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(Par Roger Gbégnonvi)
A une semaine de la fin de 2016, aucune intention de rivaliser avec Jacques Allali, auteur en 2006 de ‘‘Une brève histoire de l’avenir’’, en plus de 400 pages. Cependant, et pour autant que le futur s’enracine dans le passé, 2017 au Bénin reflètera 2016, année d’une élection présidentielle ardue, mais sans autre histoire que celle de gesticulations outrées. Chahut sans heurt. Et le Bénin, à ce compte, pourrait se donner la même devise que Paris : ‘‘Fluctuat nec mergitur’’, battu par les flots et point ne rompt. Et il est vrai que les armes du Bénin sont portées par un ‘‘navire de sable voguant sur une mer d’azur’’.
Il ne suffira quand même pas toujours de cette paix des braves, qui signe notre refus de bouger. Pour ne pas être malmené par les vagues de la mer d’azur, le navire Bénin doit avancer sur les flots. Les germes de l’aller-plus-loin se trouvent dans le Programme d’Action du Gouvernement (PAG), dévoilé avec solennité le 16 décembre 2016. Les Daho-Béninois d’un certain âge ont vu quantité de PAG, très ambitieux, ayant accouché, au plus, de deux ou trois souris malades, quand ils ne sont pas restés lettre morte. Les indices de courage et de fermeté observés durant les huit mois de Gouvernance écoulés, autorisent toutefois à penser qu’il en ira autrement cette fois-ci. Ce énième PAG veut aider Corine à se regarder un jour prochain avec fierté. Titulaire d’une licence de socio-anthropologie, la jeune dame, 25 ans, a dû, faute de mieux, se faire serveuse dans la même gargote où travaille déjà sa mère. Certes, il n’y a pas de sot métier, mais tout de même ! Ce petit exemple pour dire que le Bénin, aujourd’hui, veut que ses gouvernants soient hommes et femmes d’ensemencement en vue des récoltes qui le feront naître au monde en dynamisme et en initiatives créatrices.
Car le Bénin est dans le monde, et son être-au-monde ne peut pas consister à parasiter le monde. Il doit assumer sa part de responsabilité par rapport au monde, même si, ici et là, on s’accommode bien volontiers de ce qu’il en soit le parasite. Son plus proche partenaire n’est ni le Togo, ni le Nigeria, c’est la France. Le franc CFA, qui le lie servilement à ‘‘la mère patrie’’, fait désormais débat, parce que cet arrimage, qui lui garantit une monnaie solide, ne lui permet que de consommer le monde en lui interdisant tout développement. Le débat en cours est ignoré par les candidats les plus nationalistes á l’élection présidentielle de 2017 en France, car ils savent que, sans le franc CFA, la France n’est pas si souveraine que ça. Le Bénin, quant à lui, à moins de clamer rupture et nouveau départ pour rien, ne saurait ignorer ce débat : il est celui de la souveraineté des ex Colonies Françaises d’Afrique (CFA).
Etre dans le monde aujourd’hui implique la peur que son pays soit la prochaine cible des désespérés du nouvel ordre mondial. Les récents exercices de guerre, au crépuscule du soir, dans les pénombres de l’axe Godomey-Calavi, prouvent que le Gouvernement prend la menace très au sérieux. Mais elle peut venir de l’intérieur. Quand il n’y aura même plus la misérable solution d’être serveuse de bar, conducteur de taxi-moto, revendeur de carburant de contrebande, au sortir de l’université, tout illuminé, lui aussi désespéré, mais au bagout flamboyant, pourra embrigader notre jeunesse dans une aventure aux allures nihilistes.
Elle est immense, la tâche à faire pour assurer l’avenir du Bénin. Non seulement le Gouvernement, mais chaque citoyen, qui le peut pour avoir beaucoup reçu du pays, doit y mettre du sien pour le progrès de l’homme au Bénin. ‘‘Comment ? Je ne sais. Nous essaierons dans notre coin ! Dans notre petit atelier ! Le plus petit canton de l’univers est immense, si la main est vaste, et le vouloir non las !’’ (Aimé Césaire).
Ayons donc la main vaste et une infatigable volonté. Invitons à cela les compatriotes, hommes et femmes, qui nous souhaiteront BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2017.