samedi, 20 avril 2024 -

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Culture

Wémèxwé :De la fraternité à la mésentente




Wéméxwé, c’est le festival qui célèbre chaque année les retrouvailles des ressortissants de la vallée de l’Ouémé, une région située au Sud-est du Bénin. Depuis 2010, le festival s’organise de manière rotative dans chacune des quatre communes de la région (Adjohoun, Aguégués, Bonou et Dangbo). Il donne ainsi l’occasion aux populations de l’aire socioculturelle wémè de mettre en valeur leurs origines à travers les arts et les cultures et contribuer de manière solidaire au développement de la région, à travers la réalisation d’infrastructures sociocommunautaires. Mais après les sept (07) premières éditions qui ont connu des succès, les festivités de l’année 2017 ont été suspendues à cause des querelles intestines et des intérêts personnels et de la mauvaise gestion de l’association. Aujourd’hui, le festival des retrouvailles et de la fraternité s’est transformé en mésentente.

En janvier 2017 et pour la première fois depuis huit ans, la Vallée de l’Ouémé n’a pu célébrer la plus grande fête de sa localité, appelée en langue locale « Wémèxwé » (la fête de l’Ouémè). Un festival qui rassemble chaque année personnalités, rois, dignitaires, responsables de cultes religieux, invités et autres citoyens originaires ou non de la localité qui se donnent rendez-vous pour fêter les retrouvailles. Une affaire de mésentente est à l’origine de la suspension de cette festivité qui est en quelque sorte le plus grand carnaval de la région.
Wéméxwé qui draine, depuis 2010, des milliers de personnes aussi bien de l’intérieur du pays que de la diaspora dans la commune hôte est marquée par diverses manifestations. Les retrouvailles commencent d’abord par une messe d’action de grâce. Ensuite, elle permet d’apprécier l’art culinaire de la localité, de redécouvrir la culture de la région et sa riche tradition.
Wémèxwé, c’est aussi un pique-nique populaire, un concours miss, des expositions, des foires et des activités culturelles et ludiques. Elle permet de valoriser aussi les richesses agricoles, touristiques et socioculturelles de la vallée de l’Ouémé.
En dehors de son aspect festif, ces retrouvailles s’appuient sur la solidarité des populations de la vallée de l’Ouémé pour réaliser des infrastructures notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Chaque célébration du festival donne lieu à des souscriptions volontaires. La collecte de fonds à travers tout le pays et la diaspora sert à financer des projets de développement dans la commune qui abrite les manifestations.
Le premier festival remonte à l’année 2010. Les ressortissants de la vallée de l’Ouémé, région située au Sud-est du Bénin, ont, après plusieurs tentatives réussi à imposer la fête « Wémèxwé » comme un label identitaire.
Au départ, les habitants de cette région, après l’accession du pays à l’indépendance, se sont regroupés, dans un esprit fraternel, pour booster le développement de la vallée. Pour y parvenir des jeunes ont eu plusieurs initiatives d’association de développement.
De la Jeunesse Etudiante de l’Ouémè (JEO) à Gbénonkpo en passant par Alodéhou Finanfa et Kponou, toutes les initiatives n’ont pas prospéré, soit pour des crises d’égo, soit pour des querelles politiques. Mais ces échecs n’ont pas émoussé l’ardeur des ressortissants de cette région de se retrouver dans un creuset pour décider du sort de leur localité. Ainsi fut créée, quelques années plus tard, grâce à la volonté d’un groupe de jeunes, l’Association Wémèxwé.

Les « premiers pas » de la fête Wémèxwé

Les différents regroupements qui ont vu le jour dans cette vallée de l’Ouémé ont tous connu des échecs pour des raisons aussi diverses que variées. De désespoir en désespoir, naquit donc une lueur d’espoir qui s’est révélée un dimanche au cours d’une messe d’action de grâce en mémoire du père Dominique Adéyèmi, le plus célèbre prêtre catholique de cette région. Selon les témoignages, l’idée de la fête a véritablement pris corps à l’occasion de ce culte d’action de grâce en mémoire de l’homme de Dieu qui a marqué positivement la vallée de l’Ouémé. « Nous étions sur le parvis de l’église en train de papoter quand un enfant, venant de nulle part, a lancé la phrase que voici : ‘’Pourquoi ne pas initier Wémèxwé ?’’ », témoigne chaque année Antoine Bonou, coordonnateur de l’association Wémèxwé. « Depuis lors, ce bout de phrase prononcé par l’enfant est devenu le principal sujet de réflexion entre les cadres, dignitaires, notables et autres personnalités de la région.
Mais bien avant, précise Pascal Todjinou, sage de la localité, « des réflexions tournaient depuis autour d’une nouvelle association pouvant véritablement permettre de réunir les frères et soeurs de la même localité autour d’un idéal commun ». « Le nouvel élan est vraiment l’œuvre de ce digne fils de la vallée de l’Ouémé, Antoine Bonou qu’il convient de saluer à juste titre », renchérit Marcel Codjo, ancien membre de la Coordination Inter Communale (CIC) de l’association.
Wémèxwé a été finalement mis en place en 2010 avec la première édition qui s’est tenue à Azowlissè, dans la commune d’Adjohoun. « C’était le déclic », se rappelle Jeanne Adounssiba, membre de la coordination générale. Après sept (07) éditions, le bilan est acclamé à l’unanimité et la fête a laissé une marque indélébile à la grande satisfaction de tout le peuple Wémè.
Se basant sur la thèse que « ce sont les êtres humains qui transforment leur milieu », Marcel Codjo soutient que « si la région Wémè doit se développer, il est impératif de mettre l’accent sur l’éducation ». Une option qui permettra d’atteindre l’objectif fixé qu’est le développement de la région.
A la première édition à Azowlissè, précise Pierre Egléa, ancien trésorier général adjoint de la coordination Wémèxwé, l’idée de réalisation de projets n’a pas germé. « Ce n’est qu’après ce premier pas franchi qu’il était convenu de passer aux réalisations d’infrastructures sociocommunautaires afin de marquer le passage dans chaque localité ».
Aujourd’hui, Wémèxwé est apparu comme un véritable outil de développement intégré des quatre (04) communes de la vallée de l’Ouémé, un instrument fédérateur des énergies positives de tous les Wémènous pour la construction de leur « nation ».
Ces infrastructures sociocommunautaires réalisées chaque année, depuis la troisième édition de cette fête, cadrent parfaitement avec l’idée d’un développement à la base et c’est une façon de contribuer à la construction du pays à travers une gestion participative des populations de la cité.

Les dessous de la crise

Le succès de Wémèxwé n’est plus à démontrer. Une réussite éclatante en si peu d’éditions qui a tôt fait de lui décerner un label dans le pays. Le nombre impressionnant de personnes qu’elle rassemble chaque année, plus de cent mille (100 000) selon le coordonateur, prouve sa notoriété. Le caractère apolitique de cette fête et l’opiniâtreté des responsables à ne pas fléchir, sous aucun prétexte, devant la manne financière de certains opérateurs économiques et le pouvoir des acteurs politiques ont permis aux organisateurs de maintenir le cap.
La fête a su, au fil des éditions, résister aux différents candidats lors des différentes joutes électorales. Sur ce plan et à l’unanimité des Wémènous, un satisfécit a été décerné aux organisateurs surtout aux responsables de la coordination générale de Wémèxwé.
Cependant et malgré cette réussite et « cette bonne organisation », c’est presque connu de tous que d’année en année, la grogne s’enfle dans le rang des populations de la vallée de l’Ouémé au sujet de certains aspects des manifestations.
Une grogne qui s’est fondamentalement cristallisée en 2014 à la dernière édition, tenue dans la commune d’Adjohoun, au cours de laquelle un groupe de contestataires a dû exprimer la désapprobation des masses paysannes de Wémè au sujet du prix de vente du tissu officiellement retenu.
Déjà, à la première édition de cette fête tenue à Azowlissè (Adjohoun), le tissu était vendu à quatorze mille (14 000) francs CFA tout frais compris. Mais depuis lors, le prix du tissu ne cesse de grimper d’année en année. De ce montant, le tissu a été cédé successivement à quinze mille (15 000), dix sept mille (17 000) et dix neuf mille (19 000) francs la pièce. Sans oublier la surenchère qui s’observe à l’approche de la journée fatidique.
« C’était donc les premiers signes du malaise », signale Pascal Todjinou, sage de la vallée de l’Ouémé.
Parallèlement, le groupe des dissidents avait opté pour un autre tissu qui était moins cher et accessible à la couche défavorisée et aux faibles revenus. Les raisons de ce choix de tissu qui était sans motif particulier résidaient dans leur manière de protester contre la surenchère du prix de vente du tissu de la coordination générale de Wémèxwé.
Malgré ce signal en 2014, la situation au lieu de s’améliorer, a continué de se dégrader. « Ce fut le début de la brouille et de la crise de tissu au sein de Wémèxwé », souligne l’ancien trésorier général adjoint de l’association.
En juillet 2015, la coordination générale convoque une assemblée générale anticipée puisque le mandat en cours devrait arriver à échéance en octobre 2015. A l’ordre du jour de la rencontre, étaient inscrits, entre autres, la question de la commande du tissu et des modifications des statuts de l’association.
A la fin de ce congrès, il était donc convenu que la commande de tissu reste et demeure le monopole de la Coordination Intercommunale (CIC). Dans la mise en œuvre de cette décision du congrès, clarifie Marcel Codjo, membre de la CIC, « la coordination a compris qu’elle devrait continuer à envoyer l’un des membres en Chine pour acheter le tissu et venir le revendre aux populations ». Mais malheureusement, cette opération qui n’est pas du ressort d’une association constituée sur la base de la loi de 1901 a continué d’alimenter dans l’opinion publique la suspicion sur le prix de revient du tissu.
Certains estiment, à juste titre, que l’opération ainsi menée permet à ses auteurs de s’enrichir sur le dos des populations puisque les professionnels du tissu des marchés disent haut et fort qu’aucun tissu importé du continent asiatique ne pourrait revenir à un prix aussi cher que celui déclaré par la coordination.

La dissidence de « Wémè-Xwé, notre identité »

Après l’alerte de 2014 donnée par certains jeunes, la 6ème édition tenue dans la commune des Aguégués en 2015 et la 7ème édition tenue à Bonou en 2016 ont connu les mêmes récriminations qui ont encore porté sur le prix prohibitif du tissu, les épaisses ténèbres qui entourent les procédures de commande de ce tissu et les difficultés d’accès au site des manifestations.
Mais face à ces récriminations et surtout à l’inaction des responsables de la coordination entretemps, un autre groupe de jeunes a été constitué pour, disent-ils, adresser formellement des correspondances à la coordination aux fins d’une amélioration, pour le bien de tout le peuple Wémè, des festivités au service du développement de cette région. C’est ainsi qu’est née l’association « Wémè-Xwé, notre identité ».
Cette association est née, selon ses responsables, pour éviter à Wémèxwé, le même sort que ce qu’ont connu les différents regroupements qui l’ont précédé. Pour Wassi Yessoufou, président de cette association, « l’objectif du groupe vise à contribuer à la pérennisation de Wémèxwé afin qu’il devienne effectivement un instrument de développement du pays « Wémè ». Mais cet objectif a été, jusque-là, mal perçu par les membres de la coordination générale. Les responsables de la coordination générale estiment qu’ils « se rebellent afin de siéger dans la coordination ou d’arracher le poste du coordonnateur qu’ils envient d’ailleurs tous ».
En dehors des mécontentements liés au prix prohibitif du tissu, « il y a la gestion financière au sein de la coordination qui ne répond à aucune orthodoxie financière », dénoncent les dissidents.
Selon Pierre Egléa, « la coordination aurait gagné en crédibilité s’il y avait une traçabilité dans la chaîne des dépenses ».
Face à tous ces reproches et malgré les menaces de toute sorte, l’association des jeunes dénommée « Wémè-Xwé, notre identité », a mené des démarches non seulement auprès des responsables de la coordination, mais aussi auprès des sages, cadres et têtes couronnées de la région pour une médiation afin que leurs doléances soient entendues et éventuellement prises en compte au grand soulagement de la masse paysanne de la vallée de l’Ouémé. « Nous avions reçu les jeunes, leurs objectifs étaient si nobles mais la fougue juvénile l’emporte puisqu’ils avaient refusé d’attendre encore un peu », a signalé Raphaël Degbédji, membre de la CIC.

