984 visiteurs en ce moment
L’ONG Initiative pour l’Education et le Contrôle du Tabagisme (IECT) a organisé le 02 février 2018, un séminaire d’appropriation par les professionnels des médias de la nouvelle loi anti-tabac à l’hôtel Les Joyaux à Abomey-Calavi. A la fin des travaux, le président de ladite association Augustin Faton explique les tenants et aboutissants de cet atelier.
A l’initiative de l’ONG IECT, un atelier a réuni le vendredi 02 février 2018, des journalistes. De quoi était-il question ?
Augustin Faton : Il s’agit d’un atelier qui porte sur l’appropriation de la loi anti-tabac nouvellement promulguée par le chef de l’Etat. Il était important pour nous, acteurs de la société civile, de nous faire entendre autrement. Les médias étant les relais les plus efficaces pour atteindre le bas peuple, et même pour informer les décideurs, nous avons jugé utile que la première cible pour cette action était les médias. C’est ce qui justifie l’organisation de ce séminaire pour permettre à la presse de s’approprier le texte.
Qu’attendez-vous des médias ?
Au-delà de l’appropriation du texte, nous attendions aussi que les médias puissent faire des propositions concrètes afin de nous aider dans la mise en application de ce texte. Il s’agit de comment les impliquer dans l’application de ce texte, du rôle qu’ils vont jouer, et selon eux, quelles sont les dispositions de ce texte qui ont besoin d’instruments juridiques pouvant faciliter sa mise en œuvre. Ce sont toutes ces questions qui ont fait l’objet de cette séance. Nous sommes vraiment contents parce que les hommes des médias ont répondu nombreux à cette séance et ont donné le meilleur d’eux-mêmes et nous pensons que leurs contributions serviront dans les propositions de la société civile pour mobiliser les ressources dont nous avons véritablement besoin dans la lutte anti-tabac.
Après cette promulgation, quel sera votre prochain combat ?
C’est la mise en œuvre, parce que nous Béninois brillons dans la prise de mesures législatives mais sommes absents lorsqu’il s’agit de la mise en œuvre. Nous allons faire en sorte que la loi anti-tabac nouvellement promulguée fasse exception à cette pratique. Nous allons faire en sorte que ce texte soit appliqué, et c’est pourquoi nous prenons déjà le taureau par les cornes pour que cela puisse être une réalité. La bataille à venir, c’est le champ de l’application des dispositions de cette loi.
Par rapport à la loi de 2006, qu’est ce qui a changé, qu’apporte de plus la nouvelle loi ?
Cette loi a apporté de grandes innovations. Je ne dirais pas que la loi de 2006 était une mauvaise loi, non, pas du tout. Elle était obsolète, si on regarde le contexte de la lutte anti-tabac au niveau international, et aussi les développements qu’a connu la CCLAT aux différents rendez-vous liés à son appropriation avec les lignes directrices adoptées depuis 2008 pour faciliter la domestication de ce texte par les Etats parties. Alors, quand on regarde tous ces développements, la loi de 2006 était caduque. Elle ne répondait plus aux objectifs de la Convention et il fallait la changer. Comme innovations apportées par la nouvelle loi, c’est déjà le conditionnement du tabac qui va changer, les avertissements sanitaires sous forme d’images. Une image vaut mille mots. Avec une population analphabète, c’est mieux de communiquer par les images que par les textes. Ça va être des images qui couvriront une superficie beaucoup plus large sur le paquet. A travers la mise en œuvre de ce texte, nous allons transformer le paquet de cigarette en un outil de sensibilisation. C’était un outil de propagande de l’industrie du tabac mais désormais, il sera un outil de sensibilisation. La loi prévoit aussi un office pour assurer sa mise en œuvre, et c’est une grande innovation. Une loi qui interdit la publicité, la promotion et le parrainage sous toutes leurs formes. Ce sont des avancées. Une loi qui prévoit que la société civile soit impliquée dans la lutte anti-tabac, dans les organes de gestion de la lutte anti-tabac, c’est des avancées. Il y a beaucoup d’autres innovations que cette loi apporte et qui dictent même les comportements à adopter par les personnalités publiques en charge des questions de lutte anti-tabac. On a essayé ici de mettre en œuvre l’article 5.3 de la Convention-cadre qui stipule qu’en mettant en œuvre leurs politiques de santé publique en matière de lutte anti-tabac, les parties doivent veiller à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac. Ici, la loi a prévu que les autorités en charge de la lutte anti-tabac soient éloignées de l’industrie du tabac et qu’il n’y ait pas des accords avec l’industrie du tabac. C’est des innovations et il y en a beaucoup.
Avez-vous un appel à lancer ?
Le chef de l’Etat a montré son engagement en promulguant ce texte, mais au-delà de l’engagement nous attendons que le Président de la République puisse travailler avec tous les acteurs à ce que les structures qui doivent s’occuper de la mise en œuvre de ce texte soient mises en place, notamment l’Office national pour la lutte contre le tabagisme. Nous voulons aussi que le chef de l’Etat fasse en sorte que le budget national dote la lutte anti-tabac de ressources pour permettre aux médias de travailler à informer et sensibiliser les populations. C’est important. Nous attendons aussi que toutes les autorités à divers niveaux s’engagent dans la lutte afin de faire en sorte que l’application de cette loi soit une réalité.
Réalisée par Juliette MITONHOUN
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel