498 visiteurs en ce moment
La présente réflexion est une contribution en vue d’attirer l’attention des autorités en charge de l’enseignement supérieur face à la crise de la croissance démographique dans les universités publiques béninoises.
Pour apprécier la capacité accueillir et à former les nouveaux étudiants en nombre toujours croissant d’année en année, des collectes de données relatives aux inscriptions à l’UAC, à la disponibilité du personnel enseignant de formation et d’encadrement, des infrastructures et équipements d’appui à la formation sont faites.
L’accessibilité à l’instruction, à la formation de la couche juvénile dans les centres publics est un impératif de développement. Dans les pays sous- développés, l’effectif des candidats au premier diplôme universitaire qu’est le baccalauréat est en forte croissance. Il en est de même des candidats qui obtiennent ce précieux sésame et qui du coup, prennent d’assaut les universités publiques en général et le campus d’Abomey-Calavi en particulier. Si autrefois, le taux d’admissibilité au baccalauréat ne dépasse pas 10%, il dépasse de nos jours les 30%.
Le tableau I montre les nombres des inscrits au baccalauréat ainsi que les taux de réussite sur les cinq (5) dernières années au Bénin. Ces chiffres traduisent la pression qui s’exerce sur les universités publiques et notamment sur le campus de l’UAC, compte tenu de leur capacité d’accueil de nouveaux étudiants.
Tableau I :Inscrits et taux de réussite au baccalauréat au Bénin de 2012 à 2016
Source : Office du baccalauréat, 2016
Après avoir décroché le premier diplôme universitaire, plus de 75% des nouveaux bacheliers s’inscrivent dans les universités publiques dont plus de 50% pour l’UAC seule. Ceci est favorisé par les frais d’inscription et de formation relativement faible ou gratuit dans ce haut lieu de savoir comparativement aux universités privées. A cela, il faut ajouter les inscriptions des nouveaux étudiants pour bénéficier des services sociaux à savoir : le faible coût de transport étudiants pour aller au cours, le service de la restauration universitaire, les inscriptions pour bénéficier par la suite de son secours universitaire parce qu’ayant obtenu onze sur vingt (11 / 20) comme moyenne au baccalauréat, les activités socioculturelles qui génèrent quelques revenus.
Ces raisons font de l’UAC, l’université qui a les plus gros effectifs dans ses établissements avec un record pour la FLASH. Ces gros effectifs influencent négativement le taux d’encadrement des apprenants. Le nombre d’enseignants qualifiés est toujours en nombre insuffisant pour bien encadrer et former les apprenants en nombre toujours croissant ; les infrastructures (salles de cours, centres de documentation, laboratoires, centres d’expérimentation etc.) et les matériels didactiques et pédagogiques sont également insuffisants.
Cette difficulté à prendre en charge de façon adéquate la formation des apprenants explique quelques les mouvements de grèves répétées des étudiants. Pour Judicaël D. un ancien étudiant de l’UNB des années 1998 actuelle UAC, « En mon temps, nous avons cours tous les jours de 7 heures à 17 heures ou parfois à 19heures. On était environ 180 en deuxième année de géographie à la FLASH. Mais aujourd’hui, j’apprends qu’ils sont plus de quatre mille en première année de géographie divisés en deux groupes qui font cours alternativement et parfois une semaine sur deux. Tout ceci montre que l’UAC a largement atteint sa capacité d’accueil des étudiants. Et vous savez que là où les étudiants sont nombreux et ne sont pas suffisamment occupés, ce sont des revendications à n’en point finir. Je ne comprends pas qu’un étudiant qui a fait quatre (4) ans d’étude à l’université ne connaisse pas là où se trouve, un centre de documentation sur le campus de Abomey-Calavi ».
Depuis la rentrée académique 2013-2014, le nombre des inscrits à l’UAC a atteint 104603 apprenants et ce nombre a considérablement augmenté au cours des Années 2014-2015 et 2015-2015. Il est clair que les universités publiques éprouvent de réelles difficultés pour encadrer et former les apprenants compétitifs sur le plan sous régional. Quel suivi, quel contrôle un enseignant dispensant son cours peut-il avoir devant mille, deux mille étudiants dans un amphithéâtre mal éclairé et mal ventilé où la chaleur humaine est étouffante ?
C’est dire que l’UAC réunie peut-être sans le savoir tous les ingrédients pour que les taux d’échecs en fin d’année soient toujours des plus élevés.
Au regard de tout ce qui précède, la nouvelle carte universitaire du Bénin gagnerait à créer une troisième université pluridisciplinaire. Au lieu de chercher à renforcer le site du campus de l’UAC surtout en effectif, il faudra chercher à désengorger ce site en ayant des centres universitaires qui de leur position dépendront administrativement de l’UAC. Au-delà des services statistiques, les universitaires publiques du Bénin devront se doter de services de prévision, de programmation surtout en infrastructures à construire et personnel Enseignant à recruter.
Alognisso Gabin
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel