La grande innovation du nouveau gouvernement du président Boni Yayi, c’est le retour de la dénomination de premier ministre, un portefeuille confié au Franco-béninois, Lionnel Zinsou. Ce choix du président Boni Yayi n’est pas le fruit du hasard. Il répond à une double logique. Celui de redonner confiance aux investisseurs étrangers afin que tombent enfin les fruits de la table ronde Paris organisée, il y a un an, mais aussi l’utilisé comme bouclier anti-Talon au cas où ce dernier serait candidat.

Qui est Lionnel Zinsou ? C’est la question que plusieurs béninois se posent par rapport au nouveau premier ministre du gouvernement de Boni Yayi. Mais, l’homme n’est pas si nouveau que ça dans l’entourage du président Boni Yayi. Il est d’ailleurs d’après, nos informations, conseiller au cabinet du président Boni Yayi, même s’il vient plus au Bénin en touriste qu’en résident. Mais, là n’est pas le problème. Car, Boni Yayi sait qu’il peut compter sur ce Banquier d’affaires né d’un père Béninois et de mère française et bien introduit dans les milieux d’affaires et politiques français. Et, c’est d’ailleurs la principale raison de sa nomination. En effet, il y a un an que la table ronde de Paris organisée à grand renfort médiatique s’est achevée avec des promesses mirobolantes chiffrées à plus 6000 milliards de Francs CFA. Mais, depuis le retour de la délégation béninoise de cette table ronde, les investisseurs qui ont fait toutes ces promesses traînent les pas. Ils n’ont pas confiance en l’équipe gouvernementale en place et usent d’autres arguments pour justifier leur réticence.

Lionnel Zinsou a travaillé chez BSN, Lionel Zinsou a été associé-gérant de Rothschild & Cie avant de rejoindre en 2008 le fonds d’investissement PAI Partners. Il est également animateur du club Fraternité, cercle de réflexion de Laurent Fabius, et administrateur du comité opérationnel du journal Libération désigné par Édouard de Rothschild après le départ de Serge July. C’est un homme de réseaux disposant d’un carnet d’adresses bien fourni dans les milieux bancaires et de la finance internationale et jouissant d’une bonne renommée. Boni Yayi voudrait donc bien profiter de ces atouts de l’homme.

L’homme idéal contre Patrice Talon

La renommée de Lionel Zinsou dans l’hexagone et en Europe fait de lui, l’homme capable d’affronter Patrice Talon, le richissime homme d’affaires béninois en exil. En effet, il se murmure depuis quelques semaines, la probable candidature de Patrice Talon à l’élection présidentielle de mars 2016. Une candidature qui fait peur à l’actuel locataire de la Marina, au regard de la guéguerre qui a régné dans les relations entre les deux hommes depuis la réélection de Boni Yayi en 2016. Contraint à l’exil, Patrice Talon n’a eu d’autres choix que d’envisager sa candidature à la présidentielle pour signer son retour au pays avant l’arrivée d’un autre régime. Seulement, Boni Yayi voudrait tout faire pour l’empêcher de briguer la magistrature suprême.

Ainsi, le seul homme capable de le concurrencer, au plan financier, au plan des relations internationales et de connexion aux réseaux de l’appareil d’Etat français, c’est bien Lionel Zinsou. Car, si ce dernier est candidat, les réseaux économiques et politiques de l’hexagone qui pourraient manifester un quelconque soutien à Patrice Talon ne le feront certainement plus. Car, Lionel Zinsou en dans l’âme plus français que Béninois.

François Abiola sacrifié et humilié

Le plus grand perdant des dernières batailles politiques au sommet de l’Etat, c’est bien l’actuel ministre d’Etat chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, François Abiola. Primo, le chef de l’Etat lui a préféré Komi Koutché pour briguer le poste de président de l’Assemblée. Secondo, la formation de ce nouveau gouvernement est encore plus humiliante pour lui. En effet, en sa qualité de ministre d’Etat dans le précédent gouvernement, il était le numéro 2 de l’exécutif après Boni Yayi. Maintenant, il n’a droit qu’à un obscur poste de vice-premier ministre, appellation remise en cause par le bureau de l’Assemblée nationale, ce qui a fait durer le suspense. François Abiola en tant que Vice-premier ministre est donc l’adjoint de Lionel Zinsou. De part, ses années d’expériences politiques et dans l’équipe gouvernementale, il sera l’homme à tout faire sans avoir le titre. Et c’est là que réside l’humiliation que Boni Yayi lui fait subir.

Julien Tonon