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Très peu prolixe, le 2e Vice-président de l’Assemble nationale prend la parole. Face à une actualité abondante et comme il le fait périodiquement, autant que ses occupations le lui permettent, Robert Gbian se prononce. Sans langue de bois, il évoque tous les sujets. Le Programme d’action du gouvernement (PAG), les opérations de déguerpissement, les limogeages de cadres à la douane et dans la police et/ou la Gendarmerie, le débat suscité par l’interdiction des voies publiques par les confessions religieuses, la fausse polémique des 1331 militaires fictifs… il parle de tout. le soutien réitéré de Adrien Houngbédji au président Talon, la dissidence au sein de la RB (Renaissance du Bénin) et même la fermeture de certains médias par la Haac, aucun sujet n’échappe à son appréciation. Avec un point d’honneur à rester dans la ligne de la Rupture avec son soutien au président Talon. Lisez plutôt.
Robert Gbian, vous êtes le 2e vice-président de l’Assemblée nationale du Bénin, nous commençons cette interview par une question d’actualité. Vous ne vous êtes pas prononcé contre l’opération de déguerpissement en cours à Cotonou et dans les grandes villes du Bénin. Qu’en pensez-vous ?
Je n’aime pas trop l’expression déguerpissement car selon moi il s’agit d’opérations de libération de l’espace public. Il est évident que les opérations que vous évoquez suscitent beaucoup de polémiques. D’abord entre la mairie et le pouvoir central, puis au niveau de la population elle-même. Je pense qu’il faille faire remarquer avant tout que l’objectif qui est de débarrasser nos voies et places publiques est noble. Mais les contingences de délai peuvent avoir été apprécié diversement et impacter l’ensemble de l’opération. Nous aurions tous voulu qu’on accorde plus de temps à la sensibilisation mais en même temps jusqu’à quand ? C’est très délicat et c’est pour ça qu’il faut saluer la compréhension d’une majorité de la population qui a contribué au succès de l’opération de même que certaines autorités municipales qui ont entamé sans délai un processus de réinsertion dans des sites appropriés. L’opération a réussi à plus de 80% selon la préfecture. Le plus important pour moi est d’écouter la désolation de ceux qui n’ont pas eu une solution palliative immédiate et de leur faire la proposition adaptée, cela ressort de la compétence de nos autorités préfectorales et communales auxquelles je fais entièrement confiance. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs et cette opération s’inscrit dans le plan du gouvernement de moderniser nos grandes villes.
Ce déguerpissement a occasionné des échanges des démêlés entre le préfet et le maire….
C’est prévisible que sur un sujet aussi délicat, le maire qui est une autorité de proximité et qui doit protéger ses populations ne soit pas toujours en concomitance avec le préfet qui est chargé de faire respecter les décisions du pouvoir central. Mais l’apaisement semble de retour entre les deux qui, quoi qu’il arrive, sont contraints de travailler ensemble. Il ne s’agit pas ici de dire qui est plus puissant que l’autre mais, dans le cadre de la complémentarité des rôles, de travailler de synergie pour que les objectifs du gouvernement soient atteints par la mise en application des dispositions.
On a assisté ces dernières semaines à des limogeages tous azimuts. Au niveau de la direction des douanes d’une part mais aussi de de la police et de la gendarmerie d’autres part dans le cadre de la lutte contre les surcharges. Beaucoup estiment ainsi que la rupture, c’est la disproportion des sanctions ?