Les doléances des protestataires

Pour permettre à la population de se retrouver parfaitement dans les propositions faites, les membres de l’association « wémè-Xwé, notre identité », le camp qualifié de dissident depuis lors, ont élaboré et transmis aux responsables de la coordination une série de propositions en vue de la bonne marche des festivités. Au vu de ces propositions, il était demandé à la coordination de revoir le prix du tissu à la baisse avec une meilleure qualité dans sa fabrication.
Pour cela, en achetant le tissu à quatorze mille (14 000) francs CFA, le consommateur final aurait déjà contribué à une souscription, d’au moins deux mille cinq cents (2 500) francs.
D’autres propositions ayant trait à la relecture des statuts et règlement intérieur de l’association, au maintien du caractère rotatif de la fête, à la mise en place d’un fonds de développement du pays Wémè, à la mise en place de la communauté des communes de la vallée de l’Ouémé ont été évoquées.
La lettre transmise à cet effet à la coordination en date du 12 mai 2016 portant en objet : Transmission de propositions et demande d’audience a été déchargée le lundi 16 mai 2016 par Landry Noudjinlodo, agent de sécurité de Berec. Cette société appartient à Antoine Bonou, coordonnateur général de l’association Wémèxwé et son siège abrite toutes les réunions de l’association. La coordination ne disposant pas, jusqu’à ce jour, d’un siège ou d’un secrétariat permanent en son nom, tout ce qui a rapport avec cette fête se déroule dans l’enceinte de la société Berec.
« A la deuxième édition et vue l’ampleur que prenait cette fête, j’avais proposé à la coordination de mettre en place un secrétariat permanent avec le recrutement de trois (03) personnes pouvant gérer exclusivement les affaires courantes de l’association, sous la direction des membres de la coordination générale. Des gens étaient même prêts à payer leur salaire pour au moins un (01) an. Mais hélas », se désole aujourd’hui Pierre Egléa.
Dans le contenu de la lettre adressée à la coordination, les membres de l’association « Wémé-Xwé, notre identité » ont également fait cas de cette proposition de siège. La première lettre d’audience étant restée sans suite, ils ont relancé avec une nouvelle correspondance en date du 25 mai 2016 portant en objet : « Relance de notre demande d’audience ». Cette fois-ci, c’est le SA-Berec qui a déchargé sur ordre du coordonnateur général. Une fois encore, silence radio.
Sur la question, le coordonateur Antoine Bonou, dit avoir effectivement reçu la lettre des dissidents et l’a affectée à son adjoint afin qu’il organise une rencontre avec eux parce qu’il devrait voyager.
La rencontre devrait aussi permettre aux dissidents d’avoir le quitus de la coordination générale pour la commande du tissu de l’édition 2017 qui devrait se tenir à Zounguè, dans la commune de Dangbo. Mais chose curieuse, l’adjoint n’a jamais organisé cette rencontre et n’a pas suivi les instructions du coordonnateur général.
Après la lettre de relance, au lieu que la coordination générale convoque les contestataires, elle a plutôt préféré convoquer une réunion préparatoire des coordinations intercommunales.
Au cours de cette rencontre, la majorité des membres de la coordination a refusé catégoriquement que la confection et la réalisation du tissu soient remises « à ces jeunes dissidents ». Mais vu la tension et la fougue de cette jeunesse, raconte Marcel Codjo, membre de la coordination intercommunale, « j’ai indiqué à la coordination que la seule voie qui reste pour la CIC pour se mettre à l’abri de tout soupçon et redorer le blason est de faire la concession en sélectionnant un fournisseur par appel d’offres ». Mais une fois encore, cette proposition a été purement et simplement rejetée à l’unanimité des autres membres de la coordination.
Alors qu’aucune une suite officielle n’a pas été donnée à leurs correspondances, des manœuvres étaient déjà en cours sur les médias sociaux et dans certains organes de presse pour discréditer et vilipender les membres de l’association déjà présentés « comme des traîtres, des rebelles et des gens animés de mauvaise foi qui n’ont que la mission de détruire ce qu’un peuple a construit après tant d’années de sacrifices et d’échecs (…) ».
La réplique ne s’est pas fait attendre. Ainsi débuta la guerre des mots par médias interposés et sur les médias sociaux.

