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La première session criminelle de l’année 2025 suit son cours à la Criet. Carlos ADOHOUANNON ex-régisseur de la direction générale des Impôts (DGI) a donné sa version des faits en ce qui concerne la disparition des 4 milliards FCFA. Il a fait de grosses révélations sur ce dossier
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Après la déposition de l’ex-directeur général des ressources de la Direction générale des impôts, Lambert Gustave ABLET, c’est autour de son co-accusé, l’ex-régisseur Carlos Adohouannon de donner sa version des faits. Convoqué à la barre, il déclare qu’il a été nommé en juin 2016, mais qu’il n’a véritablement pris fonction qu’en janvier 2017. Carlos ADOHOUANNON a déclaré que tout le dernier semestre de 2016, il a travaillé ensemble avec l’ancien régisseur. Cette période, Carlos Adohouannon le décrit comme une période de transition. « Officiellement, j’ai pris les rênes seul à partir de janvier 2017 »
Au sujet de combien se trouvait dans la caisse à sa prise de fonction et des biens dont il dispose, il répond : « Après 5 années passées en prison et tout ce qui s’est passé, si je m’aventure sur ce terrain je vais dire des conneries. J’ai une seule maison et une voiture RAV 4 2010. Cet immeuble c’est tout ce que j’ai. Je n’ai plus rien d’autre. »
En ce qui concerne l’argent disparu, il répond : « Ce n’est pas qu’on n’a pas retrouvé, ce n’est pas que ç’a disparu. Mais ce qu’il s’est passé, c’est une situation qui a conduit à cet état de choses. Quand les fonds sont recouvrés à mon niveau je fais le dépôt sur compte destiné au FSE. Le reste, je le garde par-devers moi. En ce qui concerne le FSE, il faut reconnaître que depuis ma prise de fonction j’ai toujours reversé sur le compte. Mais à partir de 2018, il y a un article de la loi de finances qui dit que les prélèvements qu’on opérait à la source ne sont plus possibles. Puisqu’il faut dire que toutes les structures de l’état qui recouvre des impôts ne doivent plus prélever des fonds à la source. Je ne savais plus quoi faire », confie-t-il
Dans cette impasse, Carlos Agossou affirme qu’il a marqué son refus catégorique à enregistrer les entrées concernant les recouvrements à son niveau. « Le DGI m’a appelé et je lui ai expliqué qu’il y a une nouvelle mesure qui nous interdisait de faire les prélèvements à la source. Il a dit aux receveurs de garder avec eux pour le moment les sous recouvrés. Il a convoqué ensuite une réunion au cours de laquelle tout le monde a compris la nouvelle mesure, mais qu’en attendant de régulariser la situation avec le ministre, de continuer à enregistrer les recettes », a-t-il expliqué.
À chaque fois, quand il y a paiement à faire, il allègue que le Directeur général des ressources (DGR) lui demande de faire le point des FSE et qu’il lui transmettait cela. « Je fais le reversement pour que les différents chèques soient émis. Les reversements n’étaient pas automatiques. « Lorsqu’on doit émettre les chèques, le DGR me demande de faire le point de ce qui doit être payé, je fais ensuite le reversement sur le compte pour que les chèques puissent passer. S’il me donne l’ordre que les chèques seront émis, moi, je fais mon reversement. C’est compte tenu de mes points qu’ils émettent les chèques. Depuis 2018, la pratique est restée à cause de l’impasse de la nouvelle loi de finances. Début 2019, moi, j’ai produit le point d’exécution du budget FSE gestion 2019 qu’on a transmis à nos supérieurs dont entre autres le DGR et le DGI », laisse entendre l’accusé Carlos Adohouannon.
Carlos Adohouannon signale que lorsque le Directeur général des impôts a introduit le point chez le ministre des Finances, ce dernier a refusé de signer le document. À entendre Carlos Adohouannon, le ministre des Finances a souhaité qu’il fasse le point global de tous les fonds gérés à l’interne. « J’ai fait le tableau récapitulatif des fonds et j’ai transmis des copies au DGR et au DGI. La pénalité faisait plus de 2.500.000.000 FCFA. Le DGI va voir le ministre avec le point et ils ont décidé qu’on transfert 1 milliard du compte pénalités sur le compte FSE. Pourquoi faire ? On ne m’a pas dit, juste transféré. J’ai fait la fiche demande de transfert, le DGR a finalisé le dossier et a transmis au DGI. Le DGR m’appelle et me parle d’un projet de rapatriement des fonds sans m’en donner les raisons. J’ai marqué un refus catégorique. C’est dans son bureau qu’il m’a dit ça. Je lui ai demandé quel montant, il ne m’a pas donné les détails, mais il m’a dit que le ministre même serait impliqué et qu’il a renoncé au projet de transfert des un milliard FCFA . Après moultes réflexions, un vendredi, le DGR et le DGI m’ont appelé et m’ont parlé encore du projet de rapatriement », raconte Adohouannon.
