dimanche, 13 juillet 2025 -

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Opinion

La volonté politique est nécessaire pour réformer les Fonds de Service Universel en Afrique afin de favoriser l’inclusion numérique sur le continent africain.




Par Caroline Mbugua HSC, Senior Director, Public Policy and Communications.

Un proverbe africain dit : « Celui qui ne saisit pas l’opportunité aujourd’hui ne pourra pas saisir celle de demain. » Cela signifie que le moment d’agir pour combler la fracture numérique, c’est maintenant. Les Fonds de Service Universel (FSU) ont le potentiel de favoriser l’inclusion numérique en Afrique, mais cela ne sera possible qu’avec les réformes nécessaires pour améliorer leur efficacité. Une réelle volonté politique est indispensable pour permettre ces réformes et libérer tout le potentiel des FSU.
L’accès universel au haut débit est essentiel à la transformation socio-économique de l’Afrique – pourtant, une fracture numérique importante continue de freiner le continent. Bien que la plupart des pays africains aient mis en place des Fonds de Service Universel pour combler cette lacune, un récent rapport de la GSMA révèle une déconnexion inquiétante entre les fonds collectés et leur impact réel sur l’expansion du haut débit. Entre 2018 et 2022, plus de 1,5 milliard de dollars ont été accumulés à travers les FSU en Afrique, mais une grande partie de ces fonds reste inutilisée. L’inactivité, le manque de transparence et les ingérences politiques continuent de nuire à leur efficacité.
Malgré les progrès considérables réalisés au cours de la dernière décennie, l’Afrique reste la région la moins connectée au monde. Selon les dernières données de la GSMA, environ 1 milliard de personnes en Afrique ne sont toujours pas connectées à l’Internet mobile – un défi qui s’explique à la fois par un déficit de couverture (environ 160 millions de personnes vivent en dehors des zones desservies par le haut débit mobile) et, surtout, par un déficit d’usage : environ 800 millions de personnes vivent dans des zones couvertes, mais n’utilisent pas ces services. La couverture du haut débit mobile est passée de 56 % en 2012 à 87 % fin 2023 – mais cette avancée reste inégale. Des pays comme la République Démocratique du Congo (54 % de couverture) ou le Burkina Faso (30 %) sont encore très en retard par rapport à des leaders régionaux comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, qui ont réduit leur déficit de couverture à moins de 1 %.
Le problème n’est pas le manque d’ambition, mais celui de l’exécution. Aujourd’hui, 51 des 54 pays africains ont mis en place ou envisagent de créer un FSU, financé par des prélèvements sur les revenus des opérateurs télécoms, allant de 0,2 % à 3,5 %. Mais selon le rapport de la GSMA sur les FSU en Afrique, plus de 265 millions de dollars restent inutilisés dans 12 pays. Seuls 30 % des FSU publient des rapports réguliers, et environ 20 % rencontrent des difficultés pour collecter les fonds de manière cohérente. Avec 70 % des fonds gérés par les régulateurs, le risque d’ingérence politique est réel – détournant souvent les fonds vers des projets à court terme ou à visée électorale.
Pourtant, il existe des exemples clairs de ce qu’il est possible d’accomplir lorsque les FSU sont bien gérés. Au Nigeria, le Fonds de Fourniture de Services Universels a soutenu le Centre des Technologies Émergentes pour stimuler l’innovation numérique. Au Zimbabwe, le FSU a permis d’équiper 60 écoles rurales en laboratoires TIC, au bénéfice des élèves et des communautés environnantes. Au Ghana, le réseau partagé soutenu par le FSU a déjà connecté 3,4 millions de personnes sur plus de 1 000 sites. Ces projets démontrent le pouvoir transformateur d’un FSU bien gouverné.
Fondamentalement, le mécanisme des FSU vise à compléter les politiques fondées sur le marché pour combler le déficit d’accès, en incitant les fournisseurs de services à déployer des infrastructures et des services dans les zones reculées et mal desservies. Les données du rapport de la GSMA « Réformes politiques des FSU en Afrique pour améliorer leur efficacité » montrent que de nombreux FSU sous-performent et ne remplissent plus leur rôle. Face à l’urgence de combler les déficits de couverture et d’usage, il est devenu impératif de réformer en profondeur les aspects structurels et opérationnels des FSU africains, ou bien d’envisager leur abandon. La volonté politique des gouvernements et des décideurs est une étape essentielle vers la réforme des FSU. Elle est primordiale pour améliorer le cadre juridique des FSU, si nécessaire, et garantir le respect des principes fondamentaux d’un FSU efficace : responsabilité, clarté, neutralité de service, transparence, durabilité et visibilité.
Au-delà de cela, des mesures spécifiques doivent être prises pour lever les freins à leur performance et explorer de nouvelles approches pour optimiser l’usage des FSU.
Dans cette optique, les FSU doivent être soutenus par des structures de gouvernance indépendantes, afin d’assurer une prise de décision équitable et transparente. Une approche fondée sur les données, comme les cartes de couverture utilisées en Ouganda, permet de cibler les investissements vers les zones les plus délaissées. Une concertation active avec les parties prenantes, comme le conseil multi-opérateurs au Ghana, renforce la confiance et l’alignement du secteur. Le soutien aux dépenses opérationnelles (OPEX) est également essentiel à la durabilité des projets. Par ailleurs, des modèles innovants comme le mécanisme « pay or play » du Maroc – où les opérateurs peuvent choisir entre un paiement financier ou la mise en œuvre directe de projets – offrent flexibilité et créativité.
Au-delà des FSU, des réformes politiques complémentaires sont aussi nécessaires pour améliorer l’accès au haut débit et encourager son adoption. La réduction des taxes spécifiques au secteur, comme au Bénin, ou l’exonération des frais de spectre en zones rurales, peuvent significativement réduire les coûts de déploiement. L’accélération des procédures d’autorisation pour les pylônes et les fibres optiques peut aussi jouer un rôle déterminant.
En résumé, les FSU devraient servir de catalyseurs à long terme pour l’investissement dans les infrastructures numériques. Cependant, ce potentiel reste largement inexploité. L’Afrique a urgemment besoin de passer d’une logique d’accumulation passive de fonds à une stratégie de déploiement stratégique et transparent. En revitalisant les FSU et en alignant les cadres politiques plus larges, nous pouvons libérer tous les bénéfices socio-économiques que la connectivité universelle peut offrir à tous les Africains.

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