Le tissu de la discorde

« Nous ne pouvions jamais nous taire sur des invectives et des propos mensongers que tenaient les sbires de la coordination à notre encontre. Il fallait réagir et ce, à la hauteur de leur forfaiture », s’enflamme Donatien Koutchika Zamènou, Secrétaire Général de la branche dissidente.
Chacun des deux camps se sentait donc offusqué quant « au traitement » à lui infligé par le camp adverse. Les réseaux sociaux ont été pris d’assaut, les médias locaux sollicités et la bataille entre frères s’est installée dans la région Wémè où des affrontements physiques ont été aussi enregistrés.
La bataille a été rude et pour Pierre Egléa, désormais de la dissidence, « toutes les méthodes étaient au rendez-vous et il fallait s’armer à la taille de l’adversaire ». Un combat tant spirituel que physique au nom, disent-ils tous, de la fraternité et du bien-être socioéconomique de la nation Wémè. « Ce qui était bien dans cette brouille, c’est que les deux camps se battent pour le peuple de Wémè, son développement, son épanouissement et surtout la pérennisation de Wémèxwé, qui est devenue d’ailleurs un label dans la sous-région », s’est réjoui François Sounouvou, membre du comité des sages et notables la vallée de l’Ouémé.
Le malaise était perceptible et face à cette dégénérescence du tissu social qui lie les fils et filles de Wémè, les sages et notables de la vallée de l’Ouémé se sont constitués et sont intervenus pour décanter la situation.
Mais malheureusement, les nombreuses rencontres de médiation des cadres, sages et notables de la région en direction de la coordination générale pour qu’elle accepte de rencontrer et d’écouter les dissidents ont été infructueuses. Aucune avancée n’a été notée quant à cette négociation. « Ces différentes rencontres ont été séparément organisées tant avec les jeunes dissidents qu’avec les membres de la coordination », précise François Sounouvou.
Voulant toujours d’un terrain d’entente et après les nombreux échecs, Pascal Todjinou, ancien secrétaire général de la Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (Cgtb) et cadre de la vallée, a demandé et obtenu une séance de médiation et de réconciliation entre la coordination et la dissidence. Cette rencontre qui s’est tenue dans un complexe hôtelier de la ville capitale, Porto-Novo, le vendredi 17 août 2016, a connu, contrairement aux autres, une avancée spectaculaire et positive. « C’était la réunion de tous les espoirs », s’exalte Marcel Codjo. C’est donc au cours de cette rencontre, signale Marcellin Houngbédji, que « le coordonnateur a décidé de confier la confection du tissu de la 8ème édition de Wémèxwé de l’année 2017 aux membres de l’association qui ont dit avoir trouvé Naïmath Kpoton, fille de la vallée, pour le financement, en intégralité et sans condition, de la confection du tissu pour l’édition ».
Mais cette déclaration n’a duré que le temps de son euphorie. Et pour cause, quelques jours après et à la rencontre suivante pour la finalisation et l’officialisation de cet engagement, aucun membre de la coordination générale ne s’était présenté. Les rumeurs ont commencé alors par faire état de ce que le coordonnateur général a finalement cédé à la pression de certains membres qui ne voulaient pas lâcher la manne que constitue la confection du tissu.
Ainsi, un deuxième tissu a été commandé pour la même édition 2017 de Dangbo. Très étonnés, les dissidents se sont demandés ce qu’il adviendrait du premier tissu étant donné que la commande a été déjà lancée et l’échantillon déjà disponible. Ce fut donc la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Les différentes démarches d’une sortie de « crise » entre les dissidents et la coordination se sont soldées par des échecs. La coordination, se basant sur les textes et usant de ses privilèges, s’est dit résolument engagée à aller jusqu’au bout. Elle décide de ne confier, sous aucun prétexte, la confection du tissu de la fête à une autre association qui n’est ni légalement constituée, ni reconnue par les fils et filles de la grande vallée de l’Ouémé.
« Tout autre tissu sera considéré contrefait et les auteurs seront poursuivis devant les juridictions compétentes du pays », avait menacé Antoine Bonou, coordonnateur de l’association Wémèxwé dans les colonnes de certains journaux à la grande surprise des dissidents. Même menace lors de ses sorties sur certaines stations de radios et chaînes de télévision.
Malgré ces menaces et ces mises en garde, les membres de l’aile dissidente, n’avaient pas reculé et ont également promis, ou du moins, se sont aussi résolument engagés à aller jusqu’au bout de cette affaire. « On était si matures qu’on pouvait aussi répondre de nos actes devant ces juridictions puisque nous étions et nous sommes toujours dans le vrai, du côté de la vérité », a rétorqué Espoir Weinsou, conseiller juridique du camp dissident.
Le tissu de l’association « Wémè-xwé, notre identité » sort en premier et fut mis en vente en novembre 2016. La coordination, furieuse de cette attitude qui, pour elle, ne garantit pas la cohésion et la solidarité prônées par l’esprit de cette fête, a tenté à plusieurs reprises de dissuader les auteurs et de confisquer le stock du tissu, mais en vain. Ces derniers disent vouloir liquider leur stock afin de récupérer le capital injecté dans cette confection de tissu. « Nous n’avions pas la prétention d’arracher le privilège de la confection du tissu à la coordination, nous avions juste espéré un accompagnement pour que les deux tissus, au mot d’ordre du coordonateur, puissent être écoulés au grand bonheur des populations de Wémè », avait vivement souhaité Wassi Yessoufou, président de l’aile dissidente.
Face au refus des dissidents de renoncer à ce projet et considérant que le Bénin est un Etat de droit, la coordination a dû saisir la justice. La première plainte a été déposée, le 18 novembre 2016, à la Brigade de recherche de Cotonou, contre dame Naïmath Kpoton, opératrice économique ayant confectionné le tissu, pour usurpation de titre et non qualification pour une telle activité. La seconde plainte a été déposée au Tribunal de première instance de première classe de Cotonou pour contrefaçon du tissu, le 29 décembre 2016.
Mais préalablement, la coordination avait demandé et obtenu du président du Tribunal de Cotonou, l’ordonnance N°888/2016 en date du 25 novembre 2016, l’autorisant à pratiquer une saisie conservatoire sur les produits prétendument contrefaits par dame Naïmath Kpoton.
L’ordonnance N°001/17 4èmech-Réf civil du 2 janvier 2017 rendue par le Tribunal de 1ère instance de 1ère classe de Cotonou statuant en matière de référés civils et celle N°001/2017/2FD du 9 janvier 2017 rendue par la 2ème Chambre de flagrants délits du Tribunal de première instance de première classe en matière correctionnelle dans le dossier N°COTO/2016/RP-04567 ont tous débouté la coordination en donnant raison à dame Naïmath Kpoton qui pourrait continuer, sans plus s’inquiéter, ses activités de confection et de commercialisation du tissu.
Les manifestations entrant dans le cadre de la 8ème édition de cette fête des Wémènous étant prévues pour se dérouler dans la première quinzaine du mois de janvier 2017, ces deux décisions de la justice avaient créé au sein des populations, un état d’anxiété et de confusion totale.
A quelques jours des festivités et étant garant de l’ordre public et de la sécurité sur son territoire départemental, le préfet de l’Ouémé, Joachim Apithy avait convoqué les protagonistes pour une séance de réconciliation et d’apaisement. Cette rencontre qui s’est tenue, le lundi 9 janvier 2017, s’est soldée par un échec, puisque les membres de la coordination générale, une fois sortis du bureau du préfet, ont refusé de s’adresser aux Wémènous, par le biais de la télévision Golfe Tv déjà présente sur les lieux, pour leur signifier le retour de la paix comme convenu au cours de la réunion. L’entente souhaitée n’a donc pas été retrouvée.
Le 10 janvier 2016, « Wémè-Xwé, notre identité », par l’entremise de son secrétaire général Donatien Koutchika Zanmènou, adresse une correspondance au coordonnateur général de « Wémèxwé » pour qu’il leur soit attribué une place sur le site de la fête. Sans donner suite à cette requête, le 11 janvier 2017, 48h après la rencontre avec le préfet, la coordination porte une nouvelle plainte au niveau du Tribunal de première instance de première classe de Porto-Novo pour « trouble manifestement illicite sur le site de la célébration ». Par l’ordonnance N°002/CR1/2017 du 12 janvier 2017, le Tribunal, rendant sa décision, « a sursis en conséquence à la tenue de la fête Wémèxwé, édition 2017 des 15 et 16 janvier 2017 jusqu’à la réconciliation des parties ».

