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La rue menant au domicile de l’ex chef d’Etat Boni Yayi est désormais ouverte à la circulation. Les policiers et militaires qui montaient la garde depuis les évènements du 1er et du 02 mai dernier ont levé le camp et la circulation a repris normalement. Les contrôles rigoureux, de même que les contournements auxquels les populations étaient confrontées avant de se rendre dans leurs domiciles, sont désormais conjugués au passé. S’il n’avait pas été malade, Boni Yayi même pourrait sortir et circuler librement. Un geste qui témoigne une fois encore de la maturité des béninois à surpasser les problèmes, à échanger entre eux, et trouver des solutions consensuelles aux différends qui les opposent.
Le Bénin à l’occasion des élections législatives du 28 avril dernier, a connu une crise politique aiguë jamais enregistrée dans l’histoire politique du pays depuis le Renouveau démocratique. Elle a été marquée par des violences d’une ampleur inédite soldée par des pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels. En dehors des actes de vandalisme et de violences enregistrées dans certaines régions le jour du scrutin, les évènements du 1er et du 02 mai dernier à Cadjèhoun dans la ville de Cotonou, la tension a encore monté d’un cran la semaine écoulée dans la commune de Tchaourou, ville d’origine de l’ex chef d’Etat Boni Yayi pour s’étendre à Savè, une localité proche, à la suite de l’arrestation des meneurs de troubles le jour du scrutin des élections législatives.
Le Bénin autrefois considéré comme un pays de paix, est devenu aux yeux de la communauté internationale, une zone de tension en Afrique et des interventions extérieures étaient nécessaires pour un retour au calme.
A l’origine de ces différents affrontements, pourrait-on dire, deux hommes. Boni Yayi, ancien président de la République, et Patrice Talon, président en exercice. Le premier veut user de tous les moyens pour faire échec aux élections législatives qui, selon lui, sont exclusives tandis que le second tient au respect des dispositions législatives, notamment la loi portant charte des parti politique et le nouveau code électoral. Deux lois fondamentales que les députés ont unanimement votées à l’Assemblée nationale et qui ont bouleversé le paysage politique du pays. Leur application a eu comme conséquence, l’exclusion des anciennes formations politiques, dont celle de l’ex résident Boni Yayi de la course pour les législatives.
Au regard de la tension dans le pays, notamment les dernières affrontements entre populations et forces de l’ordre à Tchaourou et à Savè, les appels fusaient de toutes parts en vue des interventions extérieures pour faire injonction au président Talon pour un retour au calme dans le pays, et libérer le domicile de Boni Yayi. Il n’en était point question, retient-on depuis quelques heures.
Les différents acteurs de la crise, le président de la République notamment se sont montrés ouverts au dialogue. Patrice Talon l’a manifesté en recevant en audience les délégations de Tchaourou et de Savè pour des échanges. Quelques heures après le passage de ces deux délégations, il a ordonné la libération du domicile de Boni Yayi. Autant de gestes qui témoignent de la grandeur de l’homme et sa capacité à apaiser les uns et les autres. Ce faisant, il a prouvé à ses détracteurs qui en appelaient à des interventions extérieures, que la solution était juste à côté. Pas besoin des interventions extérieures telles que la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), de l’UA (Union Africaine), et autres. Comme le dit le résident de la République, « tout ceci est effectivement une crise de croissance de notre démocrate. Nous avons certainement beaucoup appris de cela ». En toute humilité, il a par ailleurs pris la résolution, de demander pardon à tout le peuple béninois au nom des acteurs politiques.
F. Aubin AHEHEHINNOU