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Commémorée sous le thème " Le tabac : une menace pour notre environnement ", la Journée mondiale sans tabac 2022 sensibilise sur l’impact environnemental du tabac en ce qui concerne sa culture, sa production, sa transformation, sa distribution et les déchets post-consommation.
En respect aux dispositions de l’article 18 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) qui exige la protection de l’environnement et la santé humaine, l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA) en collaboration d’autres organisations de la société civile engagées dans la lutte anti tabac invite, à travers un communiqué de presse régional rendu public ce lundi 30 mai 2022, les dirigeants africains à faire payer l’industrie du tabac pour ses dommages environnementaux par une taxation adéquate.
(Lire le communiqué)
Nous devons faire payer l’industrie du tabac pour ses dommages environnementaux.
30 mai 2022
La Journée mondiale sans tabac 2022 est une nouvelle occasion de faire la lumière sur le fardeau du tabac. Commémorée sous le thème " Le tabac : une menace pour notre environnement ", la Journée mondiale sans tabac de cette année offre l’occasion à tous les Africains de se rassembler et de revendiquer leur droit à un environnement sain. Plus de 80 % des 1,3 milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où la charge des maladies et des décès liés au tabac est la plus lourde. Cela inclut de nombreux pays d’Afrique qui, malheureusement, ne peuvent pas faire face à un tel fardeau. Ainsi, outre le défi que représente le tabagisme pour la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 3 (santé et bien-être), le tabac menace également le potentiel de l’Afrique à réaliser l’ODD 14 (vie sous l’eau) et l’ODD 15 (vie sur terre) par ses impacts sur l’environnement.
La Journée mondiale sans tabac 2022 sensibilise à l’impact environnemental du tabac en ce qui concerne sa culture, sa production, sa distribution et les déchets post-consommation. L’article 18 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) exige des parties qu’elles protègent l’environnement et la santé humaine en ce qui concerne la culture et la transformation du tabac.La culture du tabac nécessite une quantité intense d’engrais et de pesticides par rapport à de nombreuses autres cultures. Ces produits chimiques sont finalement évacués des champs de tabac et finissent par contaminer nos cours d’eau, notamment les eaux souterraines, les rivières et les mers. Pire encore, l’exposition à ces produits agrochimiques et pesticides peut entraîner de graves problèmes de santé, voire la mort2. En outre, le défrichage des forêts pour le développement de nouveaux champs de tabac et le séchage contribue à la déforestation, l’un des principaux responsables des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et du changement climatique. Environ 11,4 millions de tonnes métriques de bois sont nécessaires chaque année pour le séchage du tabac.
Dans les années 1970 et 1980, 69 pays producteurs de tabac, principalement en Asie et en Afrique, ont connu une pénurie de bois de chauffage due à la production de tabac. Ce problème a sans aucun doute accéléré la déforestation dans ces pays. Au milieu des années 1990, plus de la moitié des 120 pays à revenu faible ou intermédiaire producteurs de tabac subissaient des pertes annuelles de 211 000 hectares (ha) de zones boisées naturelles, soit environ 2 124 ha par pays. Cela représentait environ 5 % de la déforestation nationale totale. Ces dommages à l’environnement englobent également la fabrication de cigarettes et d’autres produits du tabac. Ces activités entraînent l’émission de gaz à effet de serre et d’autres déchets toxiques qui polluent l’air. Les émissions liées au transport des produits finis contribuent également à la pollution atmosphérique, ce qui aggrave encore le problème. Ces points mettent en lumière l’urgence pour les gouvernements de soutenir des moyens de subsistance alternatifs à la culture du tabac, notamment en Afrique où les agriculteurs continuent de vivre dans la pauvreté.
Le traitement et la transformation du tabac nécessitent d’énormes quantités d’eau et génèrent une quantité importante d’eaux usées. Ces eaux usées contiennent une série de toxines qui ont un impact négatif sur la vie aquatique. En outre, les plastiques et les produits chimiques utilisés dans les filtres à cigarettes finissent par se décomposer et s’infiltrer dans nos sources d’eau, car des millions de cigarettes sont jetés chaque année. En fait, les mégots de cigarettes sont l’un des articles les plus jetés sur terre4. En outre, les deux tiers de chaque cigarette fumée sont jetés sur le sol et entre 340 et 680 millions de kilogrammes de déchets de produits du tabac sont jetés dans le monde chaque année2. Ceux-ci finissent dans les rues et les systèmes d’eau, ce qui rend encore plus complexe la charge du tabac sur l’environnement.
La fabrication et le conditionnement des produits du tabac traditionnel sont très gourmands en ressources, ce qui est également vrai pour les produits émergents tels que les systèmes électroniques d’administration de nicotine (cigarettes électroniques). Ces produits sont constitués de matériaux jetables, notamment de piles, qui, s’ils ne sont pas traités et éliminés correctement, peuvent avoir de graves répercussions sur notre environnement.
Très consciente des dommages qu’elle cause à l’environnement, l’industrie du tabac a eu recours à l’auto déclaration de données sélectives sur les nuisances environnementales, détournant ainsi l’intérêt du public du véritable impact de ses activités de production. La CCLAT de l’OMS a établi un cadre ou des lignes directrices qui permettent aux parties d’adopter des politiques globales et des mesures efficaces nécessaires pour remplir leurs obligations au titre des articles 17 et 18. Il s’agit notamment de la mise en place de mécanismes innovants pour le développement de moyens de subsistance alternatifs durables pour les cultivateurs et les travailleurs du tabac, de programmes de développement liés à la promotion de la sécurité alimentaire et de marchés viables couvrant tous les aspects des alternatives à la culture du tabac, y compris la viabilité économique et la protection de l’environnement. Conformément à l’article 5.3 de la CCLAT de l’OMS et à ses directives, il est également important que l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes visant à promouvoir des moyens de subsistance alternatifs soient protégées des intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac.
Nous devons agir maintenant pour que notre environnement ne soit pas complètement ruiné par la production de tabac. Les gouvernements doivent veiller à la mise en œuvre effective des dispositions des articles 17 et 18 de la CCLAT de l’OMS et tenir l’industrie du tabac pour responsable de ses dommages environnementaux. Les gouvernements ne doivent pas se laisser prendre au piège des initiatives de responsabilité sociale des entreprises lancées par l’industrie du tabac dans le cadre de ses efforts pour redorer son image.
L’industrie du tabac ne peut pas être traitée comme n’importe quel autre type d’industrie, car non seulement elle prive les gens de leurs droits, notamment le droit à la santé et à un environnement propre, mais elle exerce un contrôle important sur la conception de ses produits et sur ses chaînes d’approvisionnement qui, malheureusement, créent un énorme fardeau pour l’environnement. Les gouvernements africains doivent faire payer l’industrie du tabac pour ce fardeau environnemental par une taxation adéquate. Les gouvernements doivent également soutenir des alternatives viables à la culture du tabac afin de limiter l’impact environnemental de cette pratique, et l’industrie du tabac doit être tenue à l’écart des tentatives de façonner la politique gouvernementale. Les initiatives de responsabilité sociale des entreprises, qui donnent à l’industrie l’occasion de détourner l’attention du véritable impact de ses actions dévastatrices, doivent également être évitées.
L’Afrique mérite un environnement propre et sain, et nous pouvons ensemble atteindre cette étape.
J. M.