« L’espoir est toujours permis »

« Wémèxwé ne doit jamais rentrer dans les ravins. La fête doit survivre, l’association doit se relancer », souhaite Pierre Egléa, ancien trésorier général adjoint de la coordination. Pour lui, c’était une crise de croissance qui avait gagné le forum et il faudrait à présent que la prise de conscience puisse permettre d’éviter ces dérapages. Cette idée est partagée par d’autres cadres de la vallée comme Raymond Zounmatoun, Bernard Ahissou, Victor Zoclanclounon qui ont entrepris de rapprocher les positions.
Les Wémènou sont aujourd’hui unanimes à soutenir qu’il faut impérativement œuvrer pour que survive cette fête fédératrice et empreinte du sceau de développement de la vallée de l’Ouémé. « Etant donné que le juge n’a pas prononcé la cessation définitive de la fête, cela signifie que l’espoir est toujours permis », se réjouit Pascal Todjinou. Même sentiment chez François Sounouvou pour qui « le règlement de cette crise d’adolescence ne dépendra que de l’esprit d’ouverture et l’abandon d’égo des acteurs concernés ».
Au moment où certains préconisent le règlement de cette crise dans une des forêts sacrées des wémènou, d’autres souhaitent une assemblée générale au cours de laquelle les différends seront aplanis avec des discussions qui déboucheront sur la signature, par les deux parties, du protocole d’accord et d’entente, comme l’a exigé le juge du tribunal dans sa décision.
Avec la crise qui secoue aujourd’hui l’association Wémèxwé, les ressortissants de la vallée, doivent s’ils veulent pérenniser leur fête des retrouvailles, se rappeler de ce message prononcé par le Père Jean-Benoît Gnambodè, qui a présidé la messe d’action de grâce et de clôture des festivités de la 6è édition, le dimanche 18 janvier 2015, à Dangbo. L’Administrateur Apostolique des lieux a invité « les promoteurs de Wémèxwé à travailler pour favoriser le climat qui amènera les uns et les autres à changer de comportement, notamment leur regard sur le prochain, à reconnaître constamment dans l’autre un frère et une sœur en humanité, à reconnaître sa dignité intrinsèque dans la vérité et la liberté ».
Josaphat DAH-BOLINON

Suspension de Wémèxwé 2017
} : Les populations se prononcent

La 8ème édition de la fête des Wémènous a été suspendue par le Tribunal de première instance de première classe de Porto-Novo « jusqu’à la réconciliation des parties ». Face à cette décision inattendue survenue suite au différend qui oppose certains dissidents à la coordination générale de Wémèxwé, des ressortissants de la vallée de l’Ouémé donnent leurs appréciations. Ces avis sont recueillis trois (03) mois après cette suspension.

Razack Adonon, médecin
« Je trouve très déplorable une telle issue »

« C’est un coup dur et très déshonorant pour notre vallée de l’Ouémé. C’est vrai qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite et si les outsiders, ceux qui ne sont pas dans la marmite, voient dans les œuvres des imperfections, il est bien de les écouter et de tenter de les corriger. La brouille qui a malheureusement conduit à la suspension de cette fête qui fait pourtant la fierté des Wémènous pouvait ne pas avoir cette finalité. En tant que natif et cadre de Wémè, je trouve très déplorable une telle issue. Il est vrai que le prix du tissu est bien prohibitif et les populations se plaignent à chaque fois. Leurs voix ne portaient pas parce qu’elles se disent que c’est notre chose, faisons avec puisqu’au finish, c’est le développement de notre région qui en dépend. Si les responsables de la coordination avaient pris à bras le corps le problème et avait œuvré pour la réduction du prix du tissu, comme l’ont exigé ces jeunes, le problème ne se produirait plus. Mais maintenant que la fête a été suspendue, il faut que les deux protagonistes se retrouvent et s’entendent afin de produire le protocole d’accord et d’entente, comme l’a exigé le juge du tribunal. Les jours s’égrènent déjà et il ne faudrait pas qu’ils soient tous surpris par le temps après. Le règlement au plus tôt de ce différend sera le meilleur ».

Agnès Soton, commerçante
« J’ai bien l’impression que cette vallée a été maudite »

« La vallée de l’Ouémé vient de perdre le privilège de son développement. Je ne comprends pas pourquoi les initiatives de développement de cette région ne prospèrent presque jamais. Nous avions connu des associations de par le passé et toutes ces associations avaient connu des fins brusques, compte tenu des égos et des intérêts personnels. J’ai bien l’impression que cette vallée a été maudite. Tout le monde avait déjà l’espoir que cette nouvelle association dite Wémèxwé pourrait être le précurseur dans la localité. Les nombreuses réalisations, les acquis de cette fête en si peu de temps prouvent que l’initiative mérite d’être soutenue et célébrée. Mais malheureusement, les esprits malins et des gens mal intentionnés sont une fois encore au rendez-vous pour détruire ce que tout le monde acclamait déjà. C’est vraiment honteux pour ces gens qui se disent jeunes et qui disent militer pour les pauvres populations. Quelle population les a même envoyés pour cette ignoble mission ? Ils ont été à la base du malheur de la vallée de l’Ouémé et l’histoire retiendra leurs noms. Au moins pour cette fois-ci, on les connaît et on peut facilement les identifier. C’est vraiment regrettable pour nous et pour le développement de notre vallée. On dirait même que la justice a été manipulée dans ce dossier. Mais bon, puisque le juge a déjà prononcé ses différentes sentences, reste aux différents acteurs de se voir et de se réconcilier pour que la fête revienne de plus belle. Nous, populations, en avons besoin et la vallée de l’Ouémé également. Mais honte à ces jeunes là ».

