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Sortir de la confusion monétaire en Afrique de l’ouest




Edgard Gnansounou, 23 décembre 2019 edgard.gnansounou@gmail.com

Au lendemain de la décision du 21 décembre 2019, il apparaît, après un recoupement de différentes interventions médiatiques en particulier celles du Président et du Ministre des Finances de la France, que les réformes annoncées sont principalement à l’initiative de la France. Il importe pour nos dirigeants, de mettre un terme aux polémiques en cours en jouant la transparence envers l’opinion publique ouest-africaine. J’aimerais féliciter toutes les personnalités africaines qui ont négocié la mise en œuvre de cette décision française et nous l’ont servie astucieusement comme un sursaut de dignité venant de nos Chefs d’Etat - ces Présidents francophones qui auraient voulu prendre de l’avance sur les autres partenaires de la CEDEAO. Cependant, cette communication pèche par manque de cohérence voire par maladresse. Pourquoi, en effet, avoir fait sortir la France des instances de la politique monétaire de l’UEMOA, s’être émancipé du Franc CFA, pour ensuite demander à la France de maintenir sa garantie en période de crise ? Pourquoi la France aurait-elle accepté de se faire éjecter tout en continuant à apporter sa garantie à huit pays « souverains » qui revendiquent à ses dépens leur souveraineté ? La France serait-elle devenue subitement masochiste ? Pourquoi, si ce n’est qu’elle est à l’initiative de cette opération qui apparaît, avant tout, comme une réponse à un regain d’impopularité de ce pays dans notre sous-région. Il faut aussi déplorer l’image qui nous est donnée d’une UEMOA « francophone » qui réunit, à part la Côte d’Ivoire et le Cap-Vert, six des pays les plus pauvres de la sous-région, mais prétend « damer le pion » à des pays comme le Ghana et surtout le Nigéria. La décision de créer une monnaie censée prendre le nom Eco est une initiative de la CEDEAO et si une approche progressive devait être empruntée, elle aurait dû être conçue par ou au sein de la CEDEAO et non par l’UEMOA qui, sauf erreur de ma part, n’est pas un comité exécutif de la CEDEAO. Il importe de corriger cette posture calamiteuse qui peut contribuer à nuire à l’intégration politique de la sous-région. Je continue de soutenir qu’il faut se réjouir de la fin symbolique du Franc CFA, de la clôture du compte d’opérations géré par la France, de la responsabilité entière donnée par la France de Macron à ses protégés de gérer eux-mêmes leurs réserves de devises. Il est cependant frustrant que, comme c’était le cas de l’Indépendance, cette émancipation nous ait été octroyée par la France. Comment alors, ne pas comprendre le doute et parfois la colère exprimés par certains intellectuels de notre sous-région ? Mais point n’est nécessaire de diaboliser nos frères et sœurs qui ont négocié cette émancipation. Il faudrait, de manière précise, situer les enjeux et faire des propositions concrètes pour la suite. En 2018, la province indienne du Kerala a subi une inondation qui a fait des centaines de morts. C’était une crise humanitaire et non financière mais l’Inde a décliné les offres d’assistance et les dons d’autres pays. Le gouvernement de l’Etat fédéral Indien affirmait qu’il lui revenait comme Etat souverain de faire face à cette situation de crise humanitaire ! L’enjeu, ici, n’est pas qu’une question de fierté ou de dignité, c’est aussi et surtout une volonté de consolidation d’une crédibilité internationale acquise de longue date et cultivée quotidiennement. Mais nous ne sommes pas des Indiens et certains des nôtres pour des raisons purement pragmatiques mais aussi par conviction continuent de faire preuve d’un complexe d’infériorité. Au fond, ils sont convaincus de notre incapacité à nous prendre en charge et donc de la nécessité de nos « supérieurs » à décider pour nous. Il s’agit là d’un syndrome de « colonisés attardés » dont nos psychologues devront rechercher les causes profondes. Mais en attendant, quelles propositions pourrions-nous faire pour nous placer sur le chemin de la crédibilité ? La France sort de la zone CFA – UEMOA mais ne lâche pas ses protégés. Les protégés nous expliquent que l’attelage est provisoire et vise uniquement à maintenir la confiance des investisseurs. Mais le même objectif n’aurait-il pas pu être atteint autrement ? Je propose que l’attelage transitoire soit mis en place non pas avec la France mais entre la zone Eco, qui ne doit pas se limiter aux ex-colonies françaises, et la zone euro. Un accord direct entre la BCEAO rénovée et la Banque Centrale Européenne (BCE) ne suffirait-il pas ? Pour le reste, je plaide auprès de tous pour que le processus de création de la monnaie unique de la CEDEAO soit revu. Le Nigéria s’est lancé dans une politique ambitieuse de création d’une économie nationale. Pour le moment, son économie est très dépendante des recettes de pétrole et reste donc vulnérable aux cours internationaux du pétrole. Ce pays frère qui constitue un de nos principaux atouts dévalue sa monnaie nationale pour ajuster ses recettes en naira en cas de baisse des cours de pétrole. Comme l’Allemagne a imposé ses conditions pour abandonner le mark fort et permettre la création de l’euro, le Nigéria, malgré toutes les résolutions de tous les Conseils de Chefs d’Etat de la CEDEAO, le Nigéria dis-je, n’abandonnera jamais le naira pour l’Eco si les dirigeants Nigérians n’ont pas la garantie qu’ils pourront se servir de l’Eco comme ils se servent du naira. Si l’Allemagne a imposé un taux d’inflation faible pour protéger les revenus de ses retraités, le Nigéria n’en a cure ; sa priorité est de maintenir ses recettes en monnaie nationale et poursuivre la diversification de son économie, ce qui implique, pour de nombreuses années encore, « un minimum » de protection douanière contre les importations trop compétitives, y comprises celles relayées par les pays voisins comme le Bénin. Ainsi, il est illusoire de soumettre la création de la zone Eco à des critères de convergence inspirés de l’euro.

