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Interview avec Joël AKOLI EKLOU de l’Association Togolaise pour le Bien Etre Familial (ATBEF)

« Dans l’ESC, on voit le sexe, or la sexualité n’est pas que le sexe ».




Démarré en 2008 au Togo, le processus de réalisation de l’Education Sexuelle Complète (ESC) a pris fin en 2014. Sa phase d’évaluation dans une vingtaine d’écoles et son évaluation ont eu lieu en 2015. Même si ce parcours a connu quelques difficultés, le Togo a gagné ce pari comparativement à d’autres pays de la sous-région ouest africaine francophone. Responsable Marketing, Communication et Mobilisation des Ressources à l’ATBEF (association membre de l’IPPF), Joël AKOLI EKLOU parle dans cette interview, des différentes étapes qui ont abouti à ce succès.

Pourquoi avoir initié une Education Sexuelle Complète (ESC) à l’endroit des jeunes et quelles en sont les avantages ?
Aujourd’hui, nous sommes d’accord sur le fait que l’ESC reste la meilleure stratégie devant permettre aux jeunes de s’épanouir. Dans le thème « Epanouir », nous avons beaucoup de sous-thèmes. L’épanouissement n’est pas seulement lié au facteur « Santé ». C’est également lié à l’éducation, à la confiance en soi, l’estime de soi ; un certain nombre de composantes qui sont réunies dans l’ESC. Les études réalisées dans ce domaine démontrent que l’ECS permette aux jeunes de prendre des décisions éclairées. Par exemple, si un ou une jeune veut entamer une vie sexuelle, et s’il ou elle est déjà en contact avec l’ESC, il ou elle connait en amont les avantages et les inconvénients de cette vie sexuelle. Il ou elle prendra donc une décision qu’il assume.
L’une des trois composantes de l’ESC est le bien être sexuel. N’est-ce pas (ESC) un guide ou un outil pour inciter les jeunes à la précocité des rapports sexuels ?

L’une des 7 composantes est le plaisir ou l’épanouissement. Si le jeune sait que derrière l’acte sexuel, c’est un plaisir qui est recherché, il est normal qu’il n’aille pas se laisser aller à un commerce sexuel. Si le jeune sait que le rapport sexuel lui permet d’avoir un plaisir, il ne va se laisser aller avec un homme plus âgé (lorsqu’il s’agit d’une jeune dame) juste parce qu’elle fait l’objet d’une pression psychologique, morale, financière. La jeune fille ou le jeune garçon décide de l’acte sexuel parce qu’il ou elle veut aller au plaisir, un élément important. Le plaisir est différent de la génitalité de la reproduction. On va aux rapports sexuels, pas pour seulement avoir un enfant. On y va aussi pour avoir le plaisir.
Aujourd’hui, l’ESC est effective dans certaines écoles au Togo. Comment êtes-vous arrivés à ce niveau, étant donné que la sexualité est un sujet tabou dans nos sociétés africaines ?
Au démarrage de la réalisation du projet, c’était un plaidoyer et le gouvernement a été sensible à cela, surtout par rapport à l’environnement que l’on peut décrire avec le taux élevé de grossesses précoces et non désirées dans le milieu scolaire, y compris les infections sexuellement transmissibles et le VIH….Dans ce sens, nous avons eu à aller vers l’expérimentation de l’ESC à travers des écoles pilotes et après il y a eu une évaluation. Nous sommes donc à ce niveau. Nous avons eu des résultats assez probants. Maintenant, nous sommes en train de faire le plaidoyer pour que le gouvernement puisse investir dans ce projet afin que nous puissions le mettre à l’échelle nationale. L’expérimentation n’a été faite que dans une vingtaine d’écoles. Lorsque vous imaginez le nombre d’école qu’il y a au Togo, vous voyez qu’il y a encore du travail à faire. Mais essentiellement, c’est un travail de mise à échelle étant entendu que les développements de curricula ont été déjà menées et élaborées. La prochaine étape, c’est de pouvoir trouver les ressources pour la mise à échelle nationale.
Quelles sont les stratégies adoptées pour que parents d’élèves, directeurs d’écoles, maitres et maitresses, professeurs….acceptent cette nouvelle matière dans leur emploi du temps ?
Ils ont été très sensibles. C’est vrai, je dois dire que nous avons pris la chose assez haute. Nous avons parlé avec les ministres de la santé, de l’éducation, des affaires sociales et après avec les inspecteurs. Vu l’importance de l’activité, les professeures ont adhéré.
Qui sont ceux qui enseignent cette matière et quels sont les messages clés adressés aux apprenants ?
Au Togo, l’ESC a commencé déjà au niveau de la maternelle. L’enfant de 2 ou 3 ans se pose souvent des questions sur son corps et en tant que parent, on ne leur dit pas la vérité. On leur donne des informations adaptées à leur âge. C’est ce que nous avons fait jusqu’au niveau terminal. Certains professeurs titulaires d’un certain nombre de matières ont suivi des formations spécifiques. Nous avons intégré l’ESC dans leur programme. Pour le primaire, ils travaillent pour la plupart du temps sur images. Nous avons confectionnés des posters et dans les échanges le jeune arrive à s’exprimer.
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés ?
La première difficulté est relative aux pesanteurs socio-culturels. Quand on parle de l’ESC, tout de suite, les gens se demandent ce que vous voulez faire avec les enfants. Dans l’ESC, on voit le sexe, or la sexualité n’est pas que le sexe. La sexualité va au-delà du sexe. J’exprime ma sexualité quand j’écris par exemple une lettre d’amour, quand je regarde un film d’amour. Ce n’est pas que le rapport sexuel. Malheureusement, beaucoup de personnes ne le comprennent pas. Dans notre contexte africain, c’est très difficile. Nous avons donc travaillé avec les chefs religieux et la fédération des parents d’élèves. Nous avons formé des pairs éducateurs au sein de la fédération, qui a leur tour ont informé les parents sur le bien-fondé de l’ESC.
Quelle sera la prochaine étape ?
La prochaine étape ressemble malheureusement encore à un plaidoyer. Il s’agira d’exhorter l’Etat à investir dans la mise à échelle nationale. Avec ce coup de fouet, les Partenaires Techniques et Financiers prendront également le pli.

Propos recueillis par Makéba Tchibozo

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