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La Banque mondiale dans son dernier rapport intitulé Africa’s Pulse publié ce lundi 08 avril 2019, a souligné que le Bénin fait partie des pays ayant enregistré une croissance économique solide en 2018. Selon ce rapport, l’institution financière a annoncé la baisse de la croissance des pays d’Afrique subsaharienne, à 2,3 % la même année.
Cette croissance du Bénin serait soutenue par la reprise des activités portuaires et par le secteur agricole à travers les filières telles que le coton, l’anacarde, l’ananas etc. Plusieurs pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont aussi enregistré une croissance économique solide en 2018.
A l’annexe du rapport, l’institution financière a consigné des faits stylisés relatifs aux caractéristiques macroéconomiques et financières qui déterminent la résilience de la croissance des pays d’Afrique subsaharienne. En effet, les chocs extérieurs négatifs et une médiocre gestion économique ont eu des répercussions sur les moyens de subsistance africains de 2015 à 2018. Selon le journal l’Economiste, le message principal qu’est d’atteindre une croissance soutenue et résiliente en Afrique subsaharienne, exige d’améliorer la qualité institutionnelle, de stimuler la productivité dans le secteur agricole et de réduire le profil de risque de la dette publique. « La mauvaise répartition des ressources dans l’agriculture expliquerait la productivité globale plus faible dans la région.
L’accumulation de la dette menace la soutenabilité de la dette publique, alors qu’une part croissante de celle-ci est due à des créanciers privés et libellée en devises étrangères. Développer les marchés financiers domestiques est nécessaire pour attirer des investisseurs nationaux et financiers afin de susciter davantage d’entrées de capitaux », souligne le rapport.
L’économie subsaharienne pour la quatrième année consécutive, progresse moins vite que l’accroissement démographique malgré des prévisions régionales plus favorables pour 2019. Ces prévisions tablent sur un rebond à 2,8 %, et la croissance ne parvient pas à franchir la barre des 3 % depuis 2015. Cette situation qui reflète l’incertitude de la conjoncture internationale, s’explique aussi, selon le rapport Africa’s Pulse, de plus en plus par les incertitudes politiques et réglementaires et par la fragilité des économies concernées.
Pour l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack, la croissance globale plus lente que prévu reflète l’incertitude qui règne à l’échelle mondiale, mais découle de plus en plus de l’instabilité macroéconomique nationale, notamment une dette mal gérée, une inflation et des déficits ; incertitude politique et réglementaire ; et la fragilité qui a des impacts négatifs visibles sur certaines économies africaines. Ce qui contredit également la performance accrue de plusieurs petites économies qui continuent de croître régulièrement.
Evoquant le cas du Nigéria, la croissance est ressortie à 1,9 % en 2018, en hausse par rapport à 2017 (0,8 %), à la faveur d’une légère reprise du secteur non pétrolier. L’Afrique du sud quant à elle, est sortie de la récession au troisième trimestre 2018. Mais la croissance est restée atone, à 0,8 %, tout au long de l’année, et les incertitudes politiques découragent les investissements.
Par ailleurs, l’Angola, troisième économie de la région, est demeuré en récession, l’activité étant plombée par la faiblesse persistante de la production pétrolière. En effet, dans certains pays riches tels que la République démocratique du Congo et le Niger, la croissance est à la hausse, soutenue par le redressement de la production minière et du prix des matières premières, ainsi que par le rebond de la production agricole et des investissements publics d’infrastructures.
Au Libéria et en Zambie, la croissance est restée modérée parce que les investisseurs restent méfiants face au niveau soutenu de l’inflation et de l’endettement.
Dans l’espace Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), le redressement se poursuit, mais demeure fragile. Les réformes destinées à réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs ayant marqués le pas dans certains pays. Enfin, les économies moins tributaires des ressources naturelles, comme le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda ainsi que plusieurs pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, dont le Bénin et la Côte d’Ivoire, ont affiché de solides performances en 2018, précise le rapport.
La part du numérique pour une croissance inclusive en Afrique subsaharienne
« Les technologies numériques sont une opportunité de trouver de nouvelles voies vers une croissance économique rapide, l’innovation, la création d’emplois et l’accès aux services en Afrique », notent les experts de la Banque mondiale. Pourtant, la plupart des habitants de cette région d’Afrique n’ont toujours pas accès à internet, les entreprises sont lentes à adopter les technologies numériques pour améliorer leur productivité, et rares sont les gouvernements qui investissent de manière stratégique dans le développement de l’infrastructure numérique, des services, des compétences et de l’esprit d’entreprise.
« Pour que l’Afrique subsaharienne puisse tirer partie des possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication, il est nécessaire de réduire la fracture numérique par rapport aux autres pays en développement et aux pays avancés.
Les gouvernements africains doivent également mettre en place un cadre juridique et réglementaire solide qui favorise la concurrence. Pour éradiquer l’extrême pauvreté d’ici 2030, un changement technologique radical s’impose, et les pays doivent adopter ces nouvelles technologies. Dans ce contexte, la région doit continuer à faire des efforts pour entrer de plein pied dans la quatrième révolution industrielle », indique le document.
La dernière édition d’Africa’s Pulse s’est penchée particulièrement sur les moyens de tirer partie de la révolution numérique pour parvenir à une croissance durable et inclusive.
« La transformation numérique peut apporter à l’Afrique subsaharienne une hausse annuelle de la croissance de pratiquement deux points de pourcentage et permettre un recul de la pauvreté de quasiment un point de pourcentage par an.
C’est une révolution qui changera véritablement la donne en Afrique », précise Albert Zeufack.
Les principaux enjeux sont les suivants : combler la fracture numérique et créer une économie numérique compétitive. Ainsi, l’économie numérique doit être inclusive et réduire les fossés entre les sexes, les revenus et les zones rurales. Des réglementations sont indispensables pour créer un environnement propice à une utilisation innovante et audacieuse de la technologie.
La fragilité d’un petit nombre de pays prive l’ensemble de l’Afrique subsaharienne de plus d’un demi-point de pourcentage de croissance par an, l’équivalent de 2,6 points de pourcentage en cinq ans. « Les facteurs de fragilité ont évolué au fil du temps, tout comme les solutions.
Les pays ont une réelle opportunité de passer d’une fragilité à une autre en coopérant au-delà des frontières pour lutter contre l’instabilité, la violence et le changement climatique », a souligné l’économiste principal et auteur principal du rapport, Cesar Calderona.
F. A. A.