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La 3ème édition de la conversation sur les enjeux de l’énergie en Afrique couplée à la projection du film documentaire ‘’Energy 2020’’ s’est déroulée le 23 décembre 2020 à Canal Olympia à Cotonou. Les apprenants de l’école primaire de Tori Bossito, des étudiants et autres acteurs étatiques et non étatiques du secteur énergétique ont participé au débat qui vise à apporter une solution durable au déficit de l’énergie en Afrique.
A l’issue de la cérémonie, Mme Estelle Gbénou, organisatrice de la rencontre a, dans une interview, apprécie les réalisations du gouvernement Talon dans le domaine de l’énergie. La responsable de l’Association le Droit à l’Energie (LDE)
invite les gouvernants africains à électrifier tout le pays avant la fin de leur mandat.
24 Heures au Bénin : L’électrification est l’un des piliers phares du PAG. Quel est votre regard sur ce qui se fait par le régime de la Rupture depuis 4 ans dans le secteur énergétique ?
Estèle Gbénou : Nous avons eu la chance pendant cette conversation, d’avoir la présence du Directeur de cabinet du ministre de l’énergie. Il a expliqué au public les actions qui ont été mises en place depuis l’avènement du gouvernement de la Rupture. Ils sont en train d’aller vers une électrification à 100% du Bénin. Là, nous en sommes déjà à 60%. Ce qui était important pour moi à la suite de cette rencontre, c’est de mesurer l’accessibilité du ministère de l’énergie. C’est de voir si par exemple les jeunes du village de Tori Bossito qui étaient présents dans mon documentaire et qui n’ont pas d’énergie pour l’instant peuvent faire un dossier et se rapprocher du ministère de l’énergie et avoir des kits scolaires en attendant qu’on puisse raccorder leur village avec le réseau électrique. Et j’ai eu une réponse assez positive du gouvernement. Nous allons donc faire ensemble les démarches de demande de kits d’appoint pour cette localité puis nous pourrions apprécier en temps et en heure si les actions sont vraiment à la hauteur des promesses.
Un appel à lancer aux gouvernants africains et aux communautés ?
– Si vous êtes président de la République en Afrique subsaharienne aujourd’hui en 2020 peu importe le pays, si vous devez faire une seule chose pour votre pays, électrifiez au moins tout le pays avant la fin de votre mandat. Ce sera déjà quelque chose de mémorable et vous ne serez pas oublié par rapport à l’héritage que vous aurez laissé au pays. Mais nous ne demandons pas aux États de prendre des décisions coûteuses parce qu’ils veulent régler un problème immédiat. Nous les encourageons plutôt à travailler ensemble pour donner une réponse africaine. C’est-à-dire que le Bénin se mette avec le Burkina-Faso et le Niger pour utiliser les grands lacs et produire l’énergie. Nous préférons ce type de solution là et des kits solaires que de faire des grandes centrales et de nous revendre l’énergie chère parce que le coût est aussi un facteur qui empêche l’accès à l’énergie.
Activiste de l’énergie, parlez-nous un peu de vos actions pour la cause énergétique ?
- La cause énergétique est une cause importante pour la jeunesse. Mon association organise des conversations sur l’énergie en Afrique pour parler avec des décideurs politiques. Nous essayons de les influencer et de les sensibiliser davantage sur la question de l’électrification en Afrique afin que d’ici peu de temps, l’Afrique subsaharienne rattrape son retard énergétique par rapport à l’Afrique du Nord pour que nous soyons à 100% d’électrification dans toute l’Afrique.
Vous avez réalisé un film documentaire sur la question. Cette œuvre réalisée sur fonds propres prend en compte 5 pays. Quel est votre intérêt à travers ce projet ?
– J’ai réalisé en début de cette année, un documentaire sur l’électrification de l’Afrique pour montrer à quel point ces questions étaient une source de disparité entre personnes vivant dans un milieu rural et personnes vivant dans un milieu urbain. Le non accès à l’électricité impacte l’avenir de génération en génération. C’est pour ça que j’ai réalisé ce documentaire d’une vingtaine de minutes afin que les gens puissent voir de leurs yeux et surtout que la jeunesse comprenne l’enjeu essentiel de ces questions d’électrification pour son propre avenir. Qu’elle prenne les choses en main et décide à chaque fois qu’il y a des élections ou à chaque fois qu’elle a l’occasion de s’exprimer, qu’elle le fasse en faveur d’une électrification à % rapide de toute l’Afrique.
Pourquoi pas un combat pour l’eau et l’éducation pour tous et c’est la question de l’énergie qui vous préoccupe ?
– Lorsque vous avez mille problèmes, ce que vous pouvez faire en général c’est trouver le problème dont la solution pourra solutionner les autres. L’électrification se retrouve au centre de tous les domaines (agriculture, élevage, éducation, santé). Si vous n’avez pas l’électricité, vous ne pouvez pas pomper l’eau, si vous n’avez pas d’électricité vous ne pouvez pas dans le domaine agricole pomper l’eau de source parce que la volaille ne boit pas l’eau de la pompe mais plutôt l’eau de source donc il faut pouvoir pomper l’eau du sous-sol et pour y arriver il faut de l’énergie. Dans la santé, je n’ai plus à vous expliquer pourquoi il faut de l’énergie et surtout la question centrale, c’est pour l’avenir des jeunes parce que aujourd’hui tous les jeunes doivent s’auto entreprendre. 90% de la jeunesse africaine devra se lancer dans l’entrepreneuriat pour s’en sortir. Imaginez-vous donc l’entreprenariat sans électricité ? Le jeune qui entreprend dans un village sans électricité n’a pas la même chance que celui qui est dans un milieu urbain. Le manque d’électricité est aussi un grand facteur d’exode rural.
Propos recueillis par Juliette MITONHOUN
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