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La vie d’apprentis mécaniciens, ils l’ont découverte dans un garage sous le châssis d’un véhicule. Leur corps frêle soumis à l’épreuve de la force, doit également s’habituer aux coups de courroie et autres châtiments réguliers que le patron estime si juste de leur administrer, en cas de fautes. Une vie rude que ces mineurs subissent dans l’indifférence totale de leur entourage.
Son nom, c’est Samuel, il a sept ans, et depuis deux ans, il vit dans un garage du quartier Djègan Kpèvi à Porto-Novo. Visage sombre, vieilli par la crasse, ce natif de Yoko, dans la commune de Sakété, a été confié à son oncle, propriétaire du garage, pour apprendre le métier de mécanicien. Réduit à des tâches assez audacieuses pour un enfant de son âge, son corps proteste en silence.
« Je dois remplir deux tonneaux d’eau chaque jour, aidé à transporter de lourdes pièces de véhicules. Entre ces corvées, le patron m’envoie régulièrement faire des achats », explique-t-il, le front bas, la mine triste.
La ration alimentaire quotidienne qui devrait rendre justice aux muscles éprouvés du petit Samuel suffit à peine à le maintenir en vie.
« Le patron me donne 100 francs CFA le matin pour le petit- déjeuner, 50 francs à midi et 100 francs le soir. Je ne mange pas à ma faim, mais je suis habitué », dit-il
Jérôme, un autre apprenti-mécanicien du quartier se reconnaît à travers le petit Samuel. Il avait presque le même âge que lui quand il a quitté ses parents pour le garage.
« J’avais six ans quand j’ai commencé ici. La vie n’est pas rose. On dort à l’intérieur des véhicules à la merci des moustiques et du froid. Le patron nous donne juste de quoi ne pas mourir de faim. Mais en grandissant, ça s’améliore. Aujourd’hui, j’ai seize ans et le métier n’a plus de secret pour moi. D’autres garages m’invitent à leur prêter main forte, quand ils sont débordés. Avec ces jobs, je gagne un peu d’argent maintenant », explique-t-il.
Samuel connaîtra-t-il le sort de son aîné ? En attendant que le destin en décide autrement, il doit pouvoir survivre. Les piqûres de moustique et les conditions d’hygiène dégradantes du garage, sont autant de menaces qui pèsent sur sa santé.
Camille Raoul Fassinou, docteur en droit de l’Homme, révèle d’autres causes de maladies chez ces apprentis mécaniciens.
« La durée de travail trop longue et source de fatigue est la cause de maladies chez ces enfants. La manipulation ou l’utilisation de plusieurs produits toxiques, peuvent également être nocive pour leur santé à court, moyen ou long terme, selon la durée d’exposition », affirme-t-il.
« Ils sont également exposés à des déformations à cause de leur posture au travail ou des charges sous lesquelles ils croupissent tout au long des journées de travail », ajoute l’universitaire.
D’après Victor, le patron de Samuel, peu sensibilisé sur les risques encourus par ses apprentis, il n’y a que la malaria et la malpropreté qui peuvent déteindre sur leur santé.
Victor ignore aussi que le Code pénal béninois en son article 166, interdit le travail des enfants jusqu’à l’âge de 14 ans.
Il reste donc un effort de sensibilisation à faire au Bénin pour soustraire ces enfants des griffes du travail.
Rufin PATINVOH
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