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Opinion

"L’onction de Boni Yayi, oui… mais ses casseroles, non ? : l’équation impossible des Démocrates"




 "L’onction de Boni Yayi, oui… mais ses casseroles, non ? : l’équation impossible des Démocrates" Chedrak Chembessi

L’image est saisissante ! Un mini-bus d’élus, notamment des parlementaires du parti Les Démocrates au siège de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) pour le retrait des formulaires de parrainage des candidats aux élections présidentielles de 2026. Pour certains, c’es le symbole d’une unité et d’une dynamique de groupe. Mais c’est aussi à y regarder de près, l’expression des fragilités de ce parti hétéroclite qui aura dans sa courte existence, montré bien plus que des signes de fissures et au sein duquel la méfiance semble régner de maître. En témoignent ces images de délégation au Cena et de mise en scène sarcastique et ironique au domicile de l’ancien chef de l’État Boni Yayi que l’on voit circuler sur les réseaux sociaux.

Mais au-delà des questionnements légitimes que l’on peut avoir sur cette cohésion de groupe, mise en scène façon Nollywood (que le monde nigérian du 7e art m’en excuse), ce qui se joue, c’est la volonté presque (in)avouée de certains élus de se soustraire de l’omniprésence de l’ancien président de la République Boni Yayi en cette veille de joutes électorales.

Car qui dit Boni Yayi, dit aussi une cascade de scandales politico-financiers ayant éclaboussé son régime. Nul ne saurait nier que l’ancien président a marqué la vie nationale. Mais sa gouvernance fut jalonnée de scandales financiers retentissants, de soupçons de corruption et d’une gestion dont beaucoup de Béninois gardent encore un goût amer. Le défenseur auto-proclamé de la Démocratie en a été un pourfendeur. Son héritage est facilement encombrant autant que son aura mobilisatrice (si l’on s’en tient à son propre baromètre) - dans les classes populaires nostalgiques de son époque - offre une fenêtre d’opportunités à manoeuvrer pour les candidats aux différentes élections.

Et c’est en cela que je me surprends, citoyen et observateur de la vie politique nationale - que ces dernières heures, l’arène politique béninoise soit marquée par un appel de pied des partisans de l’opposition ou pour le moins du parti Les Démocrates à une candidature ointe par Boni Yayi pour les prochaines présidentielles.

Je me garderai ici de nommer les potentiels candidats qui doivent s’encastrer dans cette machine Yayi, au-delà de leurs convictions et de leurs batailles de longue date contre les déboires de son régime pour nourrir leurs égos ou pour le mieux les aspirations de certains groupuscules : Candidat à une élection présidentielle, joli sésame pour le CV ou pour une notoriété de circonstance dont ils rêvent tous.

Mais il ne pouvait en être autrement. Boni Yayi, en homme de ruse politique aura réussi depuis le 15 octobre 2023 à se faire officiellement porté à la tête du parti les Démocrates, dont il était jusqu’alors président d’honneur. Ce serait donc intellectuellement malhonnête de dire que celui-ci n’a pas un rôle à jouer dans les prochaines élections présidentielles, et bien plus dans le choix du duo de candidats de son parti aux présidentielles.

Mais le comble, ce sont les hommes et les femmes qui sacrifient leurs convictions et leurs combats à l’autel de Boni Yayi pour en obtenir les faveurs pour 2026. Le mérite revient ici à la réforme du système partisan qui met à nu les limites morales et idéologiques de certaines grandes gueules et politiques de la République. Bien que leurs sbires, notamment sur les réseaux sociaux pour les plus en vue d’entre eux, aiment à rappeler à qui ose leur souligner la contradiction et la bassesse politique, qu’il ne s’agit point d’une alliance de circonstance dans le cadre des élections présidentielles. Morceaux choisis : ces candidats plébiscités et à sanctifier sous l’onction de Yayi pour les présidentielles sont membres fondateurs du parti Les Démocrates. Inutile ici de leur rappeler les soubresauts de ce parti et les vagues internes de crises de leadership et idéologiques.

Qu’à cela ne tienne, admettre la bénédiction de Boni Yayi pour les prochaines présidentielles, c’est cautionner sa gouvernance chaotique et sa vision alambiquée du développement du pays. Son pseudo-renouveau politique sous fond de marchandage électoral et de populisme n’efface en rien ses échecs socio-économiques notoires et son héritage controversé.

L’ombre du passé de Boni Yayi à la tête du pays est épaisse et résonne encore dans les mémoires collectives. Les nouveaux visages de son agenda politique ne peuvent s’en défaire.

L’époque des émotions dans le choix des leaders du Bénin est révolue. L’heure est au pragmatisme. Plus de place pour le hasard, le manque de cohérence et les approches à la pièce timbrées de scandales politico-financiers dans la République. La complaisance envers les régimes vautours est loin des derrières le peuple béninois. L’ambiguïté dans la gestion des affaires publiques au Bénin relève du passé.

Au cours des dix dernières années, le Président Patrice Talon aura défini et mis oeuvre les contours d’un nouvel ordre de gouvernance empreint de rigueur, de méthode, de planification, d’efficacité, qui doit être maintenu et renforcé sur les dix, vingt, trente prochaines années. Un bilan de réformes visibles, d’une gouvernance plus structurée et d’une vision tournée vers l’avenir.

Une vision qui ne peut être point portée et nourrie par les aventuriers et vendeurs d’illusions. Les candidats "Yayi" sont à forte probabilité, le piège d’un rêve inachevé, d’un retour en arrière, à une spirale d’approximations et d’amateurisme.

Comme l’enseignent les institutionnalistes, la proximité entre acteurs est bien plus que symbolique. Elle est l’expression d’une similitude de représentations et de valeurs, l’appartenance á un même espace de pensées et de modes d’actions. S’appuyer sur Boni Yayi pour exister électoralement, c’est embracer son espace de pensées et ses modes d’actions. C’est l’aveu même d’un référentiel commun de valeurs et de normes, l’adhésion à un régime conventionnel d’actions.

Le peuple béninois n’est pas dupe : pourquoi replonger dans les errements d’hier, quand le pays a besoin de continuité, de stabilité et de réformes sérieuses ? Le choix n’est pas du côté d’un retour nostalgique, mais du côté de la continuité, de la consolidation du progrès.

Chers Démocrates, Bienvenues dans une équation perdant-perdant.

Chedrak Chembessi, PhD

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