Grégoire Zannou, chef village de Kodé-Agué, Adjohoun
« Le linge sale se lave en famille (…). Mais le linge sale qui s’est retrouvé devant la justice, à la face du monde n’est plus du ressort de la famille »

« Wémèxwé s’est imposée en si peu de temps. C’est devenu un rendez-vous annuel incontournable. Elle a même ravi la vedette à la Gaani, Nonvitcha et autres fêtes du genre dans le pays. La particularité, c’est qu’au-delà de son caractère festif, c’est un creuset de développement. Tout le monde s’y retrouvait, filles, garçons, hommes, femmes, petits ou grands. Je ne comprends toujours pas pourquoi les sages, les cadres et même les acteurs ne pouvaient pas s’entendre en son temps pour le règlement de ce différend. Le linge sale se lave en famille, dit-on. Mais le linge sale qui s’est retrouvé devant la justice à la face du monde n’est plus du ressort de la famille. Tout le monde était pourtant si fier de cette fête. Moi, je ne demande qu’une seul chose : que les acteurs s’entendent au plus vite pour le retour de la fête. J’ai ouï dire que le juge veut d’abord un protocole d’entente avant la levée de la décision de suspension. Des mois se sont déjà écoulés et je constate un profond silence. Qu’est-ce qui bloque encore les négociations ? Je me le demande. Mais, c’est aussi le moment pour la coordination de revoir ses textes, de confier la commande du tissu aux spécialistes ou de procéder à des appels d’offres. Cela donnera même de crédibilité à l’association et la disculpera de tout soupçon de détournements et de malversations. Nous réclamons juste le retour de notre fête ».

Alban Sourou, commerçant vivant à Paris
« Cette mésentente ne fera pas. Ayons le courage et agissons dans le bon sens »

« J’ai fait le trajet Paris-Cotonou deux fois déjà rien que pour cette fête annuelle. Pour moi, c’est une fête de retrouvailles et elle me permet de revivre les délices de ma localité, de redécouvrir la culture de la région et sa riche tradition puisque wémèxwé n’est pas seulement le dernier jour, où il est organisé un géant pique-nique populaire. C’est également des expositions, des foires et des activités culturelles et ludiques relevant des potentialités de cette région du Bénin. Je ne perds pas d’espoir et je sais au moins que les choses entreront bientôt dans l’ordre pour que revive cette fête fédératrice d’énergie positive pour le développement de la localité. Chacun, quelle que soit sa position, devrait œuvrer pour une sortie de crise au plus vite. Cette mésentente ne fera pas, j’en suis sûr, plaisir au père Adégnèmi. Ayons le courage et agissons dans le bon sens ».

Propos recueillis par Josaphat DAH-BOLINON

Tenue rotative de la fête identitaire des wémènous :Zoom sur certaines réalisations de wémèxwé

Les réalisations de Wémèxwé ont, en quelques éditions, couvert toutes les quatre communes de la région. Au départ, les deux premières communes qui ont abrité les manifestations à savoir Adjohoun et Aguégués n’ont bénéficié que de simples réjouissances populaires. Mais grâce au caractère tournant de la fête, elles ont pu bénéficier d’infrastructures sociocommunautaires. Voici le point de quelques réalisations de Wémèxwé :
• 1ère édition en janvier 2010 à Adjohoun
• 2ème édition en janvier 2011 aux Aguégués
• 3ème édition en janvier 2012 à Bonou
Construction d’un module de trois classes et d’un bloc sanitaire de trois toilettes modernes au Ceg d’Affamey
• 4ème édition en janvier 2013 à Dangbo
Construction d’un laboratoire moderne au Ceg de Zoungue et d’un module de trois classes au Ceg 2 de Dangbo
Rénovation d’un module de deux classes au Ceg1 de Dangbo
• 5ème édition en janvier 2014 à Adjohoun
Construction avec l’aide de l’association des parents d’élèves d’un module de trois classes avec magasin et bureau au Ceg de Gouti. Construction avec une forte implication financière des professeurs d’un module de deux classes au Ceg d’Azowlissè
Réfection à travers badigeonnage et autres aménagements de quelques salles de classes au Ceg d’Adjohoun
Plafonnage des bureaux et reconstruction d’une partie de la façade principale de la gendarmerie d’Adjohoun
• 6ème édition en janvier 2015 à Aguégués
Construction avec l’aide de l’association des parents d’élèves et d’une Ong, d’un module de classes et d’un bloc de laboratoire moderne avec magasin et bureaux au Ceg d’Avagbodji
• 7ème édition en janvier 2016 à Bonou
Construction d’un module de trois salles au Ceg Affamey
• 8ème édition en janvier 2017 à Dangbo (suspendue)
Construction d’un module de deux classes à Zounguè avec réfection d’autres salles de classes.
Qu’il s’agisse d’une seule ou plusieurs réalisations, leur financement par commune à chaque édition est dans l’ordre de douze (12) à vingt deux (22) millions de francs CFA.
A toutes ces infrastructures réalisées dans l’intervalle d’à peine sept (07) ans, s’ajoutent d’autres réalisations non moins importantes telles que :
 Les plaidoyers et lobbys auprès des différents ministères pour la promotion de certains cadres de la vallée et la construction d’infrastructures.
 Le soutien dès 2012 aux meilleures élèves filles admises premières au Cep dans chacune des quatre communes par l’allocation de bourses de formation en régime d’internat jusqu’à la fin de leur cursus secondaire
 Le soutien aux artistes dans le cadre de la promotion des valeurs culturelles
 L’appui aux sinistrés de la région principalement lors des grandes inondations de 2010
 La parution et la diffusion de trois magazines de Wémèxwé dont le dernier porte sur les actes du Forum sur le développement de Wémè.
La liste des réalisations n’est pas exhaustive mais permet d’avoir une idée des actions menées par la coordination avec le concours d’autres personnes de bonne volonté, des Organisations non gouvernementales (ONG) et autres partenaires techniques et financiers.

Josaphat DAH-BOLINON

Entretien avec Pierre Egléa, ancien Trésorier général de la coordination wémèxwé
« La gestion financière de l’association avait manqué de traçabilité »

La crise qui secoue l’association wémèxwé se repose sur deux piliers essentiels : La gestion financière et celle de la commande de tissu. Pierre Egléa, Trésorier général adjoint de l’association dévoile, dans cet entretien, les manières peu orthodoxes qui caractérise la gestion des fonds de wéméxwé.