L’ex-régisseur Carlos Adohouannon déclare s’être opposé et avoir demandé la destination de l’argent. « J’ai dit non et j’ai demandé les fonds devaient aller où ? Ils m’ont dit qu’ils ne peuvent pas me dire. Ils m’ont demandé combien il y avait dans le cargo et j’ai dit qu’il y avait un peu plus de 4 milliards. C’est là que nous avons décidé du rapatriement des 3.800.000.000 FCFA et il restait 200.000.000 FCFA pour le fonctionnement de la DGI. Quelques jours après, le DGR m’a fait appel et me parle à nouveau du projet et je lui ai transmis une copie de la clé de la porte du cargo. J’ai pris soin de sortir les 200.000.000 FCFA que j’ai déposé dans le coffre dans mon bureau. Je lui ai dit que je ne voulais pas être associé au rapatriement puisqu’ils ont dit que le rapatriement est pour une destination inconnue. Le mardi je suis allé dans le cargo et le cargo était vide. Le coffre-fort, je n’ai pas mis le code. Je suis allé voir le DGR et il m’a dit de ne pas m’inquiéter et que ça n’allait durer que 6 mois », indique Carlos Adohouannon aux juges.
Carlos Adohouannon met en cause ses supérieurs et dénonce des arrêtés cachés au public
Plus tard, Carlos Adohouannon déclare avoir été voir le Directeur général des impôts (DGI) qui l’a aussi rassuré que cela n’allait durer que 6 mois. « La pression était très forte. Le DGR me faisait asseoir pour me parler du projet et me dire que le ministre même serait associé à cela. Ce n’est pas des menaces. Ils m’ont rassuré que le ministre même serait associé à cela. On attendait le retour des fonds pour début novembre au plus tard et c’est là que je reçois le retour de la fiche de transfert de 1 milliard qui avait été envoyée au ministre. Quand la fiche est revenue, j’étais embarrassé. Donc, j’ai établi un projet de décret portant autorisation de transfert de fonds. J’ai transmis le projet et il m’a dit en ces termes : Cet arrêté ne doit être connu que de nous trois. Ça n’a pas été facile avant que le ministre ne signe parce que le ministre ne voulait pas apposer sa signature sur un tel projet parce que tout les arrêtés doivent prendre par le bureau d’investigation des arrêtés et que c’est pour cela que le projet doit être connu de nous trois uniquement. Le milliard devait servir à payer 617 millions. Le premier volet devait être payé avec 224 millions », a-t-il déclaré.
Adohouannon affirme avoir fui pour sauver sa peau
Selon l’ex-régisseur, il a demandé au Directeur général des impôts comment ils allaient faire pour payer ces montants et il lui a dit qu’il comptait sur sa sagacité. « Très tôt, j’ai compris qu’il y a un complot qui se tramait et j’ai disparu. J’espérais recevoir des fonds du budget national, un chèque de 100 millions FCFA pour achat de carburant pour un projet. Moi-même, j’avais au bas mot à peu près 130 millions à mon niveau, donc je me suis dis que je pouvais dégager tout au moins 120 millions à mon niveau. Je devais le rassurer, si non connaissant leur mode opératoire, c’est la BEF qui viendra me chercher. C’est pour ça,moi-même, j’ai pris le soin de remplir les chèques que je devais déposer pour certification. C’est dans cette impasse que j’étais quand la pression a commencé par monter de toutes parts que j’ai pris la clé des champs. C’était malgré moi que je suis parti et tous les signes montrent que je ne me suis pas préparé pour partir. Comme j’ai vu que le chèque des 100 millions FCFA , j’ai pris le soin de payer les primes de pénalité des agents de la DGI. Quand je suis parti, les chèques que le DGR m’avait remis pour le prêt que je lui avais consenti, était dans mon bureau, il a pris les chèques, il a pris le parapheur, l’enregistreur de la caméra. C’est lui seul qui savait là où j’ai déposé le parapheur. C’est là où j’ai été floué par mes supérieurs hiérarchiques. Tout le monde à la DGI savait que je passais plus de temps dans le bureau du DGR que dans mon propre bureau. Il me parlait de ses projets d’agriculture et il me dit qu’il est en train de faire des travaux de conditionnement et qu’il a besoin de prêt. Il était souvent avec des ouvriers. Et il me dit : Je prends les sous, je te remets le chèque et lorsque l’argent sera disponible sur son compte. il me dira pour que j’aille retirer. Il m’a dit qu’il faisait une tontine qu’il devait ramasser pour approvisionner son compte. », a-t-il déclaré rapporte l’envoyé spécial de LIbre Express.
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