mercredi, 24 avril 2024 -

1185 visiteurs en ce moment

AUGMENTATION DES DROITS D’INSCRIPTION DANS LES UNIVERSITÉS FRANҪAISES

Le Conseil Constitutionnelle rejette la demande des étudiants étrangers (Par Aliou TALL).




Contrairement à ce qu’on peut lire dans les média et sur les réseaux sociaux, le Conseil constitutionnel n’a pas donné gain de cause aux étudiants étrangers qui contestent l’augmentation discriminatoire des droits d’inscription dans les universités françaises. Sa décision du vendredi 11 octobre 2019 se résume en ces termes : Les universités françaises sont gratuites,… mais il faut quand même payer. Certes, le Conseil pose clairement le principe de la gratuité de l’éducation, même dans l’enseignement supérieur. Mais il ajoute que cela n’empêche pas le gouvernement français d’exiger des droits d’inscription dans les universités. Devant l’emballement optimiste que suscite cette décision, il y lieu de préciser son contexte et sa portée : le Conseil ne fait que rappeler un vieux principe de droit administratif, et ne dit nullement que les étudiants étrangers ont les mêmes droits que les étudiants français en matière de gratuité et d’égalité d’accès à l’enseignement supérieur.

Les faits, la procédure et la question de droit posée au Conseil constitutionnel.
Par un arrêté du 19 avril 2019, le gouvernement français avait décidé une augmentation discriminatoire des droits d’inscription dans les universités publiques, visant les étudiants étrangers extracommunautaires (De 170 € à 2 770 € pour la licence ; et 3 770 € pour le master [243 € avant] et le doctorant [380 € avant]). Le 25 juillet 2019, suite à une saisine d’associations d’étudiants visant à contester la légalité de cet arrêté, le Conseil d’Etat a sursis à statuer, et a soumis au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité. Par cette question les étudiants demandent au Conseil constitutionnel de décider que l’article 48 de la loi de finances du 24 mai 1951, qui prévoit en son alinéa 3 que des droits d’inscription dans les établissements publics sont fixés par arrêté, n’est pas conforme à la constitution. Qu’il méconnait les exigences de gratuité de l’enseignement public et d’égal accès à l’instruction, telles que posées par le treizième alinéa du préambule de la constitution française de 1946.

Par une décision du vendredi 11 octobre 2019, le Conseil constitutionnel confirme le principe de gratuité de l’accès à l’éducation, mais rejette la demande des étudiants. Les avocats des associations étudiantes réclamaient un accès à l’université 100% gratuit, sans droits d’inscription. Ce qui ne correspond pas à la revendication des étudiants étrangers, qui ne refusent pas de payer les droits d’inscription. Ce qu’ils refusent c’est l’augmentation discriminatoire de ces droits, qui leur est opposée. Dès lors, on peut remettre en cause la pertinence et l’intérêt pour les étudiants étrangers.de cette question prioritaire.

Selon le Conseil constitutionnel, la gratuité et l’égalité devant le service public de l’éducation n’excluent pas des droits d’inscription et des différences tarifaires.
Il ne découle aucunement de cette décision que la mesure gouvernementale d’augmentation des droits d’inscription des étudiants étrangers est anticonstitutionnelle. Le Conseil constitutionnel a rejeté la demande des étudiants et de leurs avocats, et autorise le gouvernement à fixer des droits d’inscription, malgré le principe de la gratuité de l’éducation qu’il réaffirme. A notre sens, les avocats des associations étudiantes ont manqué de poser au Conseil constitutionnel la question pertinente pour défendre les étudiants étrangers. La question prioritaire de constitutionnalité qu’ils ont posée est un remake d’une veille question de droit administratif que connait tout étudiant en droit : la gratuité du service public est-il compatible au paiement par les usagers d’un ticket modérateur ou de droits modiques ? La question pertinente pour les étudiants étrangers est de savoir si le gouvernement a le droit, en appliquant la loi de finances de 1951, d’instaurer une discrimination tarifaire entre les usagers du service public de l’éducation, et au détriment des étrangers ? Le Conseil d’Etat devra répondre à cette question, en décidant si le gouvernent français a le droit ou non de discriminer les étudiants étrangers, pour l’accès comme pour leur traitement dans le service public de l’éducation. Sauf si le Conseil d’Etat estime que les principes constitutionnels de gratuité et d’égalité d’accès à l’instruction ne concernent que les nationaux, la décision d’augmentation des frais d’inscription des étudiants étrangers sera annulée.