Il faut éviter la confusion. Il s’agit de deux choses différentes. D’un côté, le Directeur général de la Douane et son adjoint de même que certains cadres de la même institution et de l’autre, des responsables de la police et de la Gendarmerie. Dans ce dernier cas, le gouvernement a voulu donner un signal fort pour que nos forces de l’ordre qui veillent à la sécurité routière prennent davantage leur responsabilité et aiguisent leur vigilance. Face à la recrudescence des morts liés aux accidents de routes, à la banalisation de la vitesse sur nos routes, je comprends l’intransigeance et la fermeté du gouvernement. Nous devons tous applaudir de telles décisions. Quant aux limogeages à la douane, je l’ai appris tout comme vous par voie de presse et je n’en sais pas grand-chose. Il faut tout de même dire que connaissant l’attachement du président Talon à la probité notamment dans l’administration douanière, il est évident qu’il leur reproche quelque chose de plus avéré et de plus inadmissible que ce que vous pouvez penser. Le commandant Saka qui dirige désormais notre douane est jeune et très compétent à en croire les premiers témoignages, l’essentiel est de l’aider à réussir sa mission.
Toujours l’actualité, l’occupation des voies publiques pour des activités religieuses, notamment la prière des musulman, est désormais interdite, vous êtes musulman, cela vous choque-t-il ?
L’interdiction n’est pas particulièrement choquante. Même si l’usage des voies est une habitude pour des activités religieuses. Que ce soit les chrétiens pour des fêtes comme le Christ Roi ou le Chemin de Croix ou les musulmans pour la prière comme vous l’évoquez. Mais les arguments du gouvernement ont été convainquant, de même que le chef de l’Etat lors de sa rencontre avec la communauté musulmane. Le père Pénoukou qui est l’aumônier catholique des cadres politiques a aussi dit avoir compris le gouvernement sur le sujet. Cette interdiction est avant tout d’ordre structurel et sécuritaire. Toutes les parties concernées ont réussi à s’entendre. Néanmoins, je pense que la méthode du préfet Toboula n’a pas été appréciée. Le sujet est plus délicat qu’il ne semble l’avoir compris. C’est ce qui a sans doute nécessité l’intervention personnelle du président Talon. Considérons dès lors que le sujet est clos.
Revenons aux sujets mêmes de notre entretien, le Programme d’action du gouvernement (Pag). Le Bénin Révélé est une dose excessive d’ambition ?
Il n’y a jamais aucun excès quand il s’agit de l’ambition pour un pays. Je pense que le gouvernement a voulu capitaliser toutes les potentialités de notre pays pour les mettre en actes concrets, viables et pertinents. J’ai été moi-même impressionné par les démonstrations du gouvernement. Je veux aussi et surtout nous dire que, connaissant personnellement le président Talon, ce plan est à son image. Il est un homme mu d’ambition pour son pays. Il veut aller le plus loin possible. Cela comporte sans doute un risque mais vaut la peine.
Mais ne craignez-vous pas qu’on n’y arrive jamais ?
Je comprends les hésitations et je partage même certaines d’entre elles. Le budget par exemple est colossal mais possible. Le gouvernement n’a pas voulu être seulement rhétorique, il a démontré que c’est possible. Il suffit de maitriser nos dépenses publiques sur d’autres fronts. Concernant le PAG plusieurs arguments démontrent la volonté et la détermination du Président Talon et de son gouvernement à relancer l’économie nationale et à améliorer durablement les conditions de vie des populations. Cela est noble et mérite tout le prix à payer.
Mais les chiffres sont pharaoniques ?
Oui, si l’on n’est pas ambitieux. Je donne un exemple. Sur le quinquennat plusieurs projets dont 45 projets phares seront financés dans les secteurs vitaux de l’économie pour un montant de 9 039 milliards de FCFA. Cela est bien possible quand on voit la réalité de notre budget en cours, qui est tout de même réaliste. Budget important mais avec des retombées conséquentes. Environ 500.000 emplois directs et indirects seront créés. Ce sont là des chiffres suffisamment illustratifs. Qui changeront tout dans notre pays. Osons être ambitieux pour une fois, avec notre gouvernement.
Quels sont pour vous les projets les plus innovants et les plus urgents ?