Parlez-nous un peu de wémèxwé

C’est une association qui a connu une impulsion naturelle. Les wémènous avaient besoin effectivement de se retrouver pour être aussi forts pour ne pas dire très forts. Je suis l’un des précurseurs de cette fête. L’idée de la consécration est survenue, comme le coordonateur de l’association le dit toujours, lors d’une messe d’action de grâce en mémoire du père Adégnèmi, un grand homme catholique de la région wémè. C’est au regard de mes nombreuses actions et mon savoir-faire dans le domaine que j’ai été choisi, lors de l’assemblée générale constitutive tenue à Adjohoun, comme trésorier général adjoint de l’association wémèxwé.
Mais je vous avoue que depuis ce temps, je ne pu vous dire avec exactitude le format des factures pro forma. Vous me direz que je suis l’adjoint et que le titulaire devrait jouer ce rôle, mais lui aussi s’est toujours plaint à ce sujet. En bref, la gestion financière a été gérée avec une certaine opacité et mêmes nous qui sommes dans l’association, ne pouvons justifier fièrement les différentes factures liées à la commande de tissu de cette fête.

Etes-vous les seuls à être écarté de la gestion ?

Non. Je venais de vous dire que les membres de cette association ne pourront affirmer, sans risque de se tromper, la manière dont l’association a été gérée. Les textes étaient si clairs que l’adjoint ne pourra broncher tant que le titulaire est là, présent. Mais voilà que le titulaire même se plaint tout le temps et m’appelait au secours. Mais hélas !
Vous savez, l’activité de tissu est tellement importante que si elle était bien gérée, pourrait amener les wémènous à réaliser assez de choses en matière d’infrastructures sociocommunautaires. Ce qui pourrait impulser le développement de cette région. Et en le faisant, l’Etat central pourrait aussi accompagner l’initiative pour plus d’éclat dans les actions. Mais malheureusement, les bénéfices issus de cette vente et de ce commerce se partageaient au sein d’un groupuscule. En son temps, tous ceux qui pourraient constituer d’obstacle pour eux dans le partage de ce gain ont été écartés et sont considérés comme persona non grata. Ce qui fait que l’association ne s’est retrouvée qu’avec ce groupuscule qui s’accapare de tout au détriment de la vallée de l’Ouémé.

Comment expliquez-vous alors toutes les réalisations dans le cadre de cette fête ?

Vous parlez de réalisations ? Ces réalisations que vous évoquez si bien sont les fruits des cotisations que nous faisons chaque année. Chaque wémènou y contribue. D’abord, il y a la cotisation directement liée à l’achat du tissu wémèvo. Ensuite, il y la cotisation volontaire des cadres, personnalités et bonne volonté des fils et filles ressortissants ou non de la vallée de l’Ouémé. Enfin, il y a l’apport du pouvoir central et surtout des acteurs politique qui n’hésitent pas à accompagner l’initiative à leur manière.
Je vous le dis une fois encore, toute association doit avoir un plan comptable cohérent. Ceci permettra d’intéresser les bailleurs de fonds, si cette association arrive à avoir des ratios nécessaires. Mais malgré les démarches pour que l’association wémèxwé se dote de ce plan comptable, rien n’a été fait et la gestion est concentrée dans les mains d’une minorité qui en dispose à sa guise. On a vivoté pendant tout ce temps et les différentes cotisations ont été même embrouillées d’une certaine mesure. Tout se passait de telle sorte qu’ils donnaient l’impression à tout le peuple wémè qu’ils sont les seuls à être au four et au moulin pour enfin essorer le tissu déjà sec des wémnous.

Si ce n’est pas vous qui gérez, qui est responsable de cette gestion financière ?
C’est là toute la question. Au cours d’une séance de travail qui s’est tenue à Porto-Novo, j’étais parmi les membres qui ont proposé que la coordination se dote d’un secrétariat permanent de trois personnes pouvant s’occuper de la gestion courante de l’association. Un bureau composé d’un secrétaire, d’un comptable et d’un coordonateur, tous permanents mais qui agiront sous les ordres du bureau de l’association. Avec cette exigence, la coordination sera contrainte de se doter d’un siège permanent. Des gens étaient même prêts à payer le salaire de ces employés sur au moins un (01) an. Mais cette requête n’a pas été prise en compte jusqu’à ce jour. Puisque chacun des membres du Conseil d’Administration a ses activités, il sera difficile de combiner les deux gestions sans qu’il n’y ait un conflit d’intérêt.
Pour aussi la crédibilité de l’association, j’avais proposé, lors de cette même assise, un avis d’appel d’offres à chaque édition pour l’achat de tissu. Et ce sera le comité mis en place au niveau du secrétariat permanent qui devrait s’en charger. Mais l’idée qui a été applaudie ce jour là n’a jamais été mise en application. C’est le fait qu’ils aient décidé de s’accaparer de tout qui a créé la scission et le résultat, c’est ce que tout le monde constate aujourd’hui.

Vous parlez de la traçabilité des fonds. Qu’en est-il du compte bancaire de l’association ?
Je dois une fois encore vous avouer qu’on entend seulement qu’il y a un compte bancaire de l’association wémèxwé. Mais lorsqu’il s’agit de la vérification de ce compte, c’est à ce niveau que tout chamboule. A un moment, on avait demandé un audit de ce fonds par un cabinet d’expertise comptable. Mais, le flou qui y entoure n’a pas permis aux responsables de mener cette action pour la crédibilité et prouver leur honnêteté en la matière. A chaque fois, on nous signale tout simplement que le compte bancaire a été vérifié. C’est tout. Qui sont ceux qui l’ont fait ? Cette question est souvent sans réponse.

Insinuez-vous que le compte de l’association wémèxwé se soit mélangé à ceux des responsables de l’association ?
Je ne pourrai pas l’affirmer. Mais une chose est sûre, telle que les choses se sont déroulées jusqu’à présent, je puis vous affirmer que l’orthodoxie financière a déserté le forum. L’improvisation managériale a pris le pas sur ce qui, normalement, devrait être géré de façon rationnelle.
Je vous donne un exemple. Si la gestion a été faite comme cela se devait, on ne pourra pas avoir de dettes envers l’entrepreneur qui a travaillé dans le cadre des réalisations dans la commune des Aguégués. Aux dernières nouvelles, on a appris que l’association lui devait encore des millions alors même que les cotisations ont été au rendez-vous, le tissu a été bien vendu, les aides ont été aussi enregistrées. C’est juste un chaos total. S’il y avait un plan d’actions, un plan comptable, un cahier de charges bien défini et une traçabilité dans la gestion financière, on n’assisterait pas à ce fiasco. Tous ces mauvais pas m’ont conduit d’ailleurs à me retirer de cette association parce qu’au finish, rien ne tourne normalement.