Toutefois, le Conseil d’Etat a déjà validé des discriminations tarifaires dans l’accès à l’éducation, au motif de l’intérêt général. Avec la limite que les tarifs les plus élevés ne dépassent pas le coût de fonctionnement du service public en question. Ce principe de discriminations tarifaires dans l’accès aux services publics a aussi été consacré par une loi de 1998 relative à la lutte contre les exclusions. Cette loi précise clairement que les discriminations tarifaires ne font pas obstacle à l’égal accès de tous les usagers au service public. Le gouvernement français pourrait s’appuyer sur ce principe ; faire de la communication politique ; revoir sa copie et sa méthode ; invoquer des motifs d’intérêt général ; et adopter une nouvelle mesure d’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers. Mais ce serait une vaine peine, car les discriminations susceptibles d’être justifiées par l’intérêt général doivent avoir pour finalité de favoriser l’accès de tous les usagers au service public, notamment les plus démunis. Or les étudiants africains, dans leur grande majorité, ont moins de moyens que les étudiants français. Le gouvernement français pourrait aussi être amené à faire voter une loi pour entériner cette discrimination. La légalité d’une telle loi pourrait à son tour être contestée. En effet, le fait de financer l’université publique par des droits de scolarité exorbitants, imposés aux étudiants les plus pauvres, est une grave atteinte au principe d’égalité d’accès à l’instruction. Enfin, le gouvernement français pourrait aussi s’obstiner à faire adopter cette discrimination tarifaire en brandissant l’argument de la différence de situation appréciable (Une telle discrimination est admise par le Conseil d’Etat), sur la base de l’extranéité. Ce qui serait problématique pour les étudiants étrangers.

Le Conseil Constitutionnel ne dit pas que la gratuité et l’égalité d’accès à l’université concerne les étrangers au même titre que les français.
Si le gouvernement français brandissait l’argument de l’extranéité, les avocats des étudiants étrangers auraient du fil à retordre, avec des nœuds difficiles à dénouer. Les dispositions constitutionnelles ne disent pas que le principe de la gratuité du service public s’applique indistinctement aux français et aux étrangers. Il en ressort qu’il n’est pas possible de déduire de la décision du Conseil constitutionnel que les étudiants étrangers sont concernés par le principe de la gratuité et l’égalité d’accès à l’enseignement supérieur.

Il faut trouver d’autres arguments pour démontrer que ce principe, posé par l’alinéa 13 du préambule de la Constitution française du 27 octobre 1946, concerne à la fois l’adulte français et l’adulte étranger. L’alinéa 5 de cette même constitution pose le principe qu’il ne peut y avoir de différence de traitement dans l’accès à l’emploi, en raison de l’origine. Ce qui voudrait dire que les étrangers ont les mêmes droits que les français d’accéder à l’emploi. Or il existe une discrimination légale dans ce domaine, au détriment des étrangers : Leur droit de travailler en France est subordonné à la délivrance d’une autorisation de travail (Article L5221-2 du code du travail). Mieux, l’alinéa 12 vise exclusivement les français quand il pose le principe de la solidarité et de l’égalité devant les charges dues aux calamités nationales. Mieux encore, si les avocats des étudiants étrangers se livraient à déduire de la décision Conseil constitutionnel la gratuité de l’enseignement supérieur pour ces derniers, tout étranger pourrait s’appuyer sur l’alinéa 18, stipulant que « la France garantit à tous l’égal accès aux fonctions publiques », pour dire qu’il a les mêmes droits que les français d’accéder aux fonctions publiques. Ce qui est une chimère !

Contrairement à ce que laissent penser le brouhaha médiatique et la liesse de certains étudiants étrangers, le combat ne fait que commencer, aucune bataille n’a été gagnée.

Aliou TALL,
Président du RADUCC.
raducc@hotmail.fr

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

14 octobre 2019 par Judicaël ZOHOUN




Effets de la subvention des engrais sur l’agriculture et le bien-être (...)


24 avril 2024 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
Au Bénin, le développement de l’agriculture est confronté à de (...)
Lire la suite

4 morts et 1 blessé grave à Godonoutin


24 avril 2024 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
Un véhicule en provenance de Cotonou a quitté son couloir de (...)
Lire la suite

Un atelier à Cotonou pour renforcer les capacités des acteurs de la musique


24 avril 2024 par Akpédjé Ayosso, Ignace B. Fanou
Le directeur de Cabinet du ministre du Tourisme, de la Culture et des (...)
Lire la suite

La demande de mise en liberté du PDG Raymond Adékambi rejetée


23 avril 2024 par Marc Mensah
La Chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions (...)
Lire la suite

Garde-à-vue prolongée pour l’activiste Rémy Gnambakpo


23 avril 2024 par Marc Mensah
L’activiste politique Rémy Gnambakpo a été présenté, lundi 22 avril (...)
Lire la suite

Un mini bus ‘’Tokpa-Tokpa’’ tue un jeune homme à Cotonou


22 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Ce lundi 22 avril 2024, un jeune homme a été tué par un bus de (...)
Lire la suite

Un Chef d’Arrondissement se donne la mort


21 avril 2024 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
Le Chef de l’Arrondissement (CA) de Sompérékou dans la commune de (...)
Lire la suite

Samson Assogba promeut « L’art de conférence »


21 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou, Ignace B. Fanou
Avec du crayon et du papier, Samson Assogba, alias Oncle Sam Ziguidi, (...)
Lire la suite

Une campagne de consultation au profit des détenus


21 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou, Ignace B. Fanou
L’Agence pénitentiaire du Bénin (APB) a organisé du lundi 15 au (...)
Lire la suite

Il vole des climatiseurs et reçoit 12 mois de prison


20 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Un homme a été condamné à une peine de 12 mois de prison dans une (...)
Lire la suite

Les personnes affectées invitées à déposer leur dossier d’indemnisation


20 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Les personnes impactées (emphytéotes et exploitants de divers fonds (...)
Lire la suite

Ce que les utilisateurs de plateformes digitales devraient savoir


20 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou
L’activité de commerce en ligne, favorisée par la prolifération de (...)
Lire la suite

Plus de 455.000 candidats inscrits au CEP, BEPC et BAC


18 avril 2024 par Akpédjé Ayosso
Le nombre total des candidats aux différents examens CEP, BEPC et BAC (...)
Lire la suite

Les aliments dérivés du maïs en portion réduite ou à prix d’or


18 avril 2024 par Marc Mensah
La flambée du prix du maïs sur le marché n’est pas sans répercussions (...)
Lire la suite

Des démarches en cours pour la reprise du transport universitaire


18 avril 2024 par Akpédjé Ayosso, Ignace B. Fanou
La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche (...)
Lire la suite

Des jeunes jugés pour usage de produits psychotropes


17 avril 2024 par F. Aubin Ahéhéhinnou, Ignace B. Fanou
Deux jeunes hommes ont comparu mardi 16 avril 2024 lors de l’audience (...)
Lire la suite

Des parkings anarchiques défient les autorités municipales


17 avril 2024 par
Les parkings anarchiques sont installés sur l’espace public dans la (...)
Lire la suite

Une équipe de médecins dépêchée à la prison civile d’Abomey-Calavi


16 avril 2024 par Akpédjé Ayosso
Des médecins ont été dépêchés à la prison civile d’Abomey-Calavi (...)
Lire la suite




Derniers articles



Autres vidéos





Les plus populaires