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L’endométriose est une maladie gynécologique chronique qui touche des femmes en âge de procréer. Face à cette maladie, beaucoup d’entre elles ne savent pas comment s’y prendre. A travers cette interview, Félicien Edoun, médecin généraliste, nous éclaire sur cette pathologie, ses symptômes, ses causes et son impact sur la santé mentale des patientes. Il parle également des traitements existants tout en offrant des conseils aux femmes atteintes d’endométriose.
Qu’est-ce que l’endométriose et comment se manifeste-t-elle dans le corps ?
L’endométriose est une maladie chronique de la femme en âge de faire des enfants. Elle est caractérisée par la présence ou la localisation anormale du tissu de l’utérus qu’on appelle ‘’l’endomètre’’ en dehors de l’utérus. Malheureusement, il arrive dans certaines situations que l’endomètre de la femme qui est censé se retrouver dans l’utérus (pour permettre à la femme de porter une grossesse) se retrouve en dehors de l’utérus et se localise dans d’autres organes de l’organisme et ça va provoquer les symptômes comme si c’était dans l’utérus. L’endométriose est une maladie très complexe qui a des symptômes très variés selon la femme touchée et selon la localisation du tissu en dehors de l’utérus.
Connaît-on les causes exactes de l’endométriose ?
C’est un peu difficile de le dire parce qu’il n’y a pas réellement une cause qu’on peut identifier mais il y a des facteurs qui s’associent et provoquent cette maladie. Il y a des facteurs environnementaux. Ce sont principalement les dioxines (des polluants organiques persistants) présentent dans l’environnement et qui s’accumulent dans les chaînes alimentaires, principalement dans les graisses animales. Plus de 90 % de l’exposition humaine passe par l’alimentation c’est-à-dire c’est ce que nous mangeons qui nous rend malade. Les femmes qui ont cette maladie sont souvent exposées à une alimentation constituée de graisse animale, viande, produits laitiers, poissons, œufs ou les fruits de mer.
Nous avons également des facteurs génétiques qui interviennent. Si votre maman a fait l’endométriose, c’est possible que vous aussi en tant que fille vous développez l’endométriose mais ce n’est pas une certitude. Ce ne sont que des facteurs qui augmentent la probabilité de développer l’endométriose. A l’heure actuelle, on pense également que l’endométriose découle d’une menstruation rétrograde. Elle est caractérisée par la remontée du sang menstruel contenant des fragments d’endomètre par les trompes de Fallope et jusque dans la cavité pelvienne.
Il y a également ce qu’on appelle la métaplasie, c’est la transformation du tissu en un autre. Certaines cellules d’un organe peuvent subir cette métaplasie et se transforment en d’autres cellules qui vont être peut-être les cellules de l’utérus. C’est comme si les cellules de l’utérus se retrouvent ailleurs en dehors de l’utérus.
Quels sont les symptômes les plus courants de l’endométriose ?
Les signes commencent par des dysménorrhées invalidantes. A chaque fois que la femme a ses menstrues, elle a très mal au bas ventre. Elle vomit, a des nausées et puis finalement chaque mois elle se retrouve coucher ou hospitaliser pour de simples menstrues. Malheureusement on est dans un environnement où si la fille commence par avoir ses menstrues et qu’elle a très mal on va vous dire que la maman dans sa jeunesse a eu aussi les règles douloureuses et que ça fini par passer. On laisse ainsi la femme vivre ce calvaire chaque mois et ça devient un stress permanent. Il faut absolument qu’on prenne conscience et qu’on agit tôt.
Il peut s’agit également d’une douleur pendant les rapports sexuels. Lorsque vous avez une dyspareunie permanente, sachez qu’il y a un problème. Vous pouvez avoir des douleurs en urinant pendant les menstrues, en voulant aller à la selle ou avoir de douleurs mammaires atroces. Il faut absolument que vous prêtez attention à ces genres de symptômes et que vous courez à ce moment pour faire les diagnostics.
Quel est l’impact de l’endométriose sur la santé mentale et le bien-être émotionnel des patientes ?
Il faut savoir que personne n’a la vie paisible avec une douleur. C’est très difficile émotionnellement et physiquement. C’est difficile pour ces patientes d’avoir une vie normale d’autant plus que si chaque mois elles doivent avoir des douleurs à l’approche des menstrues, c’est toujours un stress énorme alors que le stress est un facteur de risque de beaucoup de maladies.
Comment l’endométriose est-elle généralement diagnostiquée ? Quels tests ou examens sont nécessaires ?
On suspecte un cas d’endométriose après avoir passé rigoureusement en revue les symptômes menstruels. Lorsque le diagnostic est fait de façon précoce la prise en charge est beaucoup plus facile et plus acceptable pour les femmes. Le plus souvent on commence par l’échographie pelvienne, ensuite l’échographie abdominale. C’est pour voir s’il y a une localisation anormale. On peut aller jusqu’à demander l’IRM, ou faire des prélèvements à différents endroits pour savoir s’il y a des cellules de tissus de l’utérus en dehors de l’utérus.
L’endométriose peut boucher les trompes et lorsqu’on fait les rapports sexuels, il n’y aura pas de rencontre entre les spermatozoïdes et les ovules libérés pendant l’ovulation. La femme aura ainsi des difficultés à concevoir. La même chose va se passer lorsque l’endomètre va se retrouver au niveau des ovaires (on parle d’endométriose ovarienne), ça va empêcher que les ovaires puissent avoir une maturation complète pour pouvoir libérer un ovule.
Quels sont les traitements disponibles pour l’endométriose ?
Tout va dépendre du moment où le diagnostic a été posé. Le gynécologue va détecter le niveau où vous avez l’endométriose afin de vous proposez un traitement adapté. On peut vous opérer et enlever cet endomètre ou vous proposer un traitement hormonal qui va essayer de réduire la taille de ces différents tissus qui se retrouvent dans les positions anormales. Si le diagnostic est fait à un moment où les tissus sont assez éparpillés dans tout l’organisme ça va être difficile. Vous pouvez bénéficier d’un accompagnement et essayer dès lors d’apprendre à vivre avec votre maladie. C’est très important le diagnostic précoce parce que vous avez une chance de finir à temps avec cette maladie pour pouvoir avoir une vie paisible et une vie de mère si vous le souhaitez.
Quels conseils donnez-vous à une femme qui pense être atteinte d’endométriose ?
Si vous avez des symptômes, c’est le moment d’aller vous faire consulter pour avoir un diagnostic précis de votre pathologie. Lorsque vous avez la maladie, il est bien d’échanger avec les femmes qui sont dans les mêmes conditions que vous. Cela vous permet de savoir comment elles gèrent la maladie et également de savoir que vous n’êtes pas seuls. Les conjoints qui se retrouvent dans ces genres de situation doivent également aider leurs femmes à mieux gérer la maladie.
Akpédjé Ayosso
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