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Dans les quartiers résidentiels de la ville de Cotonou vivent des exilés politiques. Qui et combien sont-ils ces dignitaires politiques africains en état d’indélicatesse avec les autorités de leur pays d’origine ? Vingt ? Trente ? Peu importe leur identité et leur nombre. Le devoir de réserve et les secrets diplomatiques éclipsent ces acteurs omniprésents dans les relations bilatérales où la langue de bois complique l’éclairage sur les réfugiés politiques.
« L’éloignement augmente le prestige », dit-on. Cette maxime se vérifie avec les activistes politiques qui se retrouvent hors de leurs frontières nationales. Ainsi, le principe général du Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR) selon lequel « un réfugié, c’est un réfugié » se relativise dans la gestion des réfugiés politiques. L’accueil se fait à la tête du client. Et il paraît que notre pays se distingue dans l’art de bien s’occuper des réfugiés politiques.
Tous sont tous unanimes : ils ne connaissent pas des tracasseries policières au Bénin. Ils se confondent aux citoyens béninois dans le quotidien. Cette liberté relative de nos frères politiciens africains en difficulté est gérée directement par les hautes sphères du pouvoir politique. L’attribution du statut de réfugié politique relève de la souveraineté de l’Etat béninois. Les ministères des affaires étrangères, de la sécurité, de la défense et les conseillers politiques du Président de la République accordent une attention particulière à ces politiciens africains qui sollicitent l’asile. Les exilés politiques arrivent par voie terrestre ou aérienne sans tambour ni trompette. Accueillis par les services secrets à leur descente, reçus par les plus hautes personnalités de l’exécutif béninois avant leur installation, ils trouvent leur pied à terre dans les quartiers huppés de la ville de Cotonou. Le séjour et les mouvements sur le plan national et international se planifient avec les services des renseignements et de la sécurité.
Chaque pays d’accueil et de réinstallation reçoit des subsides du Hcr. Le montant exact des crédits alloués au Bénin relève du secret diplomatique. « Je ne peux pas vous donner le montant exact. Mais, c’est un soutien très important. C’est nous qui finançons les frais de fonctionnement, les programmes d’assistance des réfugiés. C’est un soutien important que nous continuerons à apporter.... C’est dans la centaine de milliers de dollars. Si ce n’est pas plus de dollars », confie-t-on à la représentation du Hcr au Bénin. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. « Mais l’aide que nous apportons n’est pas toujours à la hauteur de tous les besoins des réfugiés » reconnaît notre interlocuteur.
Le Bénin consacre chaque année une somme de cinq millions de francs cfa pour subvenir aux besoins des réfugiés nécessiteux sans compter les moyens déployés pour assurer la protection physique des réfugiés politiques. « Aides-toi et le ciel t’aidera ». Certains exilés politiques l’ont compris. Car le soutien des autorités politiques du pays d’accueil ne saurait être éternel. Ils se transforment en véritables opérateurs économiques. Par souci de discrétion, les réfugiés politiques optent pour la formule du prête-nom dans leurs investissements. On les retrouve dans les activités de grandes consommations comme la gestion des maquis, bars, restauration.... La protection physique, l’assistance politique et l’accumulation des richesses dans le pays d’accueil des réfugiés politiques engendrent des secousses politiques. La présence des réfugiés politiques oppose le Bénin à d’autres pays africains. Pourtant, la convention de sur les problèmes des réfugiés est claire. Elle demande aux Etats de ne jamais considérer l’octroi de l’asile à quelqu’un comme un acte inamical ou comme un acte hostile. La convention de l’Organisation de l’unité africaine interdit aux exilés politiques de s’adonner aux activités subversives. Dans la pratique, les réfugiés politiques ne restent pas inactifs. Ils mènent une lutte depuis l’exil avec ou sans l’aide du pays d’accueil.
La responsabilité du pays d’accueil est engagée. « Lorsqu’ils accueillent un exilé d’un pays voisin ce n’est pas pour en faire un activiste politique organisant à partir du pays d’asile des activités militaires pour une déstabilisation politique du pays d’origine. Dès que ce code de conduite est observé par les pays d’accueil des exilés ou des réfugiés, ça peut réduire les tensions entre les Etats. Il faut absolument que l’Etat qui accueille les exilés s’assurent que les exilés n’utilisent pas le pays d’accueil pour lancer les activités hostiles ou subversives contre le pays d’origine », affirme notre interlocuteur au Hcr. Chaque Etat possède des intérêts dans la gestion des réfugiés politiques.
La diplomatie occupe une place centrale dans les négociations bilatérales au sujet des réfugiés. Certaines demandes d’extradition finissent en queue de poisson. Ce qui ne laisse pas le pays d’accueil indifférent. Le Bénin a de par le passé eu quelques ennuis à cause des réfugiés politiques. Mais l’histoire lui a toujours donné raison. Dans les relations internationales, aucun pays signataire de la Convention de Genève ne veut être un « mouton noir » du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Outre, la tradition d’accueil, la gestion des réfugiés politiques trouvent une signification dans le projet de société du président Boni Yayi : faire « rayonner le pays sur le plan international ».
Cette recherche de leadership au plan international occasionne des tensions bilatérales. En définitive, le statut du réfugié politique reste spécifique en ceci que son bénéficiaire n’est plus ressortissant des autorités du pays d’origine. Les « hommes chéris de la République » sont une conséquence de la mauvaise gestion des hommes qui débouche sur des conflits générateurs de réfugiés. Les causes profondes des réfugiés politiques africains au Bénin sont les élections mal gérées, le déficit de démocratie, la lutte pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Malheureusement, cela semble être le propre des Etats africains.
Gontran Vidjinnagni
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