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Lors de sa sortie médiatique du 11 avril 2019, le Président de la République du Bénin - Son Excellence Patrice TALON - avait exposé de façon claire et passionnelle sa conception des pouvoirs discrétionnaires que lui confère la Constitution de notre pays. Il avait expliqué de fort belle manière qu’il entend respecter ladite Constitution et qu’il est en outre attaché à l’application rigoureuse des lois votées par nos députés, notamment la Charte des Partis politiques et le Code électoral.
Cette posture est véritablement louable pour un Président de la République et nous l’en félicitons vivement. Toutefois, bien qu’ayant contribué à l’élection du Président Talon en lui donnant mes suffrages les 6 puis 20 mars 2019 et bien que continuant à supporter objectivement ses actions visant à améliorer les conditions de vie de notre peuple, j’étais resté un peu sur ma faim au terme de l’émission comme bon nombre de nos concitoyens qui espéraient que le Chef de l’État allait saisir l’interview télévisée qu’il avait sollicitée pour décrisper la situation sociopolitique que traverse notre pays depuis quelque temps. Aussi, quoique supportant les actions que pose le Président Talon dans l’intérêt de nous tous et tenant compte de la légalité prisée et fièrement affichée par lui, je fais partie de ceux qui ne comprennent pas :
i. Pourquoi le Chef de l’État n’avait rien fait lorsque la Cour Constitutionnelle avait indument créé le Certificat de conformité comme pièce de candidature faisant partie intégrante du Code électoral antérieurement voté et promulgué ?
ii. Pourquoi il n’avait pas œuvré pour le respect de la loi lorsque la CENA, au lieu d’appliquer rigoureusement le Code électoral, avait erré en qualifiant illégalement de mineurs des manquements de certains partis politiques dans la constitution de leurs dossiers de candidature et - ce faisant - leur avait injustement évité d’être recalés ?
iii. Pourquoi le Président de la République s’était-il abstenu de prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu’une Charte des Partis Politiques et un Code électoral inapplicables soient finalisés ?
iiii. Pourquoi n’a-t-il pas pu obtenir des députés du Bloc de la Mouvance Présidentielle (BMP) leur participation effective, constructive et sincère aux travaux de recherche d’un consensus national auxquels il avait convié le Parlement, alors que lesdits députés ne peuvent pas oser lui refuser quoi que ce soit ?
Il me semble que le pays n’aurait pas été plongé dans la présente crise préélectorale si des actions idoines avaient été prises en amont par l’Exécutif pour empêcher les délires de certains politiciens. Le Président de la République, dans sa posture de légaliste, n’a pas voulu accorder du crédit aux solutions de sortie de crise qui lui ont été conseillées par diverses personnes-ressources dont la plupart ne font pas partie de sa mouvance. Il a préféré plutôt poursuivre le processus électoral selon sa vision portée par les députés du BMP ainsi que par la plupart des institutions et autres organes de la République qui devraient pourtant être indépendants de l’Exécutif.
À mon humble avis, il s’agit là d’une grave erreur car certaines des solutions proposées par les personnes-ressources mentionnées ci-dessus sont des mesures appropriées et faciles à mettre en œuvre pour une sortie de crise effective. En paraphrasant Sheikh Ibn Abdel Aziz Ali, je voudrais une nouvelle fois attirer la haute attention du Chef de l’État sur le fait que celui qui te laisse faire dans certaines situations te trompe.
Je pense qu’il est toujours temps, encore aujourd’hui, de reconstituer notre concorde nationale en stoppant l’organisation des législatives sans les Forces de l’opposition. De telles élections ne seront nullement bénéfiques pour le pays. Elles ne conféreront pas non plus une légitimité aux députés mal élus qui en seront issus. De plus, je me demande quelle satisfaction de tels députés pourraient tirer desdites élections s’ils ont ne serait-ce qu’une infime vergogne ? À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire dit-on.
L’option prise actuellement d’imposer une élection sans les Forces de l’opposition va-t-elle prospérer ?
Les partis d’opposition ont clamé jusque-là qu’il n’y aura pas d’élection sans eux. Cela suppose qu’ils ont des moyens légaux et autres artifices à utiliser pour contraindre le gouvernement à organiser des élections inclusives. Ce qui préoccupe nombre d’entre nous est le prix à payer par notre pays et notre peuple si une telle contrainte venait à être effective.
C’est pourquoi j’invite instamment et respectueusement le Président de la République à reconsidérer les impacts sur la paix au Bénin et son développement socioéconomique d’une élection sans les forces de l’opposition et d’une élection inclusive par la force des choses.
Je pense pour ma part que l’option optimale pour notre pays et le bien-être de l’ensemble des béninoises et béninois serait d’organiser des élections législatives inclusives sans y être contraint à le faire. Pour finir, je voudrais - à l’instar de Franklin Roosevelt - rappeler simplement que GOUVERNER C’EST MAINTENIR LES BALANCES DE LA JUSTICE EGALES POUR TOUS.
Puisse le Grand Créateur accorder la paix pascale au peuple béninois.°.
Dr. Ing. Pamphile CODO
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