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Trois morales d’une histoire dahoméenne




(Par Roger Gbégnonvi)

​Depuis longtemps à la retraite, il n’a pas entrepris d’écrire ses mémoires, mais, par bribes accumulées, au hasard des visites et des conversations arrosées, il fait le récit de sa vie. Voici comment il entra dans le corps de métier dont il est devenu une figure respectée.
​Avec l’ensemble de mes compatriotes, j’ai été jeté à la porte de la Côte d’Ivoire en 1958. J’y étais moniteur à l’école primaire catholique de Bingerville. J’aimais mon métier. Revenu au Dahomey avec ma seule vie et les seuls habits que j’avais sur le corps, j’ai été recueilli par ma jeune sœur, nourri et logé par elle. Je n’étais pas fier. Je broyais du noir. En 1959, on annonça deux concours de recrutement de candidats à l’exercice du métier d’infirmier, l’un pour le Dahomey, l’autre pour l’AOF. A l’époque, la France voulait africaniser au maximum la fonction publique. Cela tombait bien pour moi. Je remplissais encore les conditions d’âge, et je me présentai aux deux concours, tous les deux du niveau CEPE.
​On commença par le national. J’ai trouvé les épreuves faciles comme bonjour. Je finissais le premier, remettais ma copie et m’en allais tout gaillard. Au deuxième jour, un des surveillants me demanda discrètement si j’avais rencontré un des membres du jury. Je n’en connaissais pas, et je lui répondis non, sans avoir rien compris à sa question. Mon échec me fit tout comprendre. Seuls ont été déclarés admis ceux qui étaient allés voir l’un ou l’autre membre du jury avec 100.000 f cash ou l’engagement formel de payer 10.000 f pendant dix mois à partir du premier mois de la formation. Pour rendre impossible toute réclamation ou vérification, les copies avaient été livrées au feu dès la proclamation desdits résultats. Je n’avais plus que mes yeux pour pleurer. Mais je ne pleurai pas longtemps. Le concours AOF essuya mes larmes : premier pour le Dahomey, quatrième pour l’AOF ! Pouvais-je rêver mieux ? Le jury national ne comportait que des Dahoméens, et tout se passa entre Dahoméens. Le jury AOF ne comportait que des Français. Nos copies corrigées à Dakar ont été recorrigées à Paris. Pour moi, cette histoire dahoméenne comporte trois morales.
​La première.- Je dois ma carrière à des fonctionnaires français honnêtes et justes. Ils ont lu mes copies et se sont aperçus que leur auteur était éligible à la formation d’infirmier. Enfermés dans la prison de l’argent, les fonctionnaires dahoméens, mes frères, furent sans scrupule. Je parie qu’ils n’ont pas regardé mes copies avant de me renvoyer à la pirogue et au filet de pêche de mon père, que je soutenais financièrement depuis Bingerville.
​La deuxième.- Il faut saluer et encourager la bonne volonté de ceux qui ont décidé en 2016 de faire passer le mérite et la compétence avant l’argent ou le favoritisme dans le genre « le N° de table que je t’ai remis, c’est le fils de la tante du cousin de mon épouse. J’ai promis son succès à ma femme. Aide-moi ». Livré au bakchich systématique et au népotisme kilométrique, le pays n’en pouvait plus quand les gens l’ont ramassé en 2016 et se sont engagés à le soigner. Tâche difficile. Mais nous ne devons pas faire que des choses faciles.
​La troisième.- Aucun peuple n’en a jamais sauvé un autre. Mortellement torturés « afin de protéger la santé et la détente des Aryens », les rescapés de la Shoah émigrés aux Etats-Unis n’ont pas pris la tête du combat contre la ségrégation raciale, qui ne les frappait plus. Ce n’est pas un reproche, c’est un constat et un exemple pour dire que le Bénin ne sera sauvé que par les Béninois, notamment par ses fonctionnaires honnêtes et justes.
​C’est le seul chemin de notre bonheur humain. Au milieu des Eglises à foison, au milieu des loges à forte attirance, qu’elles soient nationales ou internationales, au milieu des couvents nombreux, le chemin de notre bonheur au Bénin est celui de l’honnêteté et de la justice, chemin sur lequel devraient conduire messes, Tenues et libations.

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