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Le Nigéria a fermé ses frontières avec plusieurs pays dont le Bénin depuis le mardi 20 août 2019. La raison fondamentale de ce blocus selon le gouvernement nigérian est la lutte contre l’insécurité et la contrebande surtout réexportation massive du riz provenant des pays hors de l’espace CEDEAO. Un prétexte pour justifier la mauvaise santé de l’économie nigériane. Mais, les vrais motifs de la fermeture de ses frontières se trouvent ailleurs.
Le président nigérian a avancé lors de son entretien entre son homologue du Bénin, en marge de la 7e édition de la TICAD à Yokohama, au Japon que la décision de fermeture des frontières a été prise suite aux activités massives de contrebande notamment de riz opérées sur ce corridor.
A en croire Buhari, c’est la réexportation massive depuis le Bénin qui constitue une menace pour la politique d’autosuffisance alimentaire mise en place par son gouvernement d’Abuja. Cette fermeture de la frontière qui en réalité n’est une mesure protectionniste va donc permettre de réduire la circulation des marchandises entre les deux pays. Cela permettra aussi aux forces de sécurité nigérianes d’élaborer une stratégie visant à endiguer cette « tendance dangereuse » et ses ramifications.
Si officiellement le gouvernement du Nigéria attribue la fermeture de sa frontière à la réexportation du Bénin des produits en provenance d’Asie et d’Amérique du Sud, on en sait désormais un peu plus sur les raisons ayant poussé les autorités d’Abuja à fermer les frontières.
En effet, l’Inde est en train de réduire ses importations de pétrole brut nigérian pour s’approvisionner davantage en Irak/Iran. Compte tenu de l’offre irakienne qui apparaît plus intéressante et certains facteurs, l’Inde envisagerait mettre fin à ses importations du pétrole en provenance du Nigéria. Ce denier qui depuis 2013 exporte son pétrole brut vers l’Inde est donc sur le point de perdre le plus important de ses acheteurs. Or, le géant de l’Est tire une grande partie de ses recettes du pétrole. Entre 2008 et 2018, le Nigéria a gagné 96 milliards de dollars en exportations de pétrole brut vers l’Inde.
Avec la situation actuelle s’ajoute la baisse du cours du pétrole, ce qui constitue un énorme manque à gagner pour l’Etat ainsi que la baisse drastique des réserves de devises pour le financement des importations du pays.
Aussi, la Banque centrale du Nigéria est-elle appelée à bloquer les demandes des importateurs de produits alimentaires en devises étrangères.
Par ailleurs, l’activité économique au Nigéria a régressé depuis le premier mandat du président Muhammadu Buhari. A sa réélection cette année avec une avance de près de 4 millions de voix par rapport à son principal rival, Atiku Abubakar, le président nigérian a promis intensifier ses efforts dans la sécurité, la restructuration de l’économie et le combat contre la corruption.
Face au manque de résultats probants de la politique de transformation structurelle de l’économie, le Nigéria s’attaque à ses voisins. Et pour faire accepter à ses citoyens la crise économique qu’ils traversent, Buhari et son gouvernement se cachent derrière ce prétexte des produits dits prohibés en provenance du Bénin et des pays frontaliers pour masquer ses contres performances.
G. A.
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