Tous sont importants. Après, c’est en fonction des priorités et des moyens disponibles en ce moment. Il y a une cohérence d’actions entre les projets. La Modernisation du marché de Parakou, la réalisation du e-commerce, la mise en valeur de la basse et moyenne vallée de l’Ouémé, les infrastructures routières, la filière thermique avec la garantie d’un accès compétitif à l’électricité sont du domaine économique. La Réhabilitation – Tata Somba, la Réhabilitation du Parc de la Pendjari sont plutôt touristiques. La place de l’internet et du haut débit, le très haut débit même est la preuve d’une prise en compte du marché du numérique qui est une économie à part entière.
Il y a aussi le volet social qui englobe à la fois la modernisation des voiries, un programme habitat social et l’accès à l’eau. Mais une proposition très judicieuse est la mise en place d’une protection sociale pour les plus démunis. C’est très louable.
Me Adrien Houngbédji qui, lors d’une sortie politique réitère son soutien et celui de son parti au gouvernement, la Renaissance du Bénin (RB) qui connaît une dissidence… les contextes et enjeux politiques se recomposent, apparemment ?
Pas vraiment. (Sourire). Le soutien du président Houngbédji n’est pas nouveau. C’est un homme d’Etat, d’une cohérence impressionnante et d’une vision pragmatique et de compromis au service de la paix et de la stabilité. Depuis l’élection de talon, sa position est claire, même s’il sent parfois l’utilité de la réitérer. Je travaille avec lui avec plaisir et passion et je peux vous dire qu’il est un homme de parole et de principe. Quant à la dissidence au sein de la RB, je n’en suis pas membre et je la suis comme vous, à travers médias interposés. J’ai toujours eu, depuis longtemps, une admiration sans pareille et un immense respect pour le président Soglo, fondateur de ce grand parti et je ne peux que souhaiter le retour rapide de la sérénité. La capacité des Béninois à dominer la division pour l’intérêt général est bien connue, je lui fais confiance.
On ne peut pas vous faire une interview sans aborder la polémique des militaires fictifs. Ils seraient 1331… Et quand vous avez été le directeur de l’intendance militaire, le sujet ne peut pas passer inaperçu pour vous ?
Je l’ai aussi suivi de près pour des raisons que vous évoquez. Je savais dès le début qu’il s’agit d’erreurs ou de manipulations. C’est désormais clair avec les explications officielles et les rectifications du chef d’Etat-major de notre armée. Je déplore la polémique qu’on aurait pu éviter et qui n’a pas servi notre armée qui, sous la houlette du président Talon, est la vitrine la plus digne de notre souveraineté à travers sa présence remarquée sur plusieurs fronts en Afrique et dans le monde et son obstination à assurer à notre territoire son intégrité et sa sécurité. Je ne veux pas revenir sur une polémique dont tous les points d’ombre ont été levés, je préfère saisir l’occasion pour saluer ces femmes et hommes qui, sous notre drapeau, risquent leur vie pour nous. Je souhaite tout de même que la délicatesse par laquelle il convient d’aborder les questions liées à l’armée nous imposent d’éviter à l’avenir de pareilles polémiques.
Nous allons finir avec la question de fermeture de certains organes de presse qui porte atteinte à notre traditionnel attachement à la liberté de presse et qui n’honore pas notre pays…
La fermeture des organes de presse dans un Etat de droit tel que le nôtre n’est pas souhaitable, c’est même dangereux pour notre démocratie et ses acquis. Je pense que la Haac est motivée par le souci de faire respecter les lois. Concernant les cas qui défraient la chronique depuis quelques semaines il faut reconnaître que ce qui fait défaut est la concertation entre les responsables des organes impliqués et les Responsables de la HAAC. Personnellement, je suis pour la réouverture desdits médias sans délai, dans le respect de la loi. Cela est du ressort de la Haac à qui il faut continuer à faire confiance. Je connais l’attachement que je partage du président Talon à la presse et son admiration pour ses acteurs qui se battent dans les conditions dures pour faire leur travail. Cette situation n’est pas bonne pour l’image de notre pays, il faut rectifier le tir, à la lumière de la loi.
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