Nos économies ne sont pas européennes et ni l’UEMOA « francophone », ni le Nigeria n’est l’Allemagne. Les autres pays membres de la CEDEAO ne sont pas obligés de se soumettre au rythme de mutation de l’économie nigériane car leurs économies sont structurellement différentes. C’est donc de volonté politique qu’il s’agit et non pas de critères de convergence dont l’atteinte est très vulnérable à des conjonctures indépendantes de la gestion des économies nationales. En effet, ces conjonctures peuvent s’inscrire dans la durée (exemple : longue période de cours élevés ou faibles des matières premières). Non, c’est de volonté politique qu’il s’agit et non de critères de convergence ! Par exemple, avant de se fédérer les Etats n’attendent pas d’avoir tous la même performance économique. Après la chute du mur de Berlin, quand l’Allemagne de l’Ouest a « accueilli » la partie Est du pays, elle n’a pas attendu que les nouveaux venus montrent des performances économiques convergentes avec les siennes.
Il nous faut donc absolument sortir de mécanismes prétendument technocratiques qui sont largement en deçà des enjeux ! Nous avons besoin d’une grande ambition, cette ambition doit être la nôtre, pas celle de la France ni d’aucun autre pays peu concerné par les défis qu’il nous faut relever : une population en croissance forte, ce qui ne peut devenir un atout que si nous nous donnons les moyens de son éducation ; une pauvreté qui se maintient voire s’aggrave alors que notre sous-région est riche. Cette ambition est à notre portée si nous avons l’énergie pour faire un bon psychologique qui nous permettrait de sortir des sentiers battus, du morcellement territorial, du nationalisme étroit et de la servitude volontaire ! Les quatorze pays de l’Afrique de l’Ouest doivent former une deuxième fédération, la Fédération Sahélo-Guinéenne (FSG) pour se doter d’une économie moins vulnérable que le sont les économies des nations actuelles.
L’Eco doit devenir la monnaie de la FSG, mais l’Eco la vraie, pas celle garantie par la France. Ce sursaut est une exigence pour nous tous, pas uniquement pour les Chefs d’Etat, ou les partis au pouvoir. La lutte pour exercer le pouvoir politique est certes légitime et respectable mais son impact est condamné à être très limité si son horizon ultime est la gestion de la rareté et de la précarité dans une sous-région aux potentiels économiques énormes, une sous-région qui nous échappe déjà par absence de sursaut !
Alors, soutenez une Eco au service d’une vision ambitieuse, celle d’une économie nouvelle, industrielle assise sur de nouvelles valeurs, fédérales, démocratiques, solidaires, durables, pro-libertés sociales et économiques. Soutenez la Fédération Sahélo-Guinéenne, une seconde fédération en Afrique de l’Ouest pour lancer avec la fédération nigériane une dynamique socio-économique à la mesure des enjeux.

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