% avec des niveaux de provisionnement assez important qui allait jusqu’à 60%. La qualité du portefeuille, même si elle s’est légèrement améliorée en 2016, donne toujours, selon elle, un niveau inquiétant. « L’encours des créances en souffrance brut des établissements de crédit de l’union a augmenté de 194 milliards pour se fixer à 2 milles 392 milliards en 2016 », a-t-elle précisé.
Au sujet du cas spécifique du Bénin, le taux de dégradation s’établit à 21% pour la même période avec des taux de provisionnement en constance croissance, a-t-elle poursuivi. Des résultats qui expliquent pourquoi les financements ne sont de plus en plus faits que pour une population non risquée disposant d’une garantie conséquente ou sans risque. Une condition difficile, indique Minafou Coulibaly-Koné, à remplir pour la grande majorité des Pme africaines pourtant vecteur de croissance et de richesse partagée. « Les fonds de garantie sont un gage et un socle de renforcement de la résilience du secteur bancaire et un accélérateur de l’accès des Pme au financement nécessaire de nos économies », a-t-elle conclu.
Pour le directeur général du Fonds de solidarité africaine (Fsa), Ahmadou Abdoulaye Diallo, le recours à l’outil de garantie financière est un des puissants leviers des économies des Etats membres. Outil dont le potentiel, regrette-t-il, demeure faiblement utilisé. D’où l’initiative du salon pour changer cette situation. Le Saga, insiste le directeur général du Fsa, constituera une plate-forme doublement intéressante qui institutionnalisera le dialogue permanent entre les acteurs de la garantie, source d’une meilleure satisfaction des attentes légitimes de chaque intervenant d’une part, et d’autre part, incitera les professionnels de la garantie à innover davantage pour répondre de façon efficiente aux enjeux du financement de nos économies.
A son tour, le ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, a signifié que la garantie est un sujet important au Bénin et de façon générale en Afrique. Selon lui, 90% de secteur privé africain est constitué essentiellement de Pme souvent freinées dans leur élan de promotion de développement par de nombreux handicaps surtout en matière de financement. « Leur conséquences sur le tableau socioéconomique du continent sont souvent sans appel. Un taux de chômage élevé, un taux de sous-emploi important, un accroissement des inégalités, le taxement de la croissance économique par endroit, la précarité et la vulnérabilité qui sont parfois le nid de l’insécurité et des conflits de toutes sortes », a fait savoir le ministre d’Etat. Rassurant de son soutien total, il nourrit l’espoir que cette plate-forme d’échanges sera le catalyseur d’une prise de conscience plus importante des garants dans les écosystèmes financiers. Abdoulaye Bio Tchané a, pour finir, émis le vœu qu’elle favorise les synergies d’actions nécessaires en tous et en tous les acteurs pour impulser véritablement le financement des Pme.
La première édition du Salon africain des garanties est annoncée à Cotonou les 21 et 22 février 2019.
F. Aubin AHEHEINNOU
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel