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Depuis le mardi 24 septembre 2024, l’actualité au Bénin reste dominée par une affaire de coup d’Etat contre le régime du président Talon. Oswald Homéky, ancien ministre des sports de Patrice Talon et Olivier Boko, ami personnel, et partenaire d’affaires du chef de l’Etat auraient tenté de le renverser en utilisant le commandant de la garde républicaine. Quelques citoyens béninois interrogés sur le sujet à Cotonou et à Abomey-Calavi ont exprimé leur opinion. Pour eux, il n’est pas question de remettre cause l’ordre démocratique en cours dans le pays depuis l’historique conférence des forces vives de la nation de février 1990.
Coup d’Etat au Bénin, les Béninois n’en veulent pas. Ce mode de succession au pouvoir en vogue dans certains pays de la sous-région ces dernières années n’est pas souhaité. Pendant plusieurs décennies, le Bénin a montré le bon exemple organisant de façon régulière, toutes les élections. Faire un coup d’Etat pour un président après tant d’années de démocratie pour eux, relève d’une marche à reculons en dépit des nombreux acquis.
« Pourquoi renverser un président en fin de mandat ? », s’interroge Emmanuel Fagni, enseignant du privé à Abomey-Calavi. « Le Monsieur est là depuis 2016, et tout le monde voit ce qu’il a fait. Le renverser maintenant, c’est pour apporter quoi ? Semer le trouble dans le pays, amener la guerre ? », a-t-il poursuivi. Pour lui, le coup d’Etat n’est pas la solution. « Bientôt il y aura les élections, et si quelqu’un aspire diriger le pays, qu’il s’apprête pour déposer sa candidature », a indiqué l’enseignant. Les personnalités incriminées dans le dossier selon lui, suscite beaucoup d’interrogation. « Un malheur ne vient jamais de loin », a-t-il fait savoir exhortant à plus de méfiance.
L’un de ses collègues ayant requis l’anonymat estime qu’il s’agit d’un « grand complot ». D’après lui, même s’il devrait avoir coup d’Etat au Bénin, cela ne devrait pas être l’œuvre des personnalités citées. « C’est des gens très respectables qui ont beaucoup travaillé avec lui. Depuis quelques mois, il y a une vague de suscitations de la candidature de Olivier Boko. Il n’est jamais allé à une élection au Bénin ; qu’il essaye d’abord. Pourquoi faire un coup d’Etat ? », a-t-il laissé entendre.
Richard, technicien du froid et de la climatisation exerçant à Abomey-Calavi pense que c’est une affaire très complexe. Boko et Talon d’après lui, sont ensemble il y a très longtemps. C’est des gens qui ont fait beaucoup de choses ensemble et qui se connaissent très bien. Que l’un en arrive à faire un coup d’Etat à l’autre inquiète et amène à s’interroger sur le genre de relations qu’ils ont développées. « C’est la paix ce que nous voulons dans le pays. Faudrait pas que pour leur intérêts personnels, ils nous créent des problèmes », a-t-il confié exhortant au respect des lois et à l’alternance au pouvoir selon les règles démocratiques.
« Ces gens se connaissent bien. Si Olivier Boko en arrive à monter un plan de coup d’Etat contre Talon, c’est qu’il sait que le chef de l’Etat ne veut pas partir en 2026. Et vous savez bien que moi que la question préoccupe beaucoup de Béninois », c’est ce qu’a laissé entendre Régis, étudiant en droit. « Nous ne voulons pas de coup d’Etat certes ; mais les élections approchent, et il faut qu’on ouvre le jeu », a-t-il ajouté évoquant le nouveau Code électoral.
« La trahison, c’est le propre du béninois. Parfois, c’est celui à qui tu fais plus confiance qui te trahit. Le Bénin, le Béninois, c’est ça, mais c’est dommage. Moi je ne suis pas surpris avec la vague de suscitation de candidature », a confié Valentin, un conducteur de taxi-moto communément appelé zémidjan.
Une affaire des politiques
« C’est une affaire politique. Et les politiciens, ce n’est pas souvent facile de les comprendre. La période que nous traversons est une période critique. Bientôt, il y aura les élections, et tout bouge déjà », Richard, technicien du froid et de la climatisation.
Pour Clément, ouvrier sur un chantier de construction, « c’est surprenant, mais c’est des politiciens après tout ». « Attendons de voir », a-t-il indiqué.
« Les élections approchent et ils veulent une fois encore bluffer le peuple. Ils savent ce qu’ils font ces acteurs politiques. C’est le peuple qui souffre, c’est tout », Esther, maîtresse coiffeuse.
La justice invitée à être impartiale
Interpelés et placés sous mandat de dépôt, les deux prévenus, Olivier Boko et Oswald Homéky après les auditions à la Chambre des libertés et de la détention de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) le 1er octobre 2024, ont été mis en examen pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », « blanchiment de capitaux et « corruption d’agent public ».
Dans le dossier, les Béninois souhaitent un jugement impartial.
« A l’instar des autres dossiers, que les acteurs de cette nouvelle affaire de coup d’Etat soit jugés de la même manière. Il ne faudrait pas qu’il y ait du favoritisme, parce que c’est des proches du président », Géraud, technicien informatique.
« C’est la 2e fois que cette affaire de coup d’Etat survient au Bénin sous le régime du président Talon. L’autre fois, c’était avec les opposants ; on connait la suite. Cette fois-ci, c’est des gens de son entourage qui ont géré le pays avec lui. Que la lumière soit faite, et si leur culpabilité est vraiment établie, qu’ils soient condamnés », souhaite Clément, jeune ingénieur.
F. A. A.
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