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Le forum scientifique de l’Uemoa dans le cadre de ses 25 ans a été ouvert ce lundi 07 octobre 2019, à Ouagadougou par le président de la Commission de l’organisation Abdallah Boureima.
Lors de la conférence inaugurale, le Professeur Alioune Sall, directeur exécutif de l’Institut des Futurs Africains basé en Afrique du Sud a évoqué les questions relatives à l’intégration en Afrique. Il s’est également penché sur les perspectives et les défis de l’intégration régionale.
Selon l’exposé fait par Pr Alioune Sall, le bilan de l’intégration régionale en Afrique au niveau continental est globalement faible. Le rapport sur le développement en Afrique 2019 de la CNUCED, indique que ‹‹ l’Afrique reste, en dehors de l’Océanie, la Région ayant la plus faible proportion d’exportations intra-régionales. En 2017, la part des exportations intra-régionales dans les exportations totales était de 16,6% en Afrique, contre 68,1% en Europe 59,4% en Asie, 55% en Amérique et 7 % en Océanie.
Au niveau régional, le conférencier s’est appesanti sur la CEDEAO et l’UEMOA.
La CEDEAO souligne-t-il a défini ‹‹ un cadre juridique communautaire de gestion de la mobilité des personnes au sein de l’espace régional dont le protocole de Dakar de mai 1979 sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement, complété par le Protocole de Cotonou de mai 1982, sur le code de la citoyenneté de la Communauté, le Protocole d’Abuja de juillet 1986 relatif au droit de résidence et le Protocole de Banjul de 29 mai 1990 relatif au droit d’établissement. ‹‹ Cet arsenal juridique constitue l’épine dorsale pour l’élimination progressive des obstacles à la libre circulation des personnes ainsi que les droits de résidence et d’établissement. La CEDEAO est probablement l’organisation régionale qui a adopté le plus grand nombre de textes sur la libre échange des personnes et des biens››, a souligné Pr Alioune Sall.
De nombreux progrés ont été enregistrés en Afrique de l’Ouest en matière de libre circulation des personnes.
Concernant le commerce intra régional, il reste encore à un niveau faible. Selon la CNUCED, poursuit-il, ‹‹ le commerce intra régional ne représentait en 2015 que 10% de l’ensemble des échanges commerciaux des 15 pays de la CEDEAO contre 20,7 % pour la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), 10,7% pour la CAE (Communauté d’Afrique de l’Est), 7,8 % pour le COMESA (marché commun de l’Afrique orientale et australe) et 2,1% pour la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale››.
Les produits pétroliers représentent près de la moitié (48,3%) du volume total des échanges commerciaux intra CEDEAO. « Ces statistiques n’intègrent pas les flux commerciaux informels notamment frontaliers entre pays de la CEDEAO qui ne sont pas pris en compte dans les statistiques officielles », précise-t-il. |
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Au niveau de l’Uemoa, le directeur exécutif de l’Institut des Futurs Africains annonce que ‹‹ les échanges intracommunautaires, même si elles ont doublé en volume en 10 ans, entre 2006 et 2016 ne se situent qu’a 11,6% du total des échanges commerciaux de la zone, niveau nettement inférieur à l’objectif de 25% fixé par le programme régional de développement des échanges commerciaux dans l’espace Uemoa. Les principales raisons de cette faiblesse trouvent leurs sources dans : les nombreux contrôles sur les corridors, les prélèvements illicites et autres faux frais et les longs délais pour le transport des marchandises et les distorsions en matière de concurrence et en particulier des difficultés pour certaines entreprises à avoir accès aux marchés, notamment publics de certains pays de l’Union.
‹‹ En effet, les objectifs de la libre circulation des personnes et des biens se heurtent aux contrôles excessifs et aux prélèvements sur les axes routiers. Chaque camion est contrôlé en moyenne 20 fois par voyage, soit 7 fois plus que la norme communautaire qui est de 03 postes de contrôle par corridor, ou 2 postes de contrôle sur 100 Km››, expose-t-il.
A en croire le Professeur Alioune Sall, ‹‹ un camion empruntant le corridor Dakar-Bissau est contrôlé 38 fois, 27 fois sur le corridor Ouaga-Lomé et 26 fois sur celui de Bamako-Dakar via Diboli. Les perceptions illicites par camion et par voyage s’élevaient en 2017 en moyenne à 41.245 FCFA notamment ainsi un surcoût qui entrave le développement des échanges communautaires. Elles ont atteint 101.000 FCFA sur le corridor Dakar-Bissau, 59.925 FCFA sur Bamako-Ouaga via Hérémakono et 49.639 FCFA sur l’axe Abidjan-Bamako››. A tout cela s’ajoutent les rallongement des délais dans les transports aggravant les obstacles à la libre circulation aussi bien des marchandises que des personnes.
Les défis de l’intégration régionale
D’importants progrès ont été réalisés par l’Uemoa au niveau institutionnel, dans le domaine de l’harmonisation des législations, au niveau du marché financier régional et au plan économique. Toutefois, l’Uemoa reste encore sur le chemin de l’intégration régionale confrontée à de mutiples défis. Pour le conférencier, il s’agit de la gouvernance sécuritaire, la gouvernance politique, le développement des ressources humaines, le développement des infrastructures et la perspective de l’intégration dans la zone Eco. En ce qui concerne ce dernier défi, il évoque la décision de l’Uemoa relative à la mise en circulation prévue en 2020 d’une monnaie unique dénomée Eco. ‹‹ Quand on sait l’importance du FCFA dans le processus d’intégration des pays de l’Uemoa, l’on ne peut manquer de s’interroger sur l’implication de cette décision sur l’avenir de l’Uemoa, ses modalités d’interventions et sa gouvernance institutionnelle››, déclare M. Sall.
Il s’agit en effet de savoir comment l’Uemoa va intégrer la CEDEAO sans aborder ses acquis mais plutôt en capitalisant sa dynamique et en tirant aussi leçons des problèmes rencontrés sur le chemin de l’intégration économique de la zone monétaire.
D’après le professeur Sall, ‹‹ il urge d’explorer quels sont les scénarii possibles dans les relations CEDEAO-UEMOA et de voir dans la gamme des avenirs possibles quel est celui qui serait le plus souhaitable››.
Il restera ensuite poursuit le conférencier, à ‹‹ se donner les moyens de rendre possible le souhaitable, d’identifier les conditions cadres nécessaires à la réalisation du futur souhaité et le cheminement pour y parvenir tant au niveau continental qu’au niveau de chaque communauté économique régionale››.
Akpédjé AYOSSO (de Ouagadougou, Burkina Faso)
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