Comment envisagez-vous l’avenir de cette fête ?

Je dois vous dire que wémèxwé ne doit jamais rentrer dans les ravins. C’est vrai qu’une crise de croissance a secoué l’association mais, il faudrait que la conscience gagne le forum pour que désormais, l’on n’assiste plus à des désordres qui puissent nous arracher ou nous priver de ces moments festifs qui nous permettent de nous retrouver et de communier entre nous. C’est un biberon et le développement de wémè en a vivement besoin.
C’est peut-être le moment pour nous de tamiser et de refaire certains choix pour un véritable développement de cette vallée de l’Ouémé, la deuxième la plus riche d’Afrique. Je me nourris d’espérance et je sais que les choses rentreront dans l’ordre dans un petit moment. Je vous remercie.

Propos recueillis par Josaphat DAH-BOLINON

Encadré :La vallée de l’Ouémé

La fête Wémèxwé doit son nom à la vallée de l’Ouémé, appelée « Wémè » en langue locale. Cette région est située à une vingtaine de kilomètres de Porto-Novo, capitale administrative du Bénin. Composée de quatre (04) communes (Dangbo, Aguégués, Adjohoun et Bonou), elle a une superficie de huit cent dix (810) km² et compte 278 816 habitants, selon le dernier recensement de la population. La langue principale est le « wémègbé ».
La région est traversée par le fleuve Ouémé qui prend sa source dans la chaîne de l’Atacora au nord-ouest du Bénin.
La Vallée de l’Ouémé située au Sud-est de la République du Bénin est un magnifique endroit, classé deuxième Vallée la plus riche au monde après le Nil. Ceci à cause de la richesse de son sol mais aussi grâce à son potentiel culturel, spirituel et touristique qui relève du pittoresque.
La Vallée de l’Ouémé couvre quatre communes à savoir : Dangbo, Adjohoun, Bonou, Aguégués.

Hydrographie et Relief

La Vallée de l’Ouémé est essentiellement arrosé par le fleuve Ouémé dénommé « Wogbo ». C’est le plus important et le plus long cours d’eau de la région et même de la République du Bénin. Sa plus grande influence dans la région par rapport à l’ensemble des autres régions traversées depuis le Nord du pays jusqu’au Sud, où il a établi la deuxième plus grande vallée du monde après celle du fleuve du Nil en Egypte, lui a permis de prendre le nom spécifique de la région de la Vallée (Wémè, francisé Ouémé) et d’imposer le même nom à l’ensemble du département du Sud-est devenu Département de l’Ouémé.
La région connaît également d’importants ruisseaux, canaux et une vallée moyenne constitué par un affluent du fleuve Ouémé dénommé fleuve Zou.
Elle comporte deux zones écologiquement différentes :
 La Base Vallée dite « Wogbo » située de part et d’autres le fleuve complètement inondée en périodes de haute eaux (période de crue allant de Juillet à Octobre). Dès la décrue, les terres très fertiles sont progressivement libérées ;
 Le Plateau ou hauteur de Vallée appelée « Aguédji » fait apercevoir à maints endroits en vue pittoresque l’aplomb toute la Base Vallée et même les villes de Cotonou, Calavi et autres offre ainsi une immense richesse touristique.

Végétation

Quelques forêts primaires s’observent partout. Sur le Plateau, la palmeraie naturelle est dense tandis que la Base Vallée est caractérisée par des forêts-galeries. On observe surtout des forêts sacrées qui constituent des patrimoines culturelles et spirituelles du peuple Wémè.

Potentiel culturel

Aux côtés des nombreuses manifestations culturelles traditionnelles de la Vallée de l’Ouémé, on peut citer notamment :
 La fête annuelle des Zangbéto (fétiches mouvants et masqués) qui se déroule en Janvier
 Le Wémè Xué, la fête annuelle de la culture Wémè qui se déroule en Décembre-Janvier, au cours de laquelle sont exhibés touts les atouts culturels de la région. C’est le lieu de rencontre et d’échange des filles et fils de la Vallée de l’Ouémé.

Potentiel touristique et lieux sacrés

 Palais Sacré Mâle de TOGBO HONSOU : Porte de Wémè
 Palais Royal AGON GNIHOUAN (Fondateur du Royaume de Wémè en 1590)
 Temple TOHOSSOU de la Place Sacrée
 Temples des ADJANOU
 Temple et Grand Sanctuaire ADANZO
 Temple HLAVODOUN
 Palais de leurs Majestés AGON HOUGNI et AGON TOYI
 Palais de Sa Majesté AGON AYATON
 Palais de sa Majesté AGON ALANSOU
 Palais de Sa Majesté AGON TOKPON
 Palais de Sa Majesté AGON HEELOU
 Palais de Sa Majesté AGON TOSSO
 Palais Officiel du Roi AGON en charge du Trône (14ème Roi AGON)
 Temple LOKO
 Marché historique DJEKPA
 Palais Royal AGAGNON à Ké
 Palais Sacré Femelle de TOGBO HONSOU : Cœur de Wémè
 Palais de Sa Majesté TOTIN, 16ème Roi Général de Wémè
 Palais de Sa Majesté HOUEZE, 17ème Roi Général de Wémè
 Palais Officiel du Roi Général en charge du Trône, 18ème Roi Général de Wémè
 Forêts Sacrées de Ké
 Forêts ORO
 Temple du Zangbéto TOHOUN-EDO
 Station d’Eau Minérale et Thermale de Hêtin Sota
 Palais de Sa Majesté HOUENON, 1er Roi Général de Wémè
 Palais Sacré de HOUETO
 Forêts Sacrée Bamè-Zoun
 Temple HEVIOSSO à Djigbé
 Palais Sacré de GBEKANDJI
 Palais du Zanhôlou à TOGBOTA et le fleuve mystique TOGBO
 Temple AGOSSI TONASSE à Afamè
 Palais Secondaire du Roi Général de Wémè
 Site de la Tombe du Commandant FAURAX à Afamè
 Temple Sacré de Gbéta.

N.B : Document réalisé avec le concours du Conseil des Familles Royales de Wémè (Vallée de l’Ouémé).

Ange Yvon HOUNKONNOU et Rachidi SALAOU
Président et Vice Président de la EF BENIN

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

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