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Ville historique à fortes potentialités touristiques, Athiémé se veut être le pôle d’attraction le plus fréquenté dans le département du Mono. C’est du moins la vision du conseil communal dirigé par le Maire Saturnin Dansou qui a bien voulu nous accorder une interview pour nous parler de sa commune sur le plan touristique.
24Heures au Bénin : Monsieur le maire, l’une des priorités du gouvernement Talon est le développement du tourisme au sens large du terme. Que peut vendre aujourd’hui Athiémé sur le plan touristique ?
Maire Saturnin Dansou : Merci monsieur le journaliste pour l’occasion que vous me donnez pour parler des attraits touristiques de ma commune. Je dirai d’abord qu’en tant que commune, nous devons nous arrimer à la politique gouvernementale. Aujourd’hui, le tourisme occupe une place de choix dans le PAG. Alors nous nous sommes dit que c’est une opportunité pour les communes de valoriser leurs sites touristiques puisque le gouvernement a cette vision, il faudrait donc qu’on s’inscrive aussi dans cette même vision. Comme je le dis souvent, avec le passé d’Athiémé, nous avons des vestiges coloniaux. Nous avons aussi des forêts classées dont une est classée parmi le patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit de la forêt de Nablanou dans l’arrondissement d’Atchannou avec une biodiversité impressionnante et des espèces rares. Le fleuve Mono en lui-même est un attrait touristique. C’est un atout pour notre commune que nous devons exploiter indépendamment du fait que la crue nous embête régulièrement. Si vous allez dans Kpinnou, en plein cœur du lac Toho, nous avons un ilot que nous comptons valoriser. En dehors de cela, depuis un moment, la commune est entrain de recevoir des oiseaux migrateurs qui sont tracés. Et des touristes les suivent dans leur mouvement depuis les Etats-Unis. Voilà donc autant d’éléments qui nous permettent de dire qu’Athiémé a beaucoup d’atouts touristiques à vendre.
Quel politique votre conseil communal met alors en place pour la valorisation de tout ce patrimoine ?
Vous posez là une très belle question. Le conseil communal œuvre d’abord à faire le répertoire du patrimoine à travers un inventaire. Dans ce cadre, nous avons signé un partenariat avec Eco-Bénin qui est actuellement dans la commune pour trois mois. Leur mission est de nous faire le diagnostic et de répertorier tous les attraits touristiques de la commune. Après cette étape, et toujours dans le partenariat avec Eco-Bénin, nous allons écrire les projets afin de trouver des partenaires qui viendront nous appuyer pour aménager certains sites touristiques. Mais avant Eco-Bénin, nous avions fait un partenariat avec culture et développement, une ONG en France. Les responsables de cette ONG sont surtout intéressés aux vestiges coloniaux. Ils ont promis nous aider à réhabiliter ces bâtiments pour attirer les touristes.
Qu’en est-il du patrimoine immatériel ?
Il y a un genre de couvent qui est toujours à Ahoho dans l’arrondissement de Dédékpoé. C’est dans ce couvent qu’on initiait les futurs chasseurs et vous pouvez toujours voir sur place les cranes d’hippopotames. Tous les rituels y sont faits pour initiés les chasseurs.
Vous savez, chez nous, il y a beaucoup de divinités. Et si vous allez dans la forêt sacrée de Houanyêhoué, l’histoire nous a été racontée par les gardiens du temple que les clous tombaient du ciel. Ils nous ont aussi dits comment est installé ce fétiche et que quand vous finissez de le consulter, vous ne devez plus regarder derrière quand vous partez au risque de vous transformer en termitière. Et ce que nous avons constaté quand nous sommes allés là-bas, c’est que les gens ont commencé par détruire la forêt. Alors il nous faut trouver les moyens pour l’aménager et la restaurer pour que les gens continuent de la visiter.
Je me suis intéressé plus au patrimoine matériel non pas parce que nos danses n’existent pas. Mais dans la pratique, on constate que les gens ne maitrisent plus les choses. Puisque si le tam-tam n’existe pas, on ne peut pas parler de danse. Et le constat amer aujourd’hui est que dans nos villages les jeunes s’adonnent plus à la musique moderne. Et c’est pour tout ça que nous avons commis les experts pour nous faire les études. Et puisque nous n’avons pas encore les résultats de ces études, nous ne savons pas encore à quoi il faut s’attaquer. Nous ne pouvons pas aller dans un village et dire que nous voulons restaurer une danse. Ce n’est pas possible. Il nous faut d’abord savoir pourquoi cette danse est entrain de disparaître, trouver le matériel adéquat…car si par exemple vous allez dans un village et ils vous disent qu’ils n’ont pas de tam-tam, que ferez-vous ? Par exemple de nos jours les gens préfèrent aller louer de sonorisation et un DJ quand ils ont un décès alors qu’avant c’est du Zinlin qu’on jouait.
Donc c’est un travail de fond que nous voulons faire pour remettre sur les rails notre riche patrimoine immatériel qui se meurt. Ce patrimoine est en danger puisqu’il y a des danses comme le rythme Zahir qu’on jouait dans mon village que nos enfants ne connaissent plus aujourd’hui. Une chose est sûre, dès que nous aurons les conclusions des études, nous allons nous y mettre pour revenir sur un certain nombre de valeurs. Mais déjà, nous sommes en de très bonne collaboration avec la direction départementale du tourisme. A l’heure où je vous parle, il nous a été demandé de fournir deux sites touristiques à aménager par l’Etat. Il y a de l’espoir.
Un appel pour clore cet entretien
L’actuel conseil communal s’est dit que construire des écoles, des centres de santé c’est primordiale. Mais ce n’est pas que ça le développement. Le développement, c’est également le tourisme qui génère beaucoup de moyens pour les communes. Nous avons donc la vision de faire d’Athiémé un pôle touristique le plus fréquenté dans le Mono. Notre vision, c’est la destination Athiémé. Et pour le faire nous avons besoin de tout le monde.
Propos recueillis et transcris par Cokou Romain COKOU
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