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Installée le 27 août 2018, la Cour de Répression des Infractions économiques et du Terrorisme (C.r.i.e.t) fait la « une » de l’actualité nationale. Elle fait crier par-ci ; elle fait craindre par-là...Cour Pénale Spéciale, Tribunal d’exception, tout y passe…. Curieusement, la C.r.i.e.t suscite à quelques nuances près, les mêmes réactions que son homologue sénégalais, baptisé Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (C.r.e.i).
Notons que l’immense majorité des sénégalais étaient d’accord, aux lendemains de l’élection présidentielle de 2012, pour la mise sur pied de cette juridiction, chargée d’apprécier la gestion des deniers publics, et de se prononcer sur l’enrichissement de certains barons du régime Wade. Exactement comme nombre de Béninois, rêvent de mettre fin à l’impunité, avec l’alternance au sommet de l’Etat. A l’installation de la C.r.i.e.t en août dernier, c’est non sans fierté, que Martin Assogba, président de l’Ong Alcreer, estimait que la nouvelle juridiction, est l’aboutissement heureux de longues années de lutte, des organisations de la société civile contre la corruption… C’est dire qu’au Sénégal comme au Bénin, et même partout en Afrique, la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, reste une préoccupation majeure. Tous nos Chefs d’Etats, s’y sont attelés à leur manière. Aux premières heures du Renouveau démocratique, Nicéphore Soglo, jurait à qui voulait bien l’entendre, de « faire rendre gorge aux pilleurs de l’économie nationale ».A son tableau de chasse, on a noté que le célèbre marabout Cissé.
Le vieux ‘’Kaméleon’’ qui prit la relève, en fin connaisseur de ses compatriotes, avait posé une équation à double détente : « si vous êtes prêts moi aussi je suis prêt ».On lui doit tout au plus, l’installation d’une Cellule de moralisation de la vie publique, avec des résultats anecdotiques. Puis rideau. Yayi Boni, populiste en diable, a quant à lui choisi une « marche verte » contre la corruption, dans les rues de Cotonou. Suant et transpirant à grosses gouttes. Ses résultats sont connus de tous… Il était alors devenu une évidence, que la seule manière de lutter efficacement, contre cette hydre qu’est la corruption, serait de créer une juridiction spéciale. Avec le régime dit de la Rupture, ce miracle a eu lieu. Si la mission assignée à la C.r.i.e.t, ne souffre d’aucune contestation, c’est plutôt sa nature et le profil de certains de ses premiers « clients », qui suscitent doutes et interrogations. Légitime. On peut bien sûr déplorer une malheureuse planification, dans certaines convocations de la C.r.i.e.t. Celles-ci ont été politiquement interprétées, comme un acharnement contre un camp, avec en prime, le soupçon d’un agenda secret…Ce sont là quelques mauvais premiers pas. Pas plus. Mais de là à jeter le bébé avec l’eau de bain... La C.r.i.e.t est une nécessité, tant dans notre contexte national, que dans notre environnement sous-régional. Pour aujourd’hui, mais aussi pour demain. A l’image de la C.r.e.i au Sénégal, la C.r.i.e.t du Bénin est susceptible de reformes. Tant dans le fond que dans la forme. Et ce temps viendra. En attendant, opposants d’aujourd’hui ou mouvanciers de demain, doivent se faire à cette réalité.
L’impunité ne doit plus être la règle. Encore moins l’exception. Alors, qu’on se le tienne pour dit : le sort de la C.r.i.e.t ne sera pas réglé à la criée !
Tafê
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