vendredi, 19 avril 2024 -

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Traversée du fleuve Mono

Les passeurs d’Agoué mènent une vie de misère




Sur la lagune Gbaga, un affluent du fleuve Mono, frontière fluviale entre Agoué au Bénin et Agouégan au Togo, outre la pêche, des piroguiers font passer des personnes et des biens. Cette autre activité économique menée par des passeurs devient plus intense les lundis, jours du marché ‘’Dzoda’’, situé à Agouégan en territoire togolais.

Agoué, petite cité historique et balnéaire, est située entre l’océan Atlantique et la lagune Gbaga, un affluent du fleuve Mono qui constitue une frontière naturelle entre le Bénin et le Togo. Les habitants de cette petite ville s’adonnent à plusieurs activités économiques dont la pêche et le trafic sur la lagune Gbaga, une activité qu’on pourrait considérer comme la principale du point de vue de nombre de personnes qui s’y adonne. Et toute une organisation des acteurs encadre l’activité. ‘’Lorsque je suis de tour, déjà à 6 heures du matin, je suis à la berge pour commencer le travail et c’est parti pour 16 heures. Nous faisons traverser les personnes et les biens du Bénin vers le Togo et vice-versa.

Et vers 16 heures, nous laissons généralement le tour à nos jeunes frères ou enfants qui continuent pour se faire un peu d’argent afin de subvenir à leurs besoins à l’école.’’ Ainsi Amah Ayayi relate en quoi est constituée une journée d’un passeur à Agoué. Autrement dit, il n’est pas donné à tout le monde de mettre une pirogue sur la lagune et de commencer par faire passer les personnes et des biens. Il faut être donc membres de l’Association des Piroguiers d’Agoué pour le Développement (APAD) ou être fils du milieu. Et même avant d’adhérer à ce groupe, il faut être majeur et être initié à la nage et aux techniques de conduite des pirogues.

Une initiation s’impose

On ne naît pas piroguier, on le devient. En effet, il n’est pas donné à tout le monde de monter dans une pirogue et de commencer par ramer. C’est tout un art qui s’apprend afin d’acquérir les techniques nécessaire pour dompter les courants d’eau qui, des fois, sont forts et entrainent les non-initiés dans le décor. ‘’On ne se lève pas pour se mettre sur l’eau et devenir piroguier. C’est tout un processus et techniques qui se transmettent de père en fils, de génération en génération. En effet, avant de prendre la perche pour commencer par guider les pirogues, on t’initie à la nage. Pour arriver à maîtriser les techniques de nage, il faut généralement une à deux semaines. Ce n’est qu’après cette étape que tu peux apprendre à conduire les pirogues. Cette initiation dure généralement une semaine aussi’’, raconte Eugène Kpadonou, un passeur membre de l’association à Ahossivito, un lieu d’embarquement à Agoué. Même si l’initiation à la nage se fait à tout âge, pour avoir l’autorisation de faire passer, on s’assure que les enfants aient d’abord un certain âge.
Passé l’étape d’initiation, le passeur entre dans la vie professionnelle jonchée de mille et une incertitudes.

Vie des passeurs, une vie des damnés !

La vie n’est sûrement clémente à personne est-on tenté de dire. Mais elle est pénible pour d’autres qui se tuent au quotidien à la tâche afin d’offrir le ‘’meilleur’’ à leur famille. La vie des passeurs à Agoué n’est pas aisée et aucun d’eux ne se rabat pas seulement sur cette activité pour survivre. ‘’A première vue, on croit que nous vivons de cette activité. Mais pas du tout’’, s’exclame Aman Ayayi. En effet, le quotidien de ces passeurs est bien périlleux. A en croire, Aman Ayayi, le gain annuel que cette activité leur donne est en moyenne 35.000 francs CFA. ‘’Le nombre que nous faisons fait que pour avoir un tour de garde, il faut un an voire un an et demi avant d’avoir à nouveau un autre tour. En effet, le bureau de l’APAD se charge de faire le calendrier et hebdomadairement, il y a trois personnes de garde. Le lundi étant le jour principal d’activité du fait du marché Dzoda, tous les trois travaillent ce jour-là. Et le reste des jours de la semaine chacun assure la permanence pendant 2 jours.

A la fin de la semaine, quand on fait le point, tu peux t’en sortir avec 30 000 à 35 000 francs, si tu as la chance et s’en est fini pour l’année’’, affirme-t-il. Son collègue Eugène Kpadonou renchérit qu’ils ne vivent pas du tout de cette activité. ‘’Comment peut-on vivre avec 35.000 francs par an avec une famille à nourrir ?’’, se demande-t-il.
Il va sans dire que les passeurs sont obligés d’avoir d’autres cordes à leur arc. Car comme tout le monde, ils aspirent aussi à une vie meilleure pour leur famille. ‘’Pour parvenir à ouvrir une vie plus ou moins décente à nos progénitures, nous sommes bien obligés de nous lancer dans d’autres activités. Nous faisons les petits jobs qui nous tombent sous la main. Des fois, nous sommes travaillons comme manœuvres pour les maçons, ou si la saison est bonne, nous nous convertissons en pêcheurs. Beaucoup sont dans la production maraîchère.

De toutes les façons, nous parvenons à joindre les deux bouts grâce à ces petit boulots sans lesquels nous serons simplement réduits au néant’’, confie tristement Kokouvi, un jeune passeur à Kponou. ‘’C’est dur, très dur et même pénible la vie que nous menons. Mais on s’accroche et on rêve grand pour nos enfants’’, conclut Aman Ayayi tout ému et les yeux pleins d’espoir d’un lendemain meilleur.
Toutefois, les lundis, jours de marché, chacun en trouve pour son compte. Ce qui leur permet de tenir dans la semaine vaille que vaille.
S’il est vrai que la vie des passeurs n’est pas facile, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils sont très organisés au point de disposer d’une caisse communautaire pour répondre aux problèmes de développement de leur village.

Malgré tout, on pense au développement du village

La dureté de la vie n’a pas fait perdre de vue aux passeurs d’Agoué que le développement de leur localité dépend avant tout d’eux-mêmes. Et ils ont si bien compris que malgré les maigres ressources qu’ils tirent de cette activité, ils mettent quelque chose de côté pour répondre aux problèmes de leur village. ‘’Nous ne dépensons pas tout pour nous-mêmes quand nous sommes de tour dans la semaine. Une partie est réservée à la caisse de l’association’’, indique Aman Ayayi.
Et ce qu’ils mettent de côté leur permet de répondre à certaines situations qui surgissent dans le village. ‘’L’Association des Piroguiers d’Agoué pour le Développement (l’APAD) intervient quand il y a des difficultés dans notre village. La dernière fois, quand ils ont appris que le Ceg Agoué devrait perdre son statut de centre d’examen de BEPC s’il ne dispose pas d’un groupe électrogène, l’APAD s’est pliée en 4 pour doter l’établissement de ce générateur. De même, elle a commencé la clôture dudit Ceg’’, témoigne Edouard Akpaka, Secrétaire Général de l’Association de développement.
Comme l’indique leur dénomination, le développement est une priorité pour les piroguiers d’Agoué. Raison pour laquelle, ils implorent les autorités compétentes à leur venir en aide en créant un environnement favorable à d’autres activités génératrices de revenus.

Cokou Romain